
De la fumée après l'explosion d'une maison, piégée par l'armée israélienne, près de Kfar Hamam, dans le caza de Hasbaya au Liban-Sud, le 16 février 2025. Photo AFP / RABIH DAHER
À deux jours de l'expiration du délai d'application du cessez-le-feu au Liban, l’État hébreu semble vouloir faire monter la tension. Après une frappe ciblée samedi soir, un modus operandi devenu rare depuis l'entrée en vigueur de la trêve fin novembre, l'aviation israélienne a effectué trois frappes sur la Békaa en début de soirée, en plein discours du chef du Hezbollah Naïm Kassem. Plus tôt dans la journée, des habitants de Houla qui voulaient regagner ce village frontalier du Liban-Sud avaient essuyé des tirs de soldats israéliens qui s'y trouvaient encore postés. Bilan de ces tirs : une femme tuée, deux personnes au moins blessées et plusieurs autres enlevées par l'armée israélienne, dont des ambulanciers.
Dans la Békaa, et selon les informations de notre correspondante Sarah Abdallah, trois frappes israéliennes ont visé peu avant 19h Hrabta, le lieu-dit de Wadi Ziné à Boudaï, et les hauteurs de ce village, dans le caza de Baalbeck. Aucune information n'était immédiatement disponible concernant d'éventuelles victimes. L'armée israélienne a revendiqué, dans un message de son porte-parole arabophone Avichay Adraee sur les réseaux sociaux, des « frappes de précision sur plusieurs sites militaires au Liban qui contenaient des roquettes RPG et des armes ». « Des activités du Hezbollah avaient été détectées » sur ces sites en violation de l'accord de cessez-le-feu, selon l'armée israélienne. L'accord prévoit notamment que le Hezbollah se retire avec ses armes au nord du fleuve Litani et que l'armée libanaise se déploie dans toute la zone.
Houla « totalement dévastée »
La journée avait principalement été marquée par des tirs de l'armée israélienne sur des civils à Houla, qui ont tué une habitante du village, Khadigé Atoui et fait plusieurs blessés.
Les habitants s'étaient rendus sur les lieux à pied, alors que l'armée israélienne semblait s'être retirée du village, en l'absence de tout véhicule militaire, et malgré que l'armée libanaise n'ait pas donné son feu vert pour ce retour. À leur arrivée sur place, les riverains ont affirmé à notre correspondant Mountasser Abdallah que le village était « totalement dévasté ». « Il n'y a plus de points de repère pour reconnaître les quartiers, a décrit un habitant. Il n'y a que des gravats sur des décombres ».
L'armée israélienne avait finalement ouvert le feu, obligeant les habitants à se replier derrière un talus « sous une pluie de balles », selon Firas, l'un d'entre eux. Au moins quatre personnes ont été enlevées par les forces israéliennes, a encore souligné à L'Orient-Le Jour le président du conseil municipal de Houla, Chakib Koteiche. Parmi les personnes enlevées se trouvent deux ambulanciers des « scouts de la Mission islamique », l'organe de secours du mouvement Amal (allié du Hezbollah), selon le ministère de la Santé, et un policier municipal dénommé Mortada Hassan Mehanna. Ce dernier s'était rendu sur place pour vérifier l'état de sa maison dans le quartier de Aqaba. Face à ce regain de tension, l'armée libanaise a appelé les habitants à ne pas se rendre dans les localités du Sud où elle ne s'est pas encore déployée.
Elle a ensuite mené des contacts avec la Croix-Rouge libanaise et la Force intérimaire de l'ONU (Finul) pour permettre aux secouristes d'aller récupérer la dépouille mortelle de Khadijé Atoui, tandis que la municipalité a appelé à l'évacuation des habitants encore coincés dans le village.
Un chef de l'unité aérienne du Hezbollah éliminé
Par ailleurs, l'armée israélienne a poursuivi le dynamitage des maisons et bâtiments dans les villages et zones qu'elle continue d'occuper au Liban-Sud, notamment à Meis el-Jabal et entre Kfar Hamam et Hebbariyé, dans le caza de Hasbaya, selon notre correspondant.
Samedi soir, elle avait touché au moyen d'un missile monté sur un drone une voiture près de Jarjouh, dans le caza de Nabatiyé, tuant ses passagers, dont, selon le ministre israélien de la Défense Israel Katz, Abbas Hammoud, un des chefs de l'unité aérienne du Hezbollah, connue sous le nom d'Unité 127 et chargée de lancer des drones en direction de l’État hébreu. Selon l'armée israélienne, Abbas Hammoud avait violé à plusieurs reprises l'accord de cessez-le-feu en lançant des drones vers Israël, dont un avait été intercepté quelques jours plus tôt.
Le ministère libanais de la Santé avait fait état d'un bilan de deux morts et cinq blessés dans ce tir ciblé. Selon notre correspondant, la deuxième victime était Ahmad Farhat, producteur exécutif à Nabaa TV. Le ministère a rappelé qu'une troisième personne avait été tuée dans l'effondrement d'un bâtiment samedi à Aïn Qana (Nabatiyé), qui avait été la cible d'un raid israélien.
Les menaces de Netanyahu
Le mercure a aussi grimpé sur la scène diplomatique, notamment dans des déclarations à Tel-Aviv, au cours d'une réunion entre le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
M. Netanyahu a affirmé qu'Israël fera « ce qu'il a à faire » pour que le cessez-le-feu au Liban soit respecté. « Le Hezbollah doit être désarmé, et Israël préférerait que l'armée libanaise s'en charge, mais personne ne doit douter qu'Israël fera ce qu'il a à faire pour que l'accord de cessez-le-feu soit respecté et pour défendre notre sécurité », a-t-il déclaré.
Au niveau libanais, le chef du Hezbollah, Naïm Kassem, a exhorté le gouvernement à prendre une position « ferme et décisive » pour assurer un retrait total de l'armée israélienne d'ici au 18 février, tandis que le Premier ministre Nawaf Salam, a mené une série de contacts pour s'assurer le soutien des pays arabes à cette prise de position.
Encore un fouteur de troubles qui se donne le droit de mettre tout un pays et tout un peuple en danger avec une décision et un acte irresponsable. On en parlera plus. Au suivant.
12 h 43, le 16 février 2025