Le président intérimaire syrien Ahmad el-Chareh descend de l’avion à son arrivée à Amman, en Jordanie, le 26 février 2025. REUTERS/Alaa Al Sukhni // Photo d’archives.
L’Arabie saoudite prévoit de rembourser les dettes de la Syrie envers la Banque mondiale, ont déclaré trois sources proches du dossier à l'agence Reuters, ouvrant la voie à l’approbation de millions de dollars de subventions destinées à la reconstruction et au soutien du secteur public paralysé du pays.
Ces plans, qui n’avaient pas été rapportés auparavant, constitueraient la première initiative connue de financement saoudien à destination de la Syrie depuis que les rebelles ont renversé l’ancien dirigeant Bachar el-Assad l’année dernière. Cela pourrait également indiquer que le soutien crucial des pays du Golfe à la Syrie commence à se concrétiser, après que des projets antérieurs, notamment une initiative du Qatar visant à financer les salaires, ont été retardés en raison des incertitudes liées aux sanctions américaines. Le mois dernier, le Qatar avait annoncé un plan visant à fournir du gaz à la Syrie via la Jordanie pour améliorer la maigre fourniture d’électricité du pays- une initiative qui, selon des sources de Reuters, aurait reçu l’aval de Washington.
Électricité et salaires des fonctionnaires syriens
Un porte-parole du ministère saoudien des Finances a déclaré à Reuters : « Nous ne commentons pas les spéculations, mais faisons des annonces lorsqu’elles deviennent officielles ». Le bureau média du gouvernement saoudien, un porte-parole de la Banque mondiale et un responsable du gouvernement syrien n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.
La Syrie doit environ 15 millions de dollars d’arriérés à la Banque mondiale, somme qui doit être réglée avant que l’institution financière internationale puisse approuver des subventions ou fournir d’autres formes d’assistance. Mais Damas manque de devises étrangères, et un précédent projet de règlement de cette dette en utilisant des actifs gelés à l’étranger n’a pas abouti, selon deux sources proches du dossier.
Des responsables de la Banque mondiale ont discuté de la possibilité d’un financement pour reconstruire le réseau électrique du pays, gravement endommagé par des années de guerre, ainsi que pour soutenir le versement des salaires dans le secteur public, ont indiqué deux des sources.
Reuters a rapporté samedi que la Syrie enverra une délégation de haut niveau à Washington pour les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale plus tard ce mois-ci, marquant la première visite de responsables syriens aux États-Unis depuis la chute d’Assad. On ignore si cette délégation syrienne rencontrera des responsables américains.
Exemption partielle des sanctions
Les sanctions sévères imposées par les États-Unis durant le régime d'Assad restent en place. En janvier, Washington a adopté une exemption partielle de six mois pour certaines sanctions afin d’encourager l’aide humanitaire, mesure qui a eu un effet limité. Le mois dernier, les États-Unis ont fourni à la Syrie une liste de conditions à remplir en échange d’un allègement partiel des sanctions, mais l’administration du président Donald Trump ne s’est pas autrement engagée de manière significative avec les nouveaux dirigeants du pays.
Cela s’explique en partie par des divergences de vues à Washington sur la manière d’aborder le dossier syrien. Certains responsables de la Maison Blanche souhaitent adopter une ligne plus dure, invoquant les liens passés de la nouvelle direction syrienne avec el-Qaëda comme motif de maintenir un engagement minimal, selon des diplomates et des sources américaines.
Cet article est une traduction par L'Orient-Le Jour d'un article paru initialement en anglais de l'agence Reuters.