À l’occasion des cinquante ans de la guerre civile libanaise, L’Orient-Le Jour vous fait découvrir les témoignages de ceux qui l’ont vécue, subie, observée de près. Ceux qui ont aimé, ri et grandi avec. Ceux aussi qui ont pris les armes dans un camp ou dans un autre. À travers ces histoires racontées à la première personne, le récit intime de quinze ans d’un conflit qui marquera des générations de Libanais par sa violence. Une mémoire souvent méprisée par crainte, sans doute, que l’étincelle ne jaillisse à nouveau.
Il est à noter que les propos exprimés dans cette série ne reflètent pas la position de L’Orient-Le Jour et n’ont pas vocation à fournir un récit historique infaillible. Nous avons tenu à ce que les personnes sollicitées livrent leur vision et leur ressenti subjectifs, avec la violence qu’ils comportent.
Dans ce nouvel épisode, nous souhaitons faire entendre ceux dont la voix s’est tue. Au Liban, plus de 17 000 personnes auraient disparu pendant la guerre civile, arrachés à leur milieu familial et social. Pour que leurs noms et leurs histoires ne sombrent pas dans l’oubli, l’ONG Act for the Disappeared a lancé en 2016 une plateforme interactif intitulée « Fus'hat amal » où sont recueillis ces fragments de récits personnels, dans le but de « restaurer leur identité et de leur restituer leur juste place dans la société ». Dans ce cadre, nous avions également lancé une série de témoignages fictifs, écrits à la première personne sur la base de faits réels, comme si ces femmes et ces hommes pouvaient, aujourd’hui, raconter le moment où leur vie a basculé. Puissent ces récits raviver leur présence et inscrire leur absence dans la mémoire collective.
Les dernières 50 années sont parsemées de drames dans toutes les familles, dans tous les villages du Liban. En 1978, mes parents ont fait le pas de quitter, en nous emmenant en France. Nous avions 16, 17 et 18 ans. Nous étions furieux! Comment pouvaient-ils nous faire abandonner notre pays, nos amis? Nous avions l'impression qu'ils nous avaient forcé à déserter. Bien plus tard, nous avons compris que l'esprit de préservation de mes parents nous avait probablement sauvé la vie, et certainement donné une opportunité de vivre et donner à nos propres enfants un avenir meilleur. Allah yerHamon!
04 h 10, le 08 mai 2025