Le brillant docteur Nicolas Kassatly était une référence, durant plus d’un demi-siècle à l’hôpital Saint-Georges des grecs-orthodoxes, devenu au fil du temps et des générations une légende. Il aidait à donner la vie. C’était sa vocation et il s’y adonnait totalement, avec générosité, bonté et bonheur. C’était lui qui le premier accueillait dans ses mains expertes et chaleureuses l’enfant à naître. La promesse de vie et le miracle qui se renouvellent comme au premier jour, à chaque fois. L’instant précis, où un nouvel être humain vient au monde et pousse son premier cri. Mais au-delà de son savoir, de son expérience et de son habileté, c’était surtout un homme d’ouverture, de convivialité et de raffinement.

J’ai eu le privilège de le côtoyer régulièrement, durant presque quatre décennies, dans un cadre social et familial proche et d’apprécier son humour, sa finesse, la pertinence de son jugement et sa liberté d’opinion. Il était positivement critique et non conformiste tout en étant fidèle aux institutions et aux traditions qu’il avait intériorisées et qu’il transmettait avec humanisme et sans aucun sectarisme. C’était un homme éclairé, un « Kalos Kai Kagathos » dans la tradition classique et philosophique de la Grèce antique (« le fait pour un être humain d’être à la hauteur »), un honnête homme (« idéal moral du XVIIe siècle européen ») dans tous les sens du terme. Il incarnait des valeurs culturelles solides et indéniables et faisait partie de cette génération, qui portait une image du Liban, fière et authentique : celle de l’excellence, de l’enthousiasme et de l’engagement. Il est aujourd’hui dans la lumière du Seigneur, ayant accompli un parcours terrestre vigoureux, humble et exemplaire.