
L'ex ministre libanais de l'Économie, Amine Salam. Photo d'archives Dalati & Nohra
La justice libanaise a interdit jeudi soir à Amine Salam de quitter le territoire, suite au dépôt d'une demande d'ouverture d'une information judiciaire visant l'ex-ministre de l'Économie auprès du parquet de Cassation par des membres de la commission parlementaire de l'Économie, ont respectivement confirmé à L'Orient-Le Jour une source judiciaire et le député Razi el-Hage (Forces libanaises). Le parquet de cassation n'était pas immédiatement disponible pour commenter.
Selon la source judiciaire, le procureur général de la République, Jamal Hajjar, doit transférer la demande des députés au parquet financier, qui n'a encore rien reçu. Joint par notre publication, le porte-parole de l'ancien ministre Amine Salam n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat, ajoutant que celui-ci s'exprimerait bientôt par voie de communiqué.
Accusations d'extorsion
Le signalement déposé devant le parquet au nom du député Farid Boustani, chef de la commission de l’Économie, cible M. Salam ainsi que son frère et conseiller Karim Salam, un autre conseiller et le chef du syndicat des experts-comptables, Elie Abboud, pour « détournement de fonds, extorsion de fonds et gaspillage de l'argent public ».
Si la source judiciaire précitée n'a pas pu consulter le dossier, un article publié le 20 mars par le média libanais al-Modon indique que cette démarche contre le ministre Salam et l'un de ses conseillers serait en partie liée à un dossier déjà à l'étude auprès du parquet financier concernant l'implication présumée de son frère et d'un de ses conseillers dans une affaire d'abus de pouvoir et extorsions visant des compagnies d'assurance. Dans ce cadre, le conseiller concerné avait déjà été arrêté et ses comptes et ceux de Karim Salam avaient été bloqués en 2023. En juillet 2024, le ministre Salam avait dénoncé des accusations « d'extorsion » lancées contre son frère et « une attaque contre le ministère de l'Économie ». Al-Modon précise que les députés ont demandé l'ouverture d'une nouvelle enquête sur Amine Salam après que ce dernier a refusé de se présenter devant la justice dans cette affaire.
Le média libanais indique par ailleurs que la demande d’enquête de la commission commission porte plus généralement sur des soupçons de mauvaise gestion du ministère par M. Salam.
Une source proche de l'ancien ministre a assuré à notre publication que l'équipe de défense prendra « toutes les mesures nécessaires pour garantir un procès équitable ». Elle a également confirmé qu'Amine Salam se présentera « personnellement » devant le procureur de la République pour « rejeter fermement les accusations portées contre lui », qu'il s'agisse des accusations dans l'affaire des assurances ou de celles concernant le gaspillage des fonds publics. M. Salam va « clamer son innocence face à tous les chefs d'inculpation, et laisser la justice clarifier les faits », selon cette source.
Pourquoi le parquet financier n'a pas encore pu élargir l'enquête sur Karim Salam ?
Depuis 2024, le dossier concernant Karim Salam est sur le bureau du parquet financier. Toutefois, ce dernier n'a pas pu élargir l'enquête, comme il le souhaitait, sur le frère de l'ex-ministre, en raison d'un retard dans l'envoi de données liées à ces comptes par la Commission spéciale d’investigation (CSI) au sein de la Banque du Liban (BDL). Pour rappel, c'est la CSI qui avait ordonné le gel préventif et la levée du secret bancaire des comptes de Karim Salam, à la demande du parquet financier.
Pourquoi ce retard ? Une source judiciaire informée a précisé à notre publication, que pour élargir son enquête, le chef du parquet financier, Ali Ibrahim, avait demandé à la CSI une analyse des données des comptes bancaires de Karim Salam, qui ne lui était pas encore parvenu. Une autre source informée a précisé que cette procédure est normalement traitée rapidement par la CSI, mais que ce retard dans la transmission des documents pourrait être expliqué par la procédure de collecte des données sur les comptes concernés auprès des banques contactées, qui prend du temps, et par l'analyse de ces données, qui n'est pas automatisée. Le parquet financier pourrait aussi avoir mis du temps à envoyer la demande, selon cette source, qui écarte toute éventualité d'une intervention dans ce dossier.
Dans tout pays qui se réspecte, pareille information aurait suscité l’indignation générale. Chez nous c’est presque normal car de nombreux gouvernants se sont enrichis à nos dépens. C’était devenu la règle, le partage du gâteau équitablement, chacun ayant son propre terrain de chasse. Une association de malfaiteurs coorompus et avides qui n’ont jamais agi pour le bien du peuple mais bien pour le leur et celui de leurs partisans et parents. Ils pensaient échapper au châtiment, selon la coutume,mais surprise, il semble que les choses vont changer. La justice aura beaucoup de travail à faire
09 h 34, le 22 mars 2025