
Le cercueil de Hachem Safieddine enveloppé du drapeau jaune du Hezbollah, lors de funérailles populaires organisées pour Safieddine et Hassan Nasrallah, le 23 février 2025 à la Cité sportive Camille Chamoun à Beyrouth. Photo Lucile Wassermann/L'Orient-Le Jour
Le Hezbollah a publié jeudi une déclaration attribuée à Hachem Safieddine, tué par une gigantesque frappe israélienne survenue dans la nuit du 3 au 4 octobre 2024 dans la banlieue sud de Beyrouth, une semaine après l'assassinat de Hassan Nasrallah, à qui il devait succéder à la tête du parti. Selon le Hezbollah, trois pages manuscrites de ce texte, resté inachevé, ont été retrouvées sur les lieux de l'assassinat de Safieddine. Il s'agirait d'un discours qu’il comptait prononcer après sa désignation officielle au poste.
Hassan Nasrallah, lui, avait été tué le 27 septembre 2024 lors d'une frappe israélienne massive sur la banlieue sud de Beyrouth. Des funérailles populaires pour les deux dirigeants ont été organisées dimanche à la Cité sportive Camille Chamoun à Beyrouth, rassemblant des centaines de milliers de personnes.
Dans le texte retrouvé par le Hezbollah, Hachem Safieddine explique que son parti, qui avait ouvert le 8 octobre 2023 au Liban-Sud « un front de soutien » au Hamas à Gaza, s'était engagé à «empêcher que les événements ne dégénèrent en une guerre totale et ouverte ». Cependant, Israël a pris la décision « d’élargir la guerre et d’intensifier son agression » contre le Liban, une décision que l’État hébreu aurait prise « de toute façon, même si nous n’étions pas intervenus le 8 octobre », estime Safieddine qui reprend ainsi un des arguments utilisés par le Hezbollah pour se dédouaner face à l'ampleur des destructions infligées par l'entrée du parti chiite dans le conflit.
« Défendre le Liban et la région »
D'abord sporadiques et limités au Liban-Sud, les affrontements entre le Hezbollah et Israël ont dégénéré en guerre quasi-totale en septembre dernier et jusqu'a la conclusion d'un cessez-le-feu entre les deux belligérants le 27 novembre 2024. Au moins 4 047 personnes, dont 736 femmes et 248 enfants, ont été tuées au Liban par l'armée israélienne pendant la guerre, selon les estimations du ministère libanais de la Santé.
Dans son texte, Hachem Safieddine rend par ailleurs hommage aux « martyrs », et notamment à Hassan Nasrallah, dont « les paroles apaisaient les blessures, éclairaient les esprits, clarifiaient les enjeux et renforçaient les convictions ». Il affirme en outre qu'Israël a lancé une campagne d’extermination contre Gaza, avec pour objectif ultime « d’éradiquer la résistance, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie, ou plus tard, toute forme de résistance au Liban et ailleurs ». Il explique que le Hezbollah avait un objectif de « protéger et soutenir le peuple de Gaza et la résistance palestinienne », tout en défendant « le Liban et l’avenir de toute la région ».
Safieddine dénonce ensuite l'implication des Etats-Unis dans cette guerre, par le biais de la fourniture d'armes « sophistiquées » qui ont donné une supériorité technologique à l'Etat hébreu pour mener une « campagne d’extermination massive et continue ».
Photos post-mortem de Nasrallah
Dans une vidéo publiée mercredi sur les réseaux sociaux, Jawad Nasrallah, l'un des fils de Hassan Nasrallah, a annoncé son intention de publier des photos post-mortem de son père. « Nous l'avons pris en photo pour la première fois . Nous ne l'avions pas photographié quand il est mort en martyr, ni lors de sa préparation à l'enterrement parce que nous voulions que les gens regardent le sayyed comme cela », explique Jawad Nasrallah, qui effectue dans la vidéo un mouvement de la tête vers le haut. « Gardez la tête haute quand vous le regardez », poursuit-il.
Hassan Nasrallah a été inhumé le dimanche 23 février dans un mausolée près de la route de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) lors de funérailles populaires organisées à la Cité sportive Camille Chamoun. Ces funérailles auraient attiré entre 700.000 et 900.000 participants, selon des chiffres publiés lundi par l'institut de sondage libanais Information International. Safieddine, lui, a été inhumé lundi à Deir Qanoun el-Nahr, son village natal au Liban-Sud.
Les seuls arrogants sont le Hezbollah et ses partisans.
23 h 41, le 01 mars 2025