
Des Israéliens ultra-orthodoxes du côté libanais de la frontière, près de Houla, le 7 mars 2025. Photo ANI
Des soldats israéliens ont introduit des ressortissants de leur pays « en territoire libanais » pour visiter un prétendu sanctuaire religieux dans la région de Tel Abad-Houla (Marjeyoun) au Liban-Sud, a dénoncé l'armée libanaise dans un communiqué.
Le site visité est traditionnellement considéré comme la tombe du rabbin babylonien Rav Ashi, entre les localités israélienne de Manara et libanaise de Houla. « Dans le cadre de l'agression et des violations continues de la souveraineté du Liban par l'ennemi israélien, des forces israéliennes ont introduit des colons pour visiter un prétendu sanctuaire religieux dans la région d'el-Abad-Houla, dans le Sud, en violation flagrante de la souveraineté nationale libanaise », a pointé du doigt la troupe. « L'entrée de colons israéliens sur le territoire libanais est l'un des aspects de la violation persistante par l'ennemi des lois internationales, des résolutions et des accords qui y sont liés, en particulier la résolution 1701 et l'accord de cessez-le-feu », a-t-elle souligné. L'armée a enfin indiqué qu'elle suivait la question en coordination avec le comité chargé de superviser l'accord de cessez-le-feu et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).
L'Agence nationale d'information avait pour sa part indiqué qu'un groupe d'Israéliens ultra-orthodoxes est entré vendredi matin en territoire libanais au niveau de la localité de Houla pour une « visite religieuse » organisée par l'armée israélienne.
Selon The Times of Israel, des centaines de pèlerins juifs ultra-orthodoxes se sont rendus sur le site frontalier, escortés par l'armée israélienne. Des images publiées par la radio de l'armée israélienne (GLZ) montrent ces Israéliens en prière sur le site, qui est accolé au mur de béton frontalier érigé par l'armée, ainsi que le passage, via une porte installée dans les parpaings, d'un côté à l'autre du mur. Selon le média, de telles visites encadrées par l'armée israélienne avaient déjà été organisées par le passé.
Ce média indique que, ce lieu se trouve sur la Ligne bleue, au sein d'un site militarisé, pris en étau entre un poste de l'armée israélienne et une base de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Il est situé face au village libanais de Houla.
Déplacement de barrière
Selon la porte-parole de la Finul, Kandice Ardiel, la Ligne bleue passe au centre du site religieux. La force onusienne rappelle toutefois que la Ligne bleue est une « ligne de retrait », fixée par les Nations unies pour marquer le retrait israélien, et non une frontière internationalement reconnue. La Finul précise en outre que l'armée israélienne avait précédemment retiré la barrière installée au niveau de la tombe et en avait construit une nouvelle légèrement plus au nord de la Ligne bleue. Elle avait également érigé un mur de barbelés au nord de cette ligne afin d'empêcher les accès en provenance du côté libanais de la frontière. « Tout cela constitue une violation claire de la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l'ONU, selon la Finul qui « conteste la construction de cette barrière » et dit avoir demandé aux Israéliens de « rétablir la zone autour de la tombe aux conditions d'origine ».
Jeudi, le média israélien i24News avait rapporté que l'armée israélienne prévoyait d'autoriser 250 juifs ultra-orthodoxes à y entrer de nuit, sous escorte militaire. Il précisait qu'il s'agissait d'une autorisation exceptionnelle accordée à l'occasion du 7 mars, anniversaire de la naissance et de la mort du prophète Moïse dans la tradition juive, période pendant laquelle plusieurs lieux saints sont visités par les ultra-orthodoxes.
Quatre ans de prison
Franchir sans autorisation la frontière libanaise est passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à quatre ans en Israël.
Ces informations interviennent alors qu'un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre 2024, afin de mettre un terme à la guerre entre Israël et le Hezbollah qui durait depuis le 8 octobre 2023, et qui s’était intensifiée en septembre. L’accord stipulait un retrait israélien progressif des villages occupés au Liban-Sud, afin que l’armée libanaise puisse se déployer dans des zones autrefois sous l’influence du Hezbollah. Toutefois, même après la fin de la période transitoire le 18 février, l’armée israélienne a maintenu sa présence dans cinq points qu'elle a jugé stratégiques du Liban-Sud, et poursuit ses opérations quotidiennes contre des membres présumés du Hezbollah.
En février, quatre Israéliens ultra-orthodoxes, qui cherchaient à se rendre sur la tombe du rabbin Rav Ash, avaient été arrêtés par l'armée israélienne après avoir franchi illégalement la frontière avec le Liban. Plus tôt en février, au moins 20 Israéliens ultra-orthodoxes étaient entrés illégalement au Liban avant d'être arrêtés par l'armée israélienne, pour une raison similaire, selon Yedioth Ahronoth. Le 5 décembre, plusieurs familles du « Mouvement des colons du Liban-Sud » étaient arrivées à la frontière et avaient franchi la Ligne bleue sur une profondeur de plusieurs mètres. Un compte X nommé « Trusted Sources » avait partagé des images montrant prétendument des colons installant des tentes à Maroun el-Ras (caza de Bint Jbeil), au Liban-Sud. Les colons portaient des drapeaux sur lesquels on pouvait lire « Le Liban est à nous ».
Les pèlerins juifs se déplacent par milliers en Ukraine, en Pologne, au Maroc, en Tunisie, en Hongrie et en Terre Sainte. Cela apporte des devises aux locaux.
11 h 57, le 09 mars 2025