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Culture - Reportage

Biennale des arts islamiques : l’Arabie saoudite mise sur l’art contemporain pour renouveler son image

Dans un terminal de l’aéroport international King Abdulaziz, « And All That Is In Between » (Et tout ce qui est entre les deux) fait le pari de mêler les œuvres d’une trentaine d’artistes contemporains à des objets religieux,

Des visiteurs de la Biennale des arts islamiques de Djeddah devant l’entrée de l’exposition. Photo AFP

Sous une immense canopée de tentes dans la ville saoudienne de Djeddah, des artefacts religieux sont exposés aux côtés d’œuvres d’art contemporain, dans le cadre des efforts pour donner une image moderne du royaume.

La Biennale des arts islamiques intitulée  « And All That Is In Between » (Et tout ce qui est entre les deux) fait le pari de mêler les œuvres d’une trentaine d’artistes contemporains à des objets religieux, dont la pièce maîtresse de l’exposition : des pans de la « kiswa ».

Cette étoffe noire brodée d’or et d’argent recouvre la Kaaba, l’édifice cubique trônant dans la grande mosquée de La Mecque, vers lequel se tournent les musulmans pour prier.

Dans un terminal de l’aéroport international King Abdulaziz, l’exposition accueille d’autres trésors, parmi lesquels des objets précieux prêtés par le Victoria & Albert Museum, le Louvre, ainsi que des artefacts rares de la bibliothèque du Vatican, dont un Coran médiéval en caractères hébraïques.


L'artiste saoudien Mouhannad Shono, commissaire de l’exposition pour l’art contemporain. Photo AFP

Dialogue passé-présent

 « Le dialogue entre passé et présent souligne les profondes transformations en cours en Arabie saoudite », gardienne des sites les plus saints de l’islam, affirme l’artiste saoudien Mouhannad Shono, commissaire de l’exposition pour l’art contemporain. 

Avec le plan de réformes  « Vision 2030 » initié par le prince héritier et dirigeant de facto, Mohammad ben Salmane, le royaume a investi massivement dans le sport, avec notamment l’accueil de la Coupe du monde 2034, la culture ou le tourisme. Une stratégie visant à diversifier une économie dépendante du pétrole mais aussi à redorer l’image du pays, ternie par la répression des dissidents.

 « Nous avons des conceptions traditionnelles de l’islam (...) qu’il est temps de réexaminer sous un nouvel angle », affirme Abdelelah Qutub, un architecte de 31 ans venu de La Mecque pour visiter l’exposition, ouverte jusqu’au 25 mai.

Longtemps dominant en Arabie saoudite, le wahhabisme interdit la représentation de figures humaines et animales. Leur réprobation par la plupart des écoles de pensée sunnites a favorisé la prééminence des motifs géométriques dans l’art islamique.

À Djeddah, pourtant, l’exposition inclut des enluminures persanes médiévales, y compris des portraits royaux, ainsi qu’une fontaine conçue par l’artiste yéméno-indonésienne Anhar Salem dont les carreaux de mosaïque, assemblés par couleur via l’intelligence artificielle, sont composés d’avatars trouvés en ligne, dont de nombreux visages.

L’artiste franco-libanaise Tamara Kalo a elle recréé la camera obscura, ancêtre de l’appareil photo inventé au XIe siècle par le philosophe musulman Ibn al-Haïtham avec une installation en cuivre visant à interroger « ce que signifie voir et être témoin », dit-elle.

D’autres œuvres surprennent par leur audace, comme ce disque massif enduit de pétrole, dont l’Arabie saoudite est le premier exportateur mondial, qui tourne sans relâche.  « Une allégorie du temps », selon son concepteur, l’artiste italien Arcangelo Sassolino.

Alors que le pays a longtemps été perçu comme  « secret et ultraconservateur », la Biennale s’inscrit  « dans cette stratégie visant à projeter une image d’ouverture, essentielle à la Vision 2030 », affirme James Dorsey, de l’Université nationale de Singapour.

Un public hétéroclite 

Stratégiquement située dans un terminal proche de celui réservé aux pèlerins se rendant à La Mecque sur une superficie de 100.000 mètres carré, la Biennale attire un public hétéroclite mêlant amateurs d’art et fidèles musulmans. 

 « Lors de la dernière édition, des pèlerins passaient d’un terminal à l’autre pour découvrir les pavillons » de l’exposition, explique Julian Raby, historien de l’art et un des directeurs artistiques de l’exposition.

Après avoir attiré 600.000 visiteurs lors de sa première édition en 2023, une affluence proche de celle de la Biennale de Venise (700 000 en 2024), elle vise désormais à dépasser le million de visiteurs. 

 « Ce côté international contraste avec la façon dont beaucoup de gens perçoivent l’Arabie saoudite, un pays cloîtré. Or, le monde islamique (...) a toujours été (...) dynamique », dit M. Raby.  

Devant sa sculpture monumentale, un buisson de roses en acier noir flottant au-dessus d’une fontaine, l’artiste jordanienne Raya Kassisieh affirme être fière que son œuvre puisse être exposée dans le cadre d’un tel événement.  

 « Nous sommes légitimes (...) pour partager un espace (artistique) avec l’Occident », dit-elle.

Sous une immense canopée de tentes dans la ville saoudienne de Djeddah, des artefacts religieux sont exposés aux côtés d’œuvres d’art contemporain, dans le cadre des efforts pour donner une image moderne du royaume.

La Biennale des arts islamiques intitulée  « And All That Is In Between » (Et tout ce qui est entre les deux)...
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