
Les ministres Joe Raggi (Affaires étrangères), Joe Saddi (Énergie), Joe Issa el-Khoury (Industrie) et Kamal Chéhadé (Déplacés) entourant le chef des Forces libanaises Samir Geagea à Meerab, le 10 février 2025. Photo prise du compte X de M. Geagea
Les Forces libanaises ont fermement critiqué vendredi le président de la Chambre Nabih Berry suite à ses récentes prises de position, en estimant que « ce qui lui est permis ne l'est pas pour les autres » et en l'invitant à « se libérer de son agacement en appliquant la Constitution ».
Le virulent communiqué du bureau de presse des FL intervient après des informations selon lesquelles M. Berry « a été dérangé par la photo des quatre ministres à Meerab ». Les quatre ministres en question sont ceux désignés par les Forces libanaises dans le nouveau gouvernement de Nawaf Salam : Joe Raggi (Affaires étrangères), Joe Saddi (Énergie), Joe Issa el-Khoury (Industrie) et Kamal Chéhadé (Déplacés). Ils avaient été reçus lundi à Meerab par le chef de la formation chrétienne Samir Geagea.
« M. Berry n'a pas été dérangé, par exemple, par le boycottage des consultations contraignantes (pour la formation du gouvernement) ou par le défi lancé au Premier ministre désigné, en l'obligeant devant les caméras à choisir un candidat unique pour le ministère des Finances, ou encore par la désignation des quatre ministres chiites par le tandem, comme si ce qui lui est permis ne l'était pas pour les autres », a dénoncé le bureau de presse des FL.
Les consultations parlementaires menées par le Premier ministre Nawaf Salam pour la formation du gouvernement libanais, qui a finalement été annoncé samedi dernier, avaient été boycottées par mouvement Amal et le Hezbollah. M. Berry, chef du mouvement Amal, avait notamment insisté pour que Yassine Jaber obtienne le ministère des Finances, ce qui a finalement été le cas.
خلال اللقاء مع وزراء الخارجية والمغتربين، الطاقة والمياه، الصناعة، المهجرين وشؤون تكنولوجيا المعلومات والذكاء الاصطناعي.@LFPartyOfficial pic.twitter.com/KZYDUP7y3x
— Samir Geagea (@DrSamirGeagea) February 10, 2025
Dans leur communiqué, les FL reprochent également au président de la Chambre d'avoir empêché l'élection présidentielle libanaise dans les délais, affirmant qu'il avait « fermé » le Parlement. M. Berry avait longtemps conditionné la reprise des séances parlementaires dédiées au scrutin par un dialogue menant à un accord global. Le président Joseph Aoun a finalement été élu à la tête de l'État le 9 janvier, grâce au forcing diplomatique exercé par plusieurs pays, dont la France, les États-Unis et l'Arabie saoudite.
« La liste est longue », concluent les FL, « et il est grand temps que M. Berry se libère de son agacement en appliquant la Constitution, à commencer par le monopole de l'État pour la détention des armes au Liban ».
Batailles Don Quichottiennes
Dans un communiqué publié en soirée et relayé par les médias locaux, le bureau des médias d'Amal a rétorqué : « Il semblerait que la section des médias des FL soit bloquée dans des batailles dignes de Don Quichotte (pour dire illusoires, NDLR), comme son président... Et que ces batailles soient sans issues. Ils se croient en position de classer les Libanais », lance le texte. « Et puisqu'ils basent leur réponse sur ''des histoires''... Autant ne pas y répondre et ne pas les gêner davantage », conclut le communiqué.
Affaibli par sa dernière guerre contre Israël, le Hezbollah voit la question de ses armes remise sur la table. Le président de la République avait promis dans son discours d'investiture de régler ce dossier, et le Premier ministre avait affirmé dans sa première interview après la formation de son gouvernement que « l’État doit imposer son autorité sur tout le territoire national ».
Le mois dernier, le nouveau secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, avait déclaré que « les plans visant à utiliser la résistance et ses armes doivent être abordés dans le cadre d'une stratégie de défense et par un dialogue visant à protéger la force, la souveraineté et l'indépendance du Liban ». M. Berry avait fait une déclaration similaire.
Peut-on dire que Berri est respectueux de notre Constitution depuis qu’il est le chef du parlement depuis plus de 30 ans? Temps de céder la place et de dégager!
12 h 39, le 16 février 2025