
Le Président Joseph Aoun reçoit le vendredi 31 janvier une lettre de félicitations et d'invitation en Égypte de la part du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, remise par le ministre des Affaires étrangères égyptien Badr Abdelatty. Photo publiée par le compte officiel de la présidence de la République libanaise sur X.
Le président de la République, Joseph Aoun, a reçu vendredi au palais de Baabda le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, qui lui a remis une lettre de félicitations du président Abdel Fattah Al-Sissi pour son élection et d'invitation au Caire « dans les plus brefs délais ».
Dans sa lettre, le président Sissi exprime son « plein soutien à la République du Liban, à son gouvernement et à son peuple » et réaffirme « la disposition de l’Égypte à aider le Liban à surmonter les conséquences de la guerre et de la destruction, ainsi qu’à participer au processus de reconstruction du pays », selon le compte de la présidence de la République libanaise sur X. Son invitation au président Aoun vise à « renforcer la coordination entre les deux pays ».
De son côté, M. Aoun a remercié le ministre égyptien pour « les efforts du président Sissi et de l'ambassade égyptienne à Beyrouth » qui ont notamment permis d'aider le Liban à sortir de plus de deux ans de vacance présidentielle, grâce au rôle de l'Egypte dans le « Quintette » (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar). Il a affirmé envisager une visite au Caire « après la formation du nouveau gouvernement », à laquelle oeuvre le Premier ministre désigné Nawaf Salam depuis sa désignation le 14 janvier.
Concernant la situation dans le sud du Liban, le président Aoun a insisté sur le fait que « le Liban est attaché au retrait total d’Israël des territoires occupés » dans le Sud depuis « la dernière guerre », d'ici au 18 février et a exigé le retour des prisonniers libanais enlevés par Israël durant le conflit.
Gouvernement « inclusif »
Pour sa part, le ministre égyptien a insisté sur l'application intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies et un « retrait total et inconditionnel » d'Israël du Liban-Sud, exprimant le soutien de l’Égypte au déploiement de l’armée libanaise dans le Sud.
À l'heure où le gouvernement de Benjamin Netanyahu a retardé le retrait complet des troupes israéliennes du Liban-Sud, prévu pour le 26 janvier selon l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre entre le Liban et Israël, arguant d’un retard dans le déploiement de l’armée libanaise dans cette région, le président Sissi a écrit que « l’Égypte est résolument engagée à soutenir les institutions de l’État libanais et l’armée libanaise afin d’assurer son déploiement sur l’ensemble du territoire libanais, y compris dans le sud du pays ». Les États-Unis sont le principal pourvoyeur de fonds des armées égyptienne et libanaise, et, début janvier, l'administration Biden décidait de transférer au Liban 95 millions de dollars d'aide militaire, initialement allouée à l'Égypte.
Il a d'ailleurs exprimé ses « vœux de réussite » pour la formation du gouvernement à Nawaf Salam, lors d'une réunion avec ce dernier à Beyrouth. « Nous espérons que le gouvernement libanais sera formé dans un avenir proche afin que toutes les institutions de l'État soient au complet, ce qui permettra au gouvernement, en pleine coopération avec le président Joseph Aoun, de se consacrer à la reconstruction du pays et à sa sécurité ».
Au cours de sa réunion avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, M. Abdelatty a affirmé être « convaincu que le gouvernement sera rapidement formé pour relever les grands défis » qui attendent le Liban. M. Mikati a, lui, salué les « efforts déployés » par l'Egypte lors de son mandat à la tête du cabinet.
Le ministre s'est ensuite rendu chez le président du Parlement Nabih Berry. « La formation du gouvernement ne sera qu'une histoire de quelques jours, pas de semaines ou de mois », s'est réjoui le chef de la diplomatie égyptienne cité par un communiqué de Aïn el-Tiné. Il a appelé de ses vœux un gouvernement qui « reflète le consensus entre tout le peuple libanais, toutes ses confessions et obédiences », souhaitant qu'il soit formé « en vitesse ». Le ministre égyptien des Affaires étrangères a également appelé de nouveau à « un retrait complet et total des forces d'occupation israéliennes du Liban-Sud ».
Le patriarche maronite Béchara Raï a également reçu M. Abdelatty dans l'après-midi, à Bkerké. Le diplomate lui a exprimé son souhait que le gouvernement libanais soit formé « dans les plus brefs délais, afin qu'il puisse s'occuper des problèmes et des besoins du peuple ». Il a également fait part de son optimisme quant à l'avenir du Liban, « notamment en ce qui concerne la formation du gouvernement et le redémarrage de la vie quotidienne sur tous les plans ».
Le ministre égyptien a salué par ailleurs « le rôle précieux joué par le patriarche Raï pour mettre fin à la vacance présidentielle au Liban, ainsi que son discours constant appelant au dialogue et à la coexistence ». M. Abdellaty a été reçu aussi par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.
Il s'agit de la troisième visite de Badr Abdelatty à Beyrouth, a rapporté l’ambassade d’Égypte à Beyrouth, depuis sa prise de fonction en juillet 2024. Il y était venu le 15 août 2024 dans le cadre d'efforts diplomatiques visant à apaiser les tensions régionales, et le 13 novembre 2024 afin de demander un terme « dès que possible » à la guerre au Liban et d'appeler de ses vœux l'élection d'un président de la République.
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16 h 55, le 31 janvier 2025