
Notre correspondante dans la Békaa Sarah Abdallah avec ses enfants. Photo DR
Enceinte pendant la guerre et déjà mère de deux petites filles, j’ai traversé des mois de pression psychologique constante, marqués par la peur, l’angoisse et une tension omniprésente, ainsi qu’un profond sentiment d’insécurité.
Cette situation a également engendré des difficultés à suivre une alimentation saine et équilibrée. J’ai perdu l’appétit et du poids et je ne prenais plus régulièrement les compléments alimentaires prescrits pour les femmes enceintes comme je l’avais fait lors de mes grossesses précédentes. À tel point qu’au huitième mois, mon médecin a commencé à craindre un accouchement prématuré ou une fausse couche.
Je continuais à exercer mon métier de journaliste de guerre, tout en étant entourée du bruit incessant des drones et des avions de chasse. J’ai également vécu un conflit intérieur, partagée entre mes responsabilités professionnelles et mon rôle de mère. Je ressentais de la culpabilité à la fois envers l’enfant que je portais et dans ma vie professionnelle, car je n’arrivais plus à exercer mon travail avec la même passion.
Lorsque la Békaa a commencé à subir les bombardements, j’ai quitté Qalia, mon village dans la Békaa-Ouest, où de nombreuses habitations ont été touchées. L’idée de perdre la maison que mon mari et moi avons construite avec tant d’efforts m’angoissait. Nous avons déménagé dans un petit appartement à Qelya, dans la Békaa, chez mes parents, car la région semblait plus sûre. Nous y vivons toujours et mes filles ont intégré une école dans cette ville, où la trêve est intermittente. Les frappes israéliennes se poursuivent, et je refuse de les exposer au danger.
J’ai tenté de protéger mes filles du stress et des informations anxiogènes, ce qui n’est pas facile, étant donné que leur père et moi travaillons tous les deux dans le journalisme. Dans notre appartement de Zahlé, nous partageons tous le même espace lorsque nous travaillons, ce qui fait que les petites sont exposées au flot de nouvelles. Au village, nous avions plus d’espace pour elles, ce qui permettait de mieux les préserver. En raison de la guerre, elles ont été affectées par les informations et le bouleversement de leur quotidien, puisqu’elles étaient privées de sorties et de loisirs comme elles en avaient l’habitude.
J'ai admiration pour le courage avec lequel vous combinez être mère et être journaliste dans des conditions difficiles.
19 h 46, le 23 mars 2025