
L'arrivée de Gebran Bassil au stade Michel el-Murr à Nahr el-Mott, au nord de Beyrouth, le 26 avril 2025. Photo tayyar.org
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a tenu samedi soir un discours virulent à l'encontre des réfugiés et migrants syriens au Liban ainsi que du Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), estimant que la présence continue au Liban des premiers et les politiques du second constituent une nouvelle « occupation » syrienne. M. Bassil s'exprimait à l'occasion d'une cérémonie célébrant le 20e anniversaire du retrait du dernier soldat syrien au Liban en 2005, après près de trente ans de présence. Le retrait syrien était intervenu un peu plus de deux mois après l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005 à Beyrouth, et sous une forte pression internationale.
Au cours de ce rassemblement populaire au stade Michel el-Murr à Nahr el-Mott, au nord de Beyrouth, le chef du CPL a estimé que seul son parti avait initialement résisté à la présence syrienne au Liban, mais que l'histoire du courant aouniste avait été « falsifiée » après que ce dernier avait « mis fin à son hostilité envers la Syrie après son retrait du Liban en 2005 ». Michel Aoun avait en effet rejoint, en 2006, le camp du 8 Mars, opposé à celui du 14 Mars qui militait pour le retrait syrien, en signant un accord avec le Hezbollah et en normalisant ses relations avec le régime Assad. « Nous avions toujours dit que nous serions contre la Syrie lorsqu'elle se trouvait au Liban, et avec elle lorsqu'elle en serait partie », a ajouté Gebran Bassil.
Une « nouvelle forme de tutelle »
Le député de Batroun a par ailleurs estimé que « le Liban fait aujourd'hui face à une nouvelle forme d'occupation qui doit être combattue en exigeant son retrait », à savoir la présence des réfugiés et migrants syriens. « Le Liban subit également une tutelle internationale par l’intermédiaire du HCR, qui décide qui doit partir ou rester » parmi les Syriens, a-t-il avancé, estimant que cela constitue une « nouvelle forme de tutelle ».
Le Liban accueille déjà, selon des estimations officielles, 1,5 million de Syriens, dont 755 426 enregistrés comme réfugiés auprès de l'ONU, qui ont fui la guerre civile dans leur pays depuis 2011. Le HCR et d'autres ONG viennent en aide à ces réfugiés en leur offrant différents types de services, ce qui est perçu par certains partis comme une « motivation » pour que ces migrants restent au Liban. La majorité des formations politiques au Liban pointent du doigt l'accueil des Syriens comme un des facteurs de la crise socio-économique qui continue de frapper le pays, et réclament des rapatriements. L'ONU et les associations de défense des droits humains continuent de s'opposer à tout départ qui ne soit pas « volontaire ». Par ailleurs, des milliers d'autres Syriens ont quitté le Liban après la chute du régime de Bachar el-Assad, mais ce nombre reste minoritaire, notamment en raison de l'insécurité qui continue de régner dans certaines régions de Syrie.
Retour « immédiat et inconditionnel »
Pour Gebran Bassil, le gouvernement libanais « continue d'accepter le concept de retour volontaire conditionnel, ce qui est une humiliation nationale ». La commission ministérielle chargée de suivre le dossier des réfugiés syriens avait appelé une nouvelle fois le 16 avril au « retour sûr et digne des personnes déplacées » en Syrie conformément à un plan préliminaire qu'elle est prête à discuter avec les autorités syriennes.
« Notre revendication est claire et ferme : un retour immédiat et inconditionnel de tous les déplacés syriens. De la même manière que nous avons libéré le Liban de l'occupation syrienne une première fois, nous le libérerons à nouveau de cette occupation déguisée en action humanitaire », a lancé le chef du CPL
Dénonçant une « atteinte à la souveraineté et l'identité du Liban », il a annoncé que le cœur de la « bataille » de la formation aouniste face aux migrants syriens se jouera dans les municipalités, dont les conseils doivent être renouvelés pour la première fois depuis neuf ans avec les élections prévues en mai. « Nous soutiendrons toute municipalité dont le programme vise à défendre l'existence des Libanais et leur subsistance, et qui empêchera les déplacés syriens de prendre le pain des Libanais », a-t-il déclaré.
"Le retrait syrien était intervenu un peu plus de deux mois après l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005 à Beyrouth, et sous une forte pression internationale" Oui...mais c'est Michel Aoun qui a, le premier, "secoué le clou" en 1989 en déclarant sa glorieuse "guerre de libération", qui a continué à être un "modèle de victoire" jusqu'au "Déluge" de Senwar et sa séquelle libanaise, "Isnad Ghazza"!
07 h 38, le 28 avril 2025