Critiques littéraires

Des voix aux maux du monde

Des voix aux maux du monde

D.R.

L’Écriture qui guérit de Nayla Chidiac, Odile Jacob, 2025, 288 p.

Thérapeute et poète, Nayla Chidiac privilégie l’écriture avec ses patient.e.s. Animatrice d’ateliers d’écriture, elle les pratique à des fins thérapeutiques, permettant à certaines personnes parmi celles qui la consultent, suite à un traumatisme, de passer de la « déliaison de la pensée, à la liaison par l’écriture ». Essayiste, elle explore dans cet ouvrage, mais également dans ses précédents livres, « les bienfaits de l’écriture, les bienfaits des mots ». Est poète celui et celle pour qui les mots sont la chair de la vie. Ainsi, Chidiac a construit une cohérence vitale entre les « mots » et les « maux », entre la littérature et le traumatisme, entre la création et la libération intérieure.

Notre époque vit des dizaines de conflits violents de par le monde. Des mots tels que « guerre mondiale » ont été récemment prononcés. Gaza. Ukraine. Liban. Des mots que l’on croyait jetés aux oubliettes de l’histoire nous rongent la peau et la conscience : génocide, massacres, crimes de guerre. « Dans ces situations de l’extrême… il devenait nécessaire de faire revenir les victimes dans notre monde, celui des vivants, afin de ne pas les laisser dans le monde des survivants. »

L’Écriture qui guérit (qui se rit de la guerre ?) comporte deux parties. Dans la première, l’autrice expose ses considérations théoriques et ses pratiques cliniques. Dans la seconde, un abécédaire d’une extrême originalité et d’un intérêt certain pour tous ceux et celles qui recherchent dans la littérature, non pas une distraction, mais une aptitude à vivre le monde. Une écriture qui emprunte l’urgence à Jorge Semprun : « Ce dont on ne peut parler, c’est ce qu’il ne faut pas taire. » Et la nécessité à Romain Gary : « Au lieu de hurler, j’écris des livres. »

Vingt-six écrivains donc, du passé et du présent, de Léon Tolstoï à Marguerite Yourcenar, parmi lesquels figurent Blaise Cendrars, Rilke, Umberto Eco et Eugène Ionesco.

De A à Z, deux Libanais : Wajdi Mouawad, « notre Sophocle » et Vénus Khoury-Ghata, « déesse comme son nom l’indique »… pour qui la poésie est un « abri antiatomique ».

Vingt-six écrivains, dont Nayla Chidiac écrit une sorte de biographie, témoignant de leur parcours de vie, eux qui ont vécu la guerre dans leur chair et la terreur dans leur âme, et dont les livres ne sont pas résilients, terme qu’elle récuse, mais dont l’écriture est « affamée de vérité ».


L’Écriture qui guérit de Nayla Chidiac, Odile Jacob, 2025, 288 p.Thérapeute et poète, Nayla Chidiac privilégie l’écriture avec ses patient.e.s. Animatrice d’ateliers d’écriture, elle les pratique à des fins thérapeutiques, permettant à certaines personnes parmi celles qui la consultent, suite à un traumatisme, de passer de la « déliaison de la pensée, à la liaison par...
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