
Des membres du Croissant-Rouge palestinien et d'autres services de secours rendent hommage à leurs collègues tués par les forces israéliennes près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Photo d'archives Eyad Baba/AFP
La plupart des quinze secouristes tués le mois dernier par les forces israéliennes dans le sud de la bande de Gaza sont morts après avoir reçu des balles dans la tête ou à la poitrine. Sur les onze victimes présentant des blessures par balle, au moins six ont reçu des balles dans la poitrine ou le dos, et quatre dans la tête. La majorité d’entre eux a reçu plusieurs impacts, tandis que d’autres sont morts en raison de blessures liées notamment à des éclats d’obus. C’est ce qu'indiquent les rapports des autopsies conduites entre le 1er et le 5 avril par le Dr Ahmad Dhair, chef de l’unité de la médecine légale du ministère de la Santé à Gaza, et obtenus par le New York Times pour 14 des 15 victimes – à l'exception de l’employé de l’ONU. L’attaque israélienne du 23 mars dernier près de Rafah a visé plusieurs véhicules du Croissant-Rouge palestinien et de la Défense civile, ainsi qu’un des Nations unies. L’armée israélienne avait empêché l’accès à la zone des secouristes disparus pendant près d’une semaine.
Si Israël a reconnu avoir pris pour cible le convoi, il s’est défendu en expliquant avoir attaqué des véhicules suspects qui n’étaient pas identifiables. Or, selon une vidéo diffusée par le Croissant-Rouge palestinien issue du téléphone d’une des victimes, les gyrophares des ambulances et camions pompier étaient bien allumés avant que des tirs ne se fassent entendre pendant de longues minutes. Selon les rapports d’autopsie, les quatorze victimes examinées portaient en partie ou complètement leur uniforme doté de bandes réfléchissantes qui permettent de les voir dans la nuit. Les secouristes tués ont ensuite été enterrés avec leurs véhicules par des bulldozers dans ce que l’ONU a qualifié de « fosse commune ». Face au tollé international et aux accusations de crime de guerre, l’armée israélienne a déclaré qu’une enquête approfondie serait menée, après avoir affirmé que neuf d’entre eux étaient des combattants du Hamas et du Jihad islamique, avant de redescendre à six.
Selon les rapports d’autopsie, plusieurs corps étaient dépourvus de certains membres, une dépouille mortelle ayant ainsi été sectionnée à partir du bassin. L’état de décomposition partielle ou avancée des dépouilles a compliqué les examens légistes. Fin mars, après que les corps ont été récupéré, le Dr Ahmad Dhair avait déclaré au New York Times qu’une victime présentait des marques et des hématomes aux poignets, suggérant qu’elle avait eu les mains liées mais déclarant qu’il fallait une investigation plus poussée pour le confirmer. Les rapports d’autopsie consultés par le quotidien américain ne mentionnent pas de tels indices.
On se doutait bien qu'il n'étaient pas tués "par erreur". Sinon comment expliquer le temps qu'on a mis pour les découvrir? Quelle armée criminelle, à l'image de ses dirigeants en effet.
20 h 47, le 16 avril 2025