
Hussein el-Hajj, Jalal Harb et Zahraa Shamas en compagnie de Pascale Brenet, directrice de Pepite BFC.
Pour Hussein el-Hajj, Jalal Harb et Zahraa Shamas, l’aventure se poursuit et sous de bons auspices. Les
étudiants-entrepreneurs ont été lauréats de la 3e édition du pré-incubateur Badeel du Centre d’employabilité francophone affilié à l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) en juillet dernier. C’est précisément dans ce cadre qu’ils ont bénéficié d’un séjour d’une semaine à Besançon, sous la supervision de Pascale Brenet, directrice du Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pepite) Bourgogne-Franche-Comté (BFC). Composé des sept établissements d’enseignement supérieur de la Bourgogne-Franche-Comté, ce dernier est une des 29 Pepites mises en place par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Labellisé en mars 2014, il propose un ensemble d’actions de sensibilisation, de formation et d’accompagnement destinées aux étudiants et jeunes diplômés. L’application Awfarli, créée par el-Hajj et Harb, connaît déjà un grand succès : en un an, plus de 60 000 utilisateurs au Liban et des grands fournisseurs tels que al-Makhazen et Foodies. Cependant, ces chiffres devraient bientôt augmenter. En effet, les deux jeunes hommes s’apprêtent à intégrer le marché français dans les deux mois à venir. Rythmé par de nombreux temps forts, leur séjour à Besançon leur a en effet permis de rencontrer des acteurs-clés pour explorer les perspectives d’expansion en France dès l’année en cours, et de revenir au pays avec « du tangible », comme l’explique Hussein el-Hajj. « Comme son nom l’indique, notre application consiste à faciliter les courses tant pour les consommateurs que pour les supermarchés en proposant des comparaisons de prix en temps réel, un système de commande fluide et des informations exploitables sur le marché », précise-t-il. En effet, les consommateurs bénéficient de comparaisons de prix instantanées, tandis que les supermarchés ont accès à un tableau de bord robuste avec des mises à jour en réel sur les prix des concurrents. Par conséquent, l’application favorise une expérience d’achat plus transparente, plus compétitive et plus pratique pour toutes les parties concernées. « Lors de notre séjour, nous avons essentiellement tenu des réunions pour discuter d’opportunités de collaboration avec des clients potentiels qui pourraient être séduits par notre service. Plusieurs se sont déclarés intéressés, d’autant qu’il y a actuellement de l’inflation et que les citoyens français cherchent à économiser. Ce facteur nous a poussés à intégrer le marché français, à créer notre société là-bas et à signer des contrats avec des entreprises françaises »,
indique-t-il. « Nous avons également profité d’un bootcamp intensif », ajoute-t-il. « C’était une excellente expérience, car nous avons bénéficié de mentorats, de conseils et d’exercices pratiques avec des experts en affaires et en technologies. Nous avons également pu entrer en contact avec des étudiants et des entrepreneurs qui ont élargi notre perspective et nous ont communiqué leur point de vue sur notre propre projet. Ainsi, nous avons découvert la différence entre les deux marchés, libanais et français, et appris ce que nous pouvons faire différemment dans notre projet pour servir les citoyens français », a-t-il poursuivi. Cette expérience a non seulement renforcé le projet des deux jeunes entrepreneurs, mais leur a aussi permis de réseauter. Un point crucial, sur lequel insiste Jalal Harb, pour qui se retrouver au cœur d’un écosystème aussi riche et divers était des plus enrichissants. « Il est primordial de pouvoir tisser des liens aussi bien au Liban qu’à l’étranger pour pouvoir s’étendre, remarque-t-il. Car bien sûr, les idées ne valent rien sans leur mise en œuvre. » Interrogé sur la valeur ajoutée de ce déplacement, la réponse du tandem fuse : « Les autres entrepreneurs et porteurs de projets que nous avons eu la possibilité de côtoyer. Le fait de pouvoir échanger avec eux, de profiter de leur regard et retour d’expérience est un vrai plus ! » Ambitieux, le duo qui souhaite s’offrir toutes les possibilités de réussir à moyen et à long terme aspire aujourd’hui à augmenter le nombre d’utilisateurs sur son application mobile au Liban. Il ambitionne aussi de nouer un partenariat avec le ministère libanais de l’Économie et l’aider à automatiser ses processus, tout comme à explorer le potentiel du Koweït et de l’Arabie saoudite… Histoire de prouver que l’adjectif « impossible » n’a pas sa place dans le jargon entrepreneurial.
Une occasion privilégiée d’apprentissage et d’échanges
« Fructueux et inoubliable. » C’est ainsi que Zahraa Shamas 22 ans qualifie, elle, son séjour dans l’Hexagone. Cofondatrice de ZFX, une start-up pionnière basée au Liban et spécialisée dans le maquillage d’effets spéciaux cinématographiques et théâtraux, la jeune entrepreneuse anglophone a dû surmonter la barrière linguistique au début, mais elle avoue que cette expérience a constitué « une occasion privilégiée d’apprentissage et d’échanges » prenant diverses formes, allant des rencontres inspirantes aux témoignages captivants des autres jeunes entrepreneurs, en passant par les sessions de formation suivies, le bootcamp, les groupes de travail, le mentorat et les activités interactives stimulantes organisées. « Cela a été l’une des expériences les plus enrichissantes de mon développement professionnel jusqu’à présent », confie-t-elle. « Le bootcamp intensif de deux jours m’a permis de clarifier davantage ma proposition de valeur, de réseauter et de nouer des relations significatives, de partager mon expérience avec des jeunes entrepreneurs qui ont le même profil que moi, de découvrir de nouvelles idées, de nouveaux modèles d’affaires, de voir comment fonctionnent les start-up françaises, quels sont leurs défis, d’apprendre des expériences et des erreurs des différents participants issus d’horizons différents, comme l’Espagne ou encore la Colombie. De plus, cela m’a encouragé à réfléchir, à explorer les choses sous une autre perspective, notamment française, mais aussi à planifier des actions et à définir de nouvelles étapes dans mon parcours entrepreneurial », a-t-elle précisé. Une de ces nouvelles actions sera bientôt concrétisée. En effet, Zahraa Shamas collaborera, aux côtés d’une jeune entrepreneuse française dont elle a fait la connaissance, à une exposition que cette dernière organisera prochainement à Dijon. Elle se chargera de réaliser les effets spéciaux. Parallèlement, elle continuera à mener ses différents projets, dont sa collaboration avec VEGO Media Production, ses ateliers dans le cadre de la Special Effect Academy avec l’espace Shams. Au programme aussi, un voyage en Allemagne afin d’explorer le potentiel qu’offre le marché germanique… « Dans l’ensemble, je suis extrêmement reconnaissante pour cette opportunité, pour cette expérience et pour avoir pu apprendre comment améliorer et développer mon entreprise », a-t-elle conclu.
