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Barrage de Msaylha : deux sociétés poursuivies pour blanchiment d'argent et dilapidation


Barrage de Msaylha :  deux sociétés poursuivies pour blanchiment d'argent et dilapidation

Le barrage de Msailha, au Liban-Nord, en 2022. Photo Philippe HAGE BOUTROS/L'Orient-Le Jour

La juge d'instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, a engagé des poursuites mardi contre la société italienne qui a construit le barrage de Msaylha, près de Batroun au Liban-Nord, ainsi qu'une société de consultance française impliquée dans ce projet, pour blanchiment d'argent et dilapidation des fonds publics, selon la chaîne al-Jadeed.

L'enquête porte sur la nature géographique du terrain de Msaylha et sa capacité à accueillir un barrage, sachant que de grandes compagnies de conseil, dont celle qui a surveillé la création du canal de Suez en Egypte, étaient opposées à ce projet et craignaient des fuites, rapporte al-Jadeed. La séance a été levée jusqu'au 8 avril.

L'ancien ministre de l'Énergie Walid Fayad a été interrogé mardi par la juge Nassar dans le cadre de cette affaire. D'autres ministres devraient être entendus comme témoins, selon al-Jadeed.

Selon une source au fait du dossier, Walid Fayad a expliqué pendant son entretien que son interférence avec le dossier s’était limitée à tenter d’encadrer au mieux de potentiels travaux de maintenance du barrage en demandant aux compagnies de conseil investies de fournir un engagement écrit selon lequel la société qui exécuterait ces travaux était tenue à une obligation de résultat, ce qui permettait d’engager sa responsabilité en cas d’échec.

L'ancien ministre avait fait valider cette mesure par le comité de législation et de consultation (l'un des deux comités consultatifs affiliés au ministère de la Justice).

M. Fayad a aussi expliqué que la justice s’est saisie du dossier avant qu’il puisse ordonner le lancement des travaux, compte tenu du temps qu’il avait dû prendre pour convaincre les compagnies de conseil à satisfaire sa demande ainsi qu’à trouver le budget pour financer les travaux.

La magistrate aurait écarté sa responsabilité dans ce dossier, conclut la source précitée.

La juge Nassar avait ordonné la mise sous scellés du barrage en août 2024 en raison de soupçons de détournement de fonds publics. La décision avait été prise un mois après que le bureau du procureur financier Ali Ibrahim avait renvoyé l'affaire à la magistrate pour enquêter sur les raisons pour lesquelles le barrage a coûté 64 millions de dollars à l'État libanais malgré son inefficacité et le fait qu'il n'ait jamais été utilisé pour retenir de l'eau.

Rempli d'eau en décembre 2019, le barrage se trouve à quelques mètres du fort de Msaylha, qui date du XVIIe siècle. Il demeure largement critiqué, notamment par les défenseurs de l'environnement qui s'opposent aux grands barrages au Liban, des projets défendus par Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre et député de Batroun. Dans l'opinion, de nombreuses voix ont considéré que le projet était coûteux et inefficace. Conçu pour contenir jusqu'à six millions de mètres cubes d'eau et approvisionner les villages de la région, le barrage n'a presque jamais fonctionné correctement. Chaque été, des photos du barrage vide, sur lesquelles on peut apercevoir le sol craquelé, font le tour des réseaux sociaux. 

La gestion de l'eau reste une question cruciale pour le Liban, un pays riche en ressources hydriques par rapport à d'autres pays du Moyen-Orient, mais qui souffre d'une mauvaise gestion malgré les multiples stratégies lancées depuis la fin de la guerre civile en 1990.

La juge d'instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, a engagé des poursuites mardi contre la société italienne qui a construit le barrage de Msaylha, près de Batroun au Liban-Nord, ainsi qu'une société de consultance française impliquée dans ce projet, pour blanchiment d'argent et dilapidation des fonds publics, selon la chaîne al-Jadeed.L'enquête porte sur la nature géographique du terrain de Msaylha et sa capacité à accueillir un barrage, sachant que de grandes compagnies de conseil, dont celle qui a surveillé la création du canal de Suez en Egypte, étaient opposées à ce projet et craignaient des fuites, rapporte al-Jadeed. La séance a été levée jusqu'au 8 avril.L'ancien ministre de l'Énergie Walid Fayad a été interrogé mardi par la juge Nassar dans le cadre de cette affaire....