Le Premier ministre libanais Nawaf Salam et le président syrien Ahmad el-Chareh, à Damas, le 14 avril 2025. Photo X / @grandserail
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'est rendu lundi à Damas où il s'est entretenu avec le nouveau dirigeant syrien Ahmad el-Chareh, en présence des ministres libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, de la Défense, Michel Menassa et de l'Intérieur, Ahmad Hajjar, pour discuter des relations renouvelées entre les deux pays voisins. La visite a débuté par une réunion élargie entre les délégations syrienne et libanaise, suivie d’un déjeuner officiel, puis d’un entretien privé entre MM. el-Chareh et Salam qui a duré plus de trente minutes.
« Ma visite aujourd’hui à Damas a pour objectif d’ouvrir une nouvelle page dans le parcours des relations entre les deux pays, sur la base du respect mutuel, de la restauration de la confiance, du bon voisinage, de la préservation de la souveraineté de nos deux États, et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’un et de l’autre » a commenté Nawaf Salam sur son compte X après la réunion.
Le bureau de presse du ministre des Affaires étrangères a fait part dans un communiqué de « discussions (...) positives et constructives ».
Il s'agit de la première visite de membres du nouveau gouvernement libanais, formé en février, à Damas où une coalition islamiste a pris le pouvoir en décembre, mettant fin à cinq décennies de règne du clan Assad. En janvier, le prédécesseur de M. Salam, Nagib Mikati, s'était rendu en Syrie pour rencontrer Ahmad el-Chareh, qui avait promis que son pays n'exercerait plus « une influence négative » au Liban. La Syrie sous les Assad avait exercé une tutelle sur le Liban pendant des décennies et a été accusé de l'assassinat de nombreux responsables libanais.
« Parvenir à la délimitation des frontières »
Concernant le dossier attendu de la délimitation de la frontière entre les deux pays, longue de 330 km et poreuse, la rendant propice à la contrebande, Nawaf Salam a expliqué avoir discuté de « l’objectif de parvenir à la délimitation des frontières terrestres et maritimes, un processus amorcé lors de la rencontre de Djeddah entre les ministres de la Défense des deux pays, sous le patronage apprécié du royaume d’Arabie saoudite ».
Le 28 mars, les ministres libanais et syrien de la Défense avaient conclu un accord de principe en Arabie saoudite pour sécuriser leur frontière commune, où des affrontements avaient fait dix morts mi-mars.
« Le retour sûr et digne des réfugiés syriens »
« Il a également été question de faciliter le retour sûr et digne des réfugiés syriens vers leurs terres et leurs foyers, avec l’aide des Nations Unies, ainsi que des pays frères et amis » a souligné le Premier ministre. Le Liban accueille 1.5 million de personnes ayant fui la guerre civile qui a éclaté en Syrie en 2011, selon des estimations officielles. Selon nos informations, une commission ministérielle devrait être formée pour traiter cette question et le Liban, qui a déjà mis en place une commission présidée par le vice-Premier ministre Tarek Mitri, a élaboré un plan rapidement exécutable pour assurer le retour de 400 000 Syriens.
Comme attendu, Nawaf Salam a « abordé le sort des Libanais disparus et détenus en Syrie ». Il a précisé avoir fait la demande « aux autorités syriennes d’aider à l’extradition des personnes recherchées par la justice libanaise, notamment dans l’affaire des attentats contre les mosquées al-Taqwa et al-Salam à Tripoli, celle du condamné pour l’assassinat du président Bachir Gemayel, ainsi que dans d’autres crimes imputés au régime Assad », précisant également dans le communiqué avoir « évoqué le dossier des détenus syriens dans les prisons libanaises ».
Sur le plan économique, Nawaf Salam a fait état d'un dialogue sur « l’ouverture de lignes commerciales et de transit, de l’approvisionnement en pétrole et en gaz, ainsi que de l’état des lignes d’aviation civile ».
Une diplomatie renouvelée
Nawaf Salam a également fait état de discussions sur la « question des accords entre les deux pays, qui devraient être réexaminés, y compris celui relatif au Conseil supérieur libano-syrien ». Pendant les dernières décennies, les deux pays n'ont pas eu l'occasion de résoudre leurs différends par une véritable diplomatie. Pendant les années de la tutelle syrienne (1990-2005), celle-ci contrôlait la politique libanaise via le Haut Conseil de coopération libano-syrien.
Un accord a également été trouvé pour la formation d’un comité ministériel composé des ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, « chargé de suivre l’ensemble des dossiers d’intérêt commun », tandis que d’autres dossiers seront approfondis par les ministères de l’Économie, des Travaux publics et des Transports, des Affaires sociales et de l’Énergie, rapporte le bureau de presse du Grand Sérail.
Le bureau de presse du Grand Sérail souligne enfin l’accent mis dans les discussions sur « l’importance de préserver l’unité de la Syrie et de lever les sanctions qui la frappent, afin de permettre la relance de l’économie syrienne, d’ouvrir la voie aux investissements et à la reconstruction, ce qui profiterait également au Liban, notamment en ce qui concerne le retour des réfugiés, la facilitation des exportations libanaises par voie terrestre, et l’approvisionnement en énergie ».
Cette visite devrait ouvrir la voie à d’autres déplacements de ministres libanais en Syrie pour discuter des dossiers communs. Nawaf Salam a, pour sa part, invité Ahmad el-Chareh et le ministre des Affaires étrangères syrien, Assaad Hassan el-Chibani, à se rendre au Liban, selon le bureau de presse du gouvernement.
Il ne reste plus à Chareh qu'à ouvrir les archives des moukhabarats. On tombera des nues en découvrant les noms de nos véritables martyrs, assassinés célèbres ou anonymes qui ont hanté ces 50 années de descente aux enfers, et de leurs zelés et sordides commanditaires si promptement sortis des écrans radars après la chute. Justice pour Nos martyrs.
23 h 02, le 14 avril 2025