
L'interview télévisée du Premier ministre sortant Nagib Mikati sur la chaîne LBCI, le 20 janvier 2025. Capture d'écran
Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a affirmé lundi soir que « la plupart des grands groupes parlementaires » l'avaient contacté le dimanche qui avait précédé les consultations contraignantes ayant conduit à la nomination de Nawaf Salam, le 13 janvier, en tant que Premier ministre. Ces blocs avait assuré à M. Mikati qu'ils le nommeraient selon lui, mais ce-dernier n'a récolté que 9 voix, contre 84 pour Nawaf Salam et 35 bulletins blancs.
Dans une interview avec le journaliste Albert Kostanian sur la chaîne LBCI, M. Mikati est revenu en détail sur les récents événements ayant entouré la désignation de son successeur. Il a de nouveau félicité Nawaf Salam pour sa nomination et l'a justifiée par « une ambiance politique générale d'aspiration au changement. » Il est également revenu sur les armes du Hezbollah et sur la formation d'un nouveau gouvernement.
Nouveau gouvernement d'ici « vendredi ou samedi »
« La plupart des grands groupes m'avaient contacté dimanche (12 janvier) et m'ont dit qu'ils me nommeraient à la tête du gouvernement », a ainsi confié M. Mikati, en mentionnant notamment le « rôle décisif » joué par le revirement du Parti socialiste progressiste (PSP) et de son leader druze Walid Joumblatt, qui a soutenu au dernier moment Nawaf Salam.
« J’ai appelé ceux qui m’avaient spontanément soutenu pour leur dire que je souhaitais me retirer et demandé aux blocs sunnites de nommer M. Salam. Il y a eu aussi des contacts avec l’étranger, notamment avec la France en amont », a-t-il précisé tout en affirmant « n'avoir de rancœur envers personne ».
En poste depuis septembre 2021, Nagib Mikati a ensuite plaidé pour que « la franchise et la réconciliation » soient « le titre du nouveau Liban » et a assuré que « selon (s)es informations, le gouvernement est censé être formé entre vendredi et samedi ». « Le discours d'investiture (de Joseph Aoun) a besoin d'un gouvernement pour le mettre en œuvre et nous verrons comment le gouvernement sera formé. Rien ne passe avant l'intérêt général, et dans la politique libanaise, nous devons prendre en considération tout ce qui est nécessaire, mais pas au détriment de l'État et de l'intérêt national », a-t-il poursuivi.
Il a par ailleurs estimé que le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, ne comptaient pas adopter de position réfractaire au changement promis par le président Joseph Aoun et le Premier ministre désigné Nawaf Salam dans leurs discours respectifs. « Le président (de la Chambre des députés) Nabih Berry a lui-même dit que le pays devait bouger, et je crois que le tandem chiite n'y fera pas obstacle », a-t-il affirmé.
Aucun regret
« Je n'ai pris aucune décision que je regrette et je suis prêt à rendre des comptes », a par ailleurs déclaré M. Mikati, estimant être parvenu à « limiter les pertes au cours de ses trois ans et trois mois aux responsabilités, malgré les échecs de la classe politique ». Interrogé sur son sentiment à propos de l'issue inattendue des tractations parlementaires, il a souhaité exprimer « tout (s)on soutien » à l'ancien président de la Cour internationale de justice et qu'il était « favorable » à sa nomination.
« Il y a eu une ambiance générale d'aspiration au changement, et Nawaf Salam semblait être celui qui incarnait le mieux ce changement », a-t-il justifié en confiant avoir lui-même prévenu son successeur le jour de sa désignation. « Je l’ai appelé à la Haye et il m’a dit : 'Que se passe-t-il ?', et je lui ai répondu : 'Alf mabrouk' (félicitations) », a-t-il assuré.
Le désarmement du Hezbollah « doit se régler progressivement »
Le Premier ministre sortant a en outre répondu à une question sur le dossier épineux des armes du Hezbollah. « Je n'accepte pas qu'il y ait des armes autres que des armes légales sur le territoire libanais, et la question doit se régler progressivement », a-t-il indiqué en soulignant l'importance de l'application complète de l'accord de cessez-le-feu au Liban-Sud et du retrait de l'armée israélienne « de tous les territoires libanais ». « Nous commencerons à délimiter la frontière libano-syrienne », a-t-il ajouté en référence à sa récente visite à Damas pour y rencontrer le nouveau dirigeant syrien Ahmad el-Chareh. « J'ai parlé de cette visite au président Aoun avant son élection », a-t-il déclaré, ajoutant avoir été « positivement surpris par cette visite » qui présage selon lui de « relations excellentes avec la Syrie ».
Enfin, M. Mikati a confié qu'il souhaitait rester « impliqué » dans la vie politique libanais pour pour faire valoir ses positions et s'est dit « prêt à servir si on l’appelait pour l’intérêt du Liban ». Il a toutefois assuré ne pas briguer de nouveau mandat au Sérail en cas d'échec du gouvernement en gestation. « Je ne peux pas être candidat si la coalition échoue, et je ne l'accepterai pas sous quelque forme que ce soit », a-t-il conclu.
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09 h 27, le 22 janvier 2025