Critiques littéraires Jeunesse

Du 9 pour Lucrèce

Du 9 pour Lucrèce

Lucrèce. Un nom issu de l’Antiquité, pour une héroïne jeunesse on ne peut plus contemporaine. Et déjà un neuvième volume de ce Monde de Lucrèce, toujours dans la maquette fraîche et identifiable que lui ont concoctée les éditions Gallimard Jeunesse, qui continue d’installer cette série comme un rendez-vous régulier auquel on s’attache.

Lucrèce est une jeune collégienne et ses histoires, racontées à la première personne, se déroulent durant son année de sixième. Chaque livre compile une dizaine de récits, sous la plume d’Anne Goscinny et les pinceaux de Catel.

Les individualités qui entourent Lucrèce dans son cercle familial ou amical apportent, selon les tempéraments de chacun, une perspective teintée de tendresse ou de drôlerie aux événements du quotidien qu’elle partage. Sa grand-mère en particulier pousse Lucrèce à poser un regard plein de liberté et d’audace sur ce qui lui arrive.

Dans ce neuvième volume, l’événement principal qui irrigue la plupart des histoires est un projet de voyage scolaire à Londres. La préparation (les parents à convaincre), les lettres envoyées aux correspondants, le voyage qui paraît bien trop court, le retour : Lucrèce passe le temps de ce premier voyage outre-Manche par une panoplie de sentiments mouvants.

Car l’écriture d’Anne Goscinny est d’abord une écriture des sentiments. Je m’étais promis, en écrivant ces lignes, de ne pas forcer la comparaison avec Le Petit Nicolas, l’autre série de l’enfance, racontée à la première personne et signée Goscinny (René, père d’Anne et géant du scénario de bande dessinée, d’Astérix à Lucky Luke en passant par Iznogoud). Mais puisque ce neuvième volume de Lucrèce fait directement référence à ce « grand frère », je me le permets, pour tenter de mettre des mots qui distinguent les deux séries autant qu’ils les rassemblent. Si l’écriture du Petit Nicolas fonctionne sur une mécanique de l’humour, saupoudrée de sentiments, l’écriture du Monde de Lucrèce fonctionne sur une mécanique des sentiments, saupoudrée d’humour. Les ingrédients de la potion magique sont les mêmes, mais chacun choisit ce qui sera la base et ce qui sera l’accompagnement.

Les dessins de Catel se situent dans le même registre affectif : frais, centrés sur les expressions et attitudes des personnages plutôt que cherchant à trop en raconter, ils donnent corps, avec un attachement palpable, à cette comédie de l’entrée en adolescence.

Qu’une série comme celle-là soit pérenne, vive et se déploie dans la durée, est une chance : au-delà du rendez-vous donné au lecteur à intervalles réguliers, cela installe également le personnage comme un alter-ego de ses autrices. Le dernier récit de ce neuvième volume, dont on ne dévoilera pas ici le contenu, en dit d’ailleurs long à ce sujet.

Une autre lecture conseillée, proposée par les deux mêmes autrices : Le Roman des Goscinny (éditions Grasset, 2019), une bande dessinée qui retrace l’histoire familiale de René Goscinny, à travers le regard d’Anne, et dont un second volume est annoncé.


Le Monde de Lucrèce, tome 9 d’Anne Goscinny et Catel, Éditions Gallimard Jeunesse, 2024, 208 p.


Lucrèce. Un nom issu de l’Antiquité, pour une héroïne jeunesse on ne peut plus contemporaine. Et déjà un neuvième volume de ce Monde de Lucrèce, toujours dans la maquette fraîche et identifiable que lui ont concoctée les éditions Gallimard Jeunesse, qui continue d’installer cette série comme un rendez-vous régulier auquel on s’attache.Lucrèce est une jeune collégienne et ses histoires, racontées à la première personne, se déroulent durant son année de sixième. Chaque livre compile une dizaine de récits, sous la plume d’Anne Goscinny et les pinceaux de Catel.Les individualités qui entourent Lucrèce dans son cercle familial ou amical apportent, selon les tempéraments de chacun, une perspective teintée de tendresse ou de drôlerie aux événements du quotidien qu’elle partage. Sa grand-mère en...
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