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Dernières Infos - Syrie

Des habitants de Homs rentrent dans leur ville dévastée

Naguère surnommée la "capitale de la révolution" contre Bachar el-Assad, la ville de Homs a été le théâtre de féroces combats lors de la guerre civile en Syrie. Aujourd'hui, malgré les destructions massives, des habitants déplacés rentrent chez eux pour reconstruire leur vie.

"La maison est brûlée, il n'y a plus de fenêtres, pas d'électricité. On a déblayé un peu, posé un tapis, et on s'est installés", déclare à l'AFP Douaa Turki, 30 ans, dans ce qu'il reste de sa maison. Pourtant, elle garde espoir. "Malgré tout ce chaos, on est heureux d'être de retour. C'est ici notre quartier, notre terre", dit la femme rentrée en janvier avec son mari et leurs quatre enfants.

Son mari passe ses journées à chercher du travail "n'importe où". Pour sa part, elle cherche, à travers les murs éventrés, l'éventuelle présence de travailleurs humanitaires susceptibles de venir en aide à sa famille.

En mars 2011, Homs fut l'une des premières grandes villes à se soulever contre le pouvoir de Bachar el-Assad, ce qui lui a valu le nom de "capitale de la révolution". C'est là aussi que la contestation a basculé à l'affrontement armé: face à la répression violente des manifestations prodémocratie, des civils ont pris les armes et des militaires ont fait défection. 

"Assiégés"

Le siège qui a suivi a plongé les habitants des quartiers rebelles dans une détresse absolue. Coupés du monde, ils ont survécu deux ans sans électricité, sans communications, se nourrissant de plantes et produits secs. 

En 2014, un accord entre les forces de Bachar el-Assad et l'opposition a permis l'évacuation des derniers combattants. Avec eux, la plupart des civils ont fui. "On n'avait ni nourriture ni eau. Il y avait des bombardements en permanence. Puis l'ONU nous a évacués vers les camps du nord", en territoire rebelle, a indiqué Mme Turki.

A quelques rues de là, Oum Hamza Rifai, 56 ans, a colmaté tant bien que mal les ouvertures béantes de sa maison avec des morceaux de tissu. "Il n'y a pas de magasins dans le quartier, on doit aller ailleurs pour acheter ce dont on a besoin."

Mais elle retrouve peu à peu ses anciens voisins et vit avec son fils de 21 ans, qui s'est engagé dans la nouvelle armée syrienne, et rêve de rouvrir l'épicerie qu'elle tenait avant la destruction du quartier.

Depuis la chute d'Assad le 8 décembre, et l'arrivée au pouvoir d'une coalition de groupes rebelles islamistes, les retours à Homs restent rares, mais ils se poursuivent. Il y a une semaine, une équipe de l'AFP a croisé un convoi de 48 familles qui y revenaient. 

"Ma terre"

A la descente des bus, l'émotion est intense. Certains pleurent. Parmi eux, Adnane Abou al-Izz, 50 ans, a perdu son fils dans les bombardements. Il se souvient du jour où, alors que son fils était blessé, des soldats syriens l'ont empêché de quitter le quartier. "Ils ont refusé de me laisser passer, ils se moquaient de moi", raconte-t-il. Faute de soins, son fils n'a pas survécu. Il sait que sa maison est en ruines, mais pour lui, l'essentiel est ailleurs. "Je rentre sur ma terre, celle de Homs."

Dans le quartier de Baba Amr, Abdelkader al-Anjari, 40 ans, guide l'équipe de l'AFP à travers des rues aux bâtiments détruits. Quelques habitants sont revenus, des chats errent entre les décombres. Il s'arrête devant l'immeuble qui abritait jadis le "bureau médiatique de Baba Amr".

En 2011, M. Anjari faisait partie des militants qui transmettaient des informations aux médias étrangers. "Ici, on a installé la première connexion internet pour parler au monde extérieur", raconte-t-il.

"C'est là que Marie Colvin a été tuée. Le régime a visé directement les journalistes pour faire taire les témoins." Cette journaliste américaine et le photographe français Rémi Ochlik sont morts à Homs le 22 février 2012, sous les bombardements.

C'est à Homs qu'Abdel-Basset al-Sarout, alors star du football, est devenu combattant rebelle. Tué au combat, il est devenu un héros populaire.  En 2013, son histoire a été racontée dans un documentaire du cinéaste syrien Talal Derki, "Le Retour à Homs", salué par la critique internationale.

"Quand je suis arrivé aux portes de Homs, j'étais submergé par l'émotion", confie Abdelkader al-Anjari. Mais il tourne désormais la page. "Nous avons fait ce qu'il fallait. Maintenant, ce ne sont plus les combattants qui sont nécessaires, mais ceux qui vont reconstruire."

Naguère surnommée la "capitale de la révolution" contre Bachar el-Assad, la ville de Homs a été le théâtre de féroces combats lors de la guerre civile en Syrie. Aujourd'hui, malgré les destructions massives, des habitants déplacés rentrent chez eux pour reconstruire leur vie.

"La maison est brûlée, il n'y a plus de fenêtres, pas...