Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

Ni nouveau front de soutien ni guerre élargie

Avec la reprise des combats à Gaza, les bombardements intensifs américains contre le Yémen et les appréhensions en Irak sur l’éclatement d’incidents pour affaiblir al-Hachd al-Chaabi (pro-iranien), sans parler des menaces de frappes contre l’Iran, il est de nouveau question d’une reprise de la guerre au Liban. La crainte d’un tel scénario repose sur deux possibilités : que le Hezbollah se sente mis au pied du mur et contraint à ouvrir de nouveau un front de soutien aux différents membres de « l’axe de la résistance ». Ou que les Israéliens, soutenus par les Américains, décident d’en finir avec le Hezbollah en profitant de son affaiblissement et du fait que toute la région est actuellement en plein bouleversement. D’autant que personne ne semble prêt à s’opposer concrètement à un tel plan.

De là à dire que la reprise de la guerre au Liban serait inéluctable ? Les milieux diplomatiques et politiques s’emploient actuellement à étudier toutes les données pour essayer de répondre à cette question, mais jusqu’à présent, la tendance générale est de croire qu’il y a peu de risques que la guerre reprenne.

D’abord, il apparaît que le Hezbollah ne semble pas du tout prêt pour cela. Ses priorités sont actuellement connues et elles tournent autour de la reconstruction et de la nécessité d’aider sa base populaire qui a beaucoup souffert de l’ouverture du front de soutien d’abord puis de la guerre de 66 jours à partir de la fin du mois de septembre 2024. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si dans l’interview que le nouveau secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem a récemment accordée à la chaîne al-Manar, il a déclaré : « Le sayyed l’avait dit avant moi, nous ne voulions pas cette guerre, dès le départ. » Autrement dit, lorsque le Hezbollah a décidé de l’ouverture du front de soutien à Gaza, le 8 octobre 2023, en commençant par une opération dans le secteur des fermes de Chebaa, il voulait en quelque sorte en faire le moins possible. Il a sciemment choisi d’agir dans cette zone pour que cela ne soit pas perçu comme une attaque contre les Israéliens et comme une violation du statu quo en vigueur. D’ailleurs, le Hezbollah avait tenu à appeler cette démarche « l’ouverture d’un front de soutien », non d’une bataille de soutien, pour bien montrer qu’il ne voulait pas aller plus loin. Pourquoi le voudrait-il donc aujourd’hui, alors que sa situation est nettement moins bonne et que ses priorités sont dans sa réorganisation ? Il préfère se consacrer à reprendre son souffle et à s’occuper de sa base, plutôt que de reprendre les combats, et c’est pourquoi il ne cesse d’affirmer qu’il veut désormais donner une chance à l’État et aux voies diplomatiques.

De plus, le Hezbollah est convaincu que les Israéliens multiplient les provocations au Sud et ailleurs, notamment dans la Békaa, pour le pousser justement à réagir et avoir ainsi une bonne raison de déclencher une nouvelle guerre, profitant en même temps de l’appui de l’administration américaine. Par conséquent, il n’a nullement l’intention de faire le jeu israélien. D’ailleurs, jusqu’à présent, même lorsque les Israéliens l’accusent de violer l’accord, les membres de la commission de surveillance ne sont pas en train d’abonder dans ce sens. Ce qui montre bien, aux yeux du Hezbollah, que les Américains et les Français, ainsi que la Finul, savent bien qui est en train de violer l’accord, même s’ils ne le disent pas clairement.

Reste la seconde possibilité, celle où les Israéliens déclencheraient la guerre, en profitant du désordre régional actuel pour en finir une fois pour toutes avec le Hezbollah, au moment où tous les autres membres de « l’axe de la résistance » sont soumis à de fortes pressions.

Même si elle peut paraître convaincante, cette possibilité ne semble pas non plus envisagée pour l’instant. D’abord, parce que la situation actuelle convient aux Israéliens qui continuent de frapper là où ils le veulent, détruisant les villages sous prétexte qu’ils abritent des dépôts ou des installations du Hezbollah et tuant ceux qu’ils considèrent comme des responsables de cette formation, là où ils arrivent à les atteindre. De plus, la situation actuelle affaiblit l’État libanais qui se retrouve d’une certaine façon les mains liées. Il est incapable d’imposer la logique de l’État face aux violations israéliennes. En même temps, cette situation augmente les divisions internes entre les Libanais, en créant une sorte de pourrissement qui ravive les tensions et entrave la relance des institutions étatiques. Car si de nombreuses parties arabes et internationales souhaitent réellement une dynamisation des institutions de l’État, les Israéliens, eux, semblent préférer que l’État reste faible, tant qu’ils ne sont pas sûrs de sa position à leur égard. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les Israéliens pourraient préférer, selon des sources diplomatiques occidentales, un Liban en proie à des tiraillements et à des troubles internes, à la possibilité de normaliser les relations officiellement sans que cela se traduise concrètement.

Des sources proches du Hezbollah laissent toutefois entendre que si cette formation est acculée et qu’elle doit choisir entre les affrontements internes et la guerre contre Israël, elle choisira forcément le second scénario. Mais, à ce stade, rien n’indique que les choses vont dans ce sens.

Avec la reprise des combats à Gaza, les bombardements intensifs américains contre le Yémen et les appréhensions en Irak sur l’éclatement d’incidents pour affaiblir al-Hachd al-Chaabi (pro-iranien), sans parler des menaces de frappes contre l’Iran, il est de nouveau question d’une reprise de la guerre au Liban. La crainte d’un tel scénario repose sur deux possibilités : que le Hezbollah se sente mis au pied du mur et contraint à ouvrir de nouveau un front de soutien aux différents membres de « l’axe de la résistance ». Ou que les Israéliens, soutenus par les Américains, décident d’en finir avec le Hezbollah en profitant de son affaiblissement et du fait que toute la région est actuellement en plein bouleversement. D’autant que personne ne semble prêt à s’opposer concrètement à un tel...
commentaires (2)

Merci Mme Scarlet, porte parole officielle du Hezbollah, qui realise une belle prouesse sur comment faire d'un demon un petit enfant de coeur, inoffensive, recherchant la paix et le bonheur des libanais

Aboumatta

17 h 19, le 23 mars 2025

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Merci Mme Scarlet, porte parole officielle du Hezbollah, qui realise une belle prouesse sur comment faire d'un demon un petit enfant de coeur, inoffensive, recherchant la paix et le bonheur des libanais

    Aboumatta

    17 h 19, le 23 mars 2025

  • Le hezbollah s’est planté sur tous les tableaux. Il a bêtement cru que ce criminel de Natanyahu allait le laisser faire. Dire que nasrallah ne voulait pas de cette guerre est une aberration. Il menaçait nuit et jour l’ennemi et le défiait ouvertement…pour soutenir le Hamas de Gaza et pas du tout pour protéger le Liban. La grande majorité des Libanais était contre la guerre, mais pour la milice les ordres de l’Iran ne se discutent pas. Dire que ce hezb de malheur peut reprendre la guerre est une utopique fanfaronnade. La page est tournée et son rôle n’est plus à la mode.

    Goraieb Nada

    08 h 49, le 22 mars 2025

Retour en haut