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Nos Lecteurs ont la Parole

Un nouveau Yalta...

Il y a un peu plus de trois ans, je publiais dans le quotidien an-Nahar un article intitulé « Vers un nouveau Yalta et toujours sans aucune vision nationale commune » dans lequel je pressentais que la solution de la situation conflictuelle dans la région semblait s’orienter vers un nouveau dispositif Yalta. Les accords de Yalta, et plus exactement ceux préfigurés à Moscou, visaient contrairement à la procédure de MM. Sykes et Picot non pas de délimiter des zones d’influence exclusive (hormis le cas de l’Allemagne), mais au contraire de prévoir des zones d’influence partagée avec des pourcentages différenciés et prédominance de l’un ou l’autre des deux camps vainqueurs suivant les pays.

L’imbrication des intérêts dans notre région et la complexité des enjeux pour tous les intervenants rendent cette approche de plus en plus vraisemblable.

À la question de définir sa vision de la région à 20 ans, l’un des plus fins connaisseurs de la politique américaine et occidentale précisait, en 2001, qu’il ne voyait que trois influences régionales, à savoir, la Turquie, l’Iran et Israël. Il reste clair que la puissance mondiale prédominante restait les États-Unis.

Cette réponse me revint en force à la vision de la carte présentée à la télévision par un dirigeant israélien, montrant les zones d’influence respectives qu’il prévoyait pour la Syrie entre Israël et la Turquie avec les USA en chapeau. Nulle mention d’une quelconque influence arabe si ce n’est un petit réduit laissé au courant islamiste loin de représenter le monde arabe. Ainsi le « cœur battant de l’arabité », la capitale des Ommeyades, se retrouve dépecée et donc évacuée de l’histoire.

Le poids de l’Iran reste à ce jour incertain, fonction de l’évolution des contacts compliqués que ses dirigeants entretiennent avec l’administration américaine, qui, par ailleurs a réussi à contenir, la guerre d’Ukraine aidant, la Russie post-soviétique.

Dans ce contexte, une seule constante pour le Liban, mais aussi pour le monde arabe : la division.

Alors que la première condition pour éviter que les accords se fassent à leur détriment et au nôtre reste une unité de vision et une solidarité nationale et interne, nous voilà présentant l’aspect le plus inédit de nos divisions verticales et horizontales tant nationales qu’arabes.

Spectacle désolant où chaque groupe cherchant à marquer des victoires sur ses concurrents, que ce soit en interne ou au niveau régional, va se porter le chantre des positions des grands qui se disputent la prééminence, sans se douter que ces positions consacrent la fin de son rôle.

Quelle que soit l’idée qu’on se fait de la Syrie et/ou de son régime passé ou futur, sa disparition représente une perte considérable pour la cause arabe, pour l’histoire des premiers chrétiens et pour l’ensemble de l’histoire de l’empire musulman. S’en réjouir au nom de la vindicte contre l’ancien régime est pure étroitesse de vue et ne fait que consolider la sortie de l’histoire future du monde arabe. Il en va de même de la division interlibanaise, quelle que soit l’animosité existante entre les factions internes et les blessures encore saignantes des années de guerre, ou de la tutelle syrienne, ou plus récemment des confrontations subies avec Israël.

Faut-il rappeler l’importance de l’axe franco-allemand juste après la fin de la guerre soldant près de 80 ans de guerres meurtrières. Il est vrai qu’il y avait alors des géants qui s’appelaient de Gaulle et Adenauer qui ont su regarder au-delà des cicatrices fumantes et préfigurer un avenir salvateur. Pourtant à défaut de géants, nous ne manquons pas d’hommes de caractère et de visionnaires.

Pour le Liban, l’étroite porte de salut passe par l’unité autour du président de la République.

Ibrahim HANNA-EL-DAHER

Ancien ministre

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Il y a un peu plus de trois ans, je publiais dans le quotidien an-Nahar un article intitulé « Vers un nouveau Yalta et toujours sans aucune vision nationale commune » dans lequel je pressentais que la solution de la situation conflictuelle dans la région semblait s’orienter vers un nouveau dispositif Yalta. Les accords de Yalta, et plus exactement ceux préfigurés à Moscou, visaient contrairement à la procédure de MM. Sykes et Picot non pas de délimiter des zones d’influence exclusive (hormis le cas de l’Allemagne), mais au contraire de prévoir des zones d’influence partagée avec des pourcentages différenciés et prédominance de l’un ou l’autre des deux camps vainqueurs suivant les pays. L’imbrication des intérêts dans notre région et la complexité des enjeux pour tous les intervenants rendent cette...
commentaires (1)

Excellent article. Merci.

Raed Habib

06 h 17, le 15 avril 2025

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Commentaires (1)

  • Excellent article. Merci.

    Raed Habib

    06 h 17, le 15 avril 2025

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