
Le mufti Ahmad Kabalan. Photo d'illustration ANI
Le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Kabalan, a écrit une lettre ouverte au président libanais Joseph Aoun dans laquelle il met en garde contre l'éclatement d'une nouvelle guerre civile et exhorte le chef de l'État à « sauver ce pays ».
Évoquant « l'histoire tumultueuse et difficile façonnée par les conflits régionaux et internationaux », il affirme que les composantes nationales ont toujours vécu comme une seule famille, attachée à l'unité du Liban et à son identité nationale. Il ajoute que « les spécificités confessionnelles n'ont jamais empêché la construction d'une unité nationale transcendant les appartenances religieuses ».
Le mufti jaafarite prévient que le Liban se trouve aujourd'hui « sur un baril de poudre » et met en garde contre « les puissances étrangères qui cherchent à l’instrumentaliser pour servir leurs arrangements internationaux et régionaux ». « Toute erreur grave, que Dieu nous en préserve, nous plongerait dans une guerre civile dont les conséquences seraient désastreuses pour ce pays déjà meurtri », ce qui constituerait « le pire des scénarios », menace-t-il encore.
Préserver l'équilibre national
Ahmad Kabalan estime que « le gouvernement doit ainsi préserver son « équilibre national et défendre les intérêts du peuple », l'appelant à faire des choix qui « respectent le sang versé pour le Liban », en allusion aux morts et aux blessés tombés pendant plus de 15 mois de guerre opposant le Hezbollah à Israël. « Ces sacrifices, dont témoignent les batailles héroïques du Sud, de la banlieue-sud, de la Békaa et de tout le Liban, ont vaincu une armée autrefois réputée invincible aux portes de Khiam », écrit encore le mufti, en référence aux combats violents qui ont eu lieu dans cette localité du caza de Marjeyoun au Liban-Sud, où l'armée israélienne a tenté de progresser jusqu'à ce que le cessez-le-feu mette un terme aux combats.
« Nous ne demandons pas au Liban officiel d’affronter le monde, mais d’assumer son devoir de protéger le pays, son peuple et sa souveraineté contre les coups de poignard extérieurs. Le moment est venu, et il est entre vos mains », poursuit le religieux avant de conclure : « La conscience du Liban et les restes de ses martyrs sont entre vos mains. L’histoire vous attend. »
La publication de cette lettre intervient dans un contexte tendu, marqué par de récentes manifestations organisées par le Hezbollah autour de l'aéroport, après la décision des autorités libanaises d'interdire aux avions civils iraniens d'atterrir à Beyrouth jusqu'au 18 février. Le cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, entre Israël et un Hezbollah, qui a perdu son emblématique secrétaire général Hassan Nasrallah et son successeur Hachem Safieddine dans des frappes israéliennes, a été assorti d'une période d'application donnant jusqu'au 18 février aux Israéliens pour se retirer du pays. L'accord exige également que le Hezbollah se retire de la zone frontalière. Plus de 4 000 personnes sont mortes au Liban depuis le 8 octobre 2023. Dimanche, le parti chiite a affirmé voir dans l'intervention de l'armée pour mettre fin aux dernières manifestations une « manœuvre suspecte visant à monter la troupe contre le peuple ». Pendant l'un de ces rassemblements, un véhicule de la Force intérimaire des Nations unies au Liban a notamment été incendié.
Mr Kabalan, nous avons plus de 10.000 combattants morts en l’espace de 15 ans pour défendre le Liban contre le grand Israël safavide et son bras armé assadien lors de la grande guerre patriotique (dite civile) de 75-90 ; vous n’avez même pas autant de « martyrs » en l’espace de plus de 40 ans de votre pseudo-résistance. À chaque fois que ça devenait dur pour vous l’ancien régime mondialiste américain vous sauvait avec ses cessez le feu. Et nous avons encore bien d’autres hommes (et femmes) prêts à combattre jusqu’au martyr, si nécessaire, pour libérer le Liban de vos maîtres étrangers.
07 h 45, le 17 février 2025