
L'armée israélienne fait exploser des habitations à Houla, au Liban-Sud, le 12 février 2025. Photo envoyée par des sources à notre correspondant Mountasser Abdallah
À moins d'une semaine de la date limite fixée pour le retrait israélien des zones encore occupées au Liban-Sud, un calme précaire régnait mercredi dans la région malgré quelques incidents survenus ces deux derniers jours.
Dans le village de Adaïssé (caza de Marjeyoun), l'armée israélienne a incendié mercredi plusieurs maisons, ont rapporté des habitants à notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. Plus tard dans la journée, l'artillerie israélienne a tiré deux obus aux abords de la localité de Chebaa (caza de Hasbaya). Dans la soirée, l'armée israélienne a fait dynamiter plusieurs habitations de Houla, village du caza de Marjeyoun. Elle a provoqué de lourdes explosions qui ont été entendues à plusieurs kilomètres à la ronde. La veille, une explosion avait retenti à Yaroun (Bint Jbeil). Aucun mort ni blessé n’a été signalé mercredi.
Premier mur du son depuis le cessez-le-feu
En soirée, l'armée israélienne a franchi le mur du son à deux reprises, une première depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre dernier. Les deux fortes détonations ont résonné dans Beyrouth, ses environs et même au-delà.
Selon les informations de notre correspondant, l’armée israélienne restait encore présente en majorité dans les villages frontaliers du caza de Marjeyoun (Blida, Markaba, Adaïssé, Houla, Kfar Kila, Wazzani et la colline de Hamames), qui font face à la région israélienne du Doigt de Galilée, ainsi que dans d’autres localités stratégiques par leur hauteur : Yaroun, Maroun el-Ras (caza de Bint Jbeil), Jabal Blat, Labouné (caza de Tyr) et les collines contestées de Chebaa et Kfarchouba (caza de Hasbaya).
L’Office des eaux du Liban-Sud a par ailleurs annoncé, dans un communiqué relayé par notre correspondant, que ses équipes procèdent à la réparation et l’entretien des réseaux de pompage et de distribution d’eau qui ont été fortement endommagés par les bombardements israéliens dans les cazas de Tyr et de Bint Jbeil. L’institution précise que ces réparations entrent dans le cadre de la réponse d’urgence aux besoins des villages et villes du sud, après le retour des déplacés, suite au cessez-le-feu.
La présidence libanaise maintient sa position
Dans le même ordre d'idées, Israël aurait demandé à maintenir sa présence sur cinq points stratégiques le long de la frontière jusqu’au 28 février, selon des médias israéliens. En vertu du cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre aux affrontements entre Israël et le Hezbollah et qui a été prolongé, les forces israéliennes doivent se retirer du Liban-Sud d’ici au 18 février. Pour autant, le président libanais Joseph Aoun a répété mercredi soir que Beyrouth exige toujours le retrait total d'Israël d'ici le 18 février.
La frontière nord libano-syrienne --théâtre d’affrontements vendredi et samedi derniers entre des clans libanais proches du Hezbollah, accusés de se livrer à des activités de contrebande, et les nouvelles forces de sécurité syriennes (anciennement Hay’at Tahrir el-Cham)-- a retrouvé entretemps son calme au cours de la nuit de mardi et la journée de mercredi. Ce répit est survenu malgré la colère des clans libanais après la mort du neveu du député Ghazi Zeaïter, enlevé puis tué en Syrie, rapporte notre correspondante, Sarah Abdallah.
Des sources tribales du nord de la région du Hermel ont confirmé avoir perdu contact, il y a trois jours, avec deux autres membres libanais de la famille Zeaïter, originaires de la localité de Balouza (Hawiq), en territoire syrien. Leur sort reste inconnu. Selon une source du clan Zeaïter, interrogée par notre correspondante dans la Békaa, ces deux Libanais auraient été enlevés par les forces des nouvelles autorités syriennes.
La même source affirme que l’un d’eux se trouverait dans un état critique, victime de tortures, et que l’enlèvement n’aurait pas pour objectif d’obtenir une rançon, mais plutôt d’exercer une pression sur les clans libanais pour qu’ils quittent les villages qu’ils occupent en Syrie, le long de la frontière.