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Nos Lecteurs ont la Parole

Bilan de la République libanaise

Beyrouth, la ville des puits, n’étanche pas la soif de ses habitants. Jadis, la perle de l’Orient, elle ne se reconnaît plus aujourd’hui avec un centre-ville où son âme a été élaguée et des banlieues n’obéissant à un aucun plan d’urbanisme digne de ce nom avec un acharnement des familles qui ont hérité les sublimes maisons d’antan à les vendre.

Le Liban est un pays aux 40 fleuves dont 16 sont pérennes et ses habitants caressent un rêve en commun : voir l’eau potable couler dans leurs robinets sans interruption.

Les entreprises au Liban selon la région s’installent en payant en général une « redevance » au seigneur du lieu et n’ont majoritairement aucun respect pour l’environnement, déversant leurs horreurs dans les cours d’eau, bafouant la quiétude et la santé des habitants

La pollution des nappes phréatiques bat son plein, tout comme le rejet de gaz toxiques dans l’air sans aucun contrôle et les saletés sont déversées dans une mer elle-même divisée par un communautarisme affligeant (Saïda est un bon exemple, mais n’est pas souveraine dans ce genre de gestion).

Les routes sont de belles pistes de moto cross où les commerces des mécaniciens, des pneus et du reste prolifèrent grâce à une détérioration inéluctable des voitures.

L’hygiène dans les rues est à géométrie variable et le pays passe en seconde zone. Comme le dit fièrement l’adage libanais : « Après mon âne, que l’herbe ne pousse plus. »

La ruée vers le « cash and carry » ancrant une politique de survie et non de vue à long terme biaise profondément toute politique de développement pérenne.

La médiocrité gagne les batailles dans les services, les services après-vente, la programmation télévisée et sur les réseaux sociaux, l’éducation et le civisme.

La culture devient une mosaïque

d’à-peu-près, superficielle, trempée dans des prétentions de « je sais tout » et le sentiment de supériorité qui n’émane en fait que d’une profonde ignorance...

La Sainte-Barbe est une fête de tous les jours où les masques de l’hypocrisie cachent (seulement aux naïfs) les mauvaises intentions et l’envie de voir l’autre ne pas y arriver, à coups de « bro », « habibé » et j’en passe.

Des sourires soi-disant bienveillants et qui sont en fait trempés dans le fiel du mépris et de l’individualisme à outrance, sertis d’une maladie du paraître même si souvent on vit largement au-dessus de ses propres capacités

Les ambiances de souk et la qualité des produits d’antan ont laissé la place à des pseudo-reliques d’un temps passé avec des féodaux locaux qui viennent jusqu’à agencer des lieux historiques uniquement à des fins pécuniaires.

Alors oui, le système et la politique ont toujours bon dos pour leur jeter l’opprobre et se victimiser en essayant de s’en dégager avec la fameuse phrase : « Penses-tu que je sois le seul dans cette situation ? »

L’électricité est éteinte au profit de la mafia des générateurs et de l’État, plutôt les corsaires qui pilotent la gouvernance d’une zone au diapason des desiderata étrangers en échange d’un confortable pactole pour semer l’immoralité et attirer vers eux ceux qui veulent se contenter de leurs miettes, ayant échoué à voler de leurs propres ailes, avec une mafia derrière le bouclier d’une démagogie atroce « on ne nous a pas laissés »...

Même les oiseaux migrateurs, ou fous pour rester toute l’année, ne voient plus dans le Liban qu’un déluge au lieu d’être un refuge.

Des médias achetés répètent à longueur de journée des mensonges finissant par en faire (c’est scientifiquement prouvé au niveau cérébral) des vérités que des groupes du peuple finissent par embrasser et ériger contre leurs concitoyens.

Le système est une Constitution beurrée par un désir de protéger les minorités mais qui en dessous est comme du vinaigre permettant aux marionnettistes eux-mêmes sous-fifres chez des invisibles de diviser pour régner avec des slogans axés sur la peur de l’autre.

Mais le rêve est possible… Et ce rêve ne tient qu’à un choix individuel pour en faire un choix sociétal. Tout comme le bon grain et l’ivraie.

La terre du Liban est une terre qui mérite notre confiance mais souvent nous ne nous demandons pas si le Liban peut avoir confiance en nous.

Qu’avons-nous fait d’un pays beau comme le ciel, jalonné de cours d’eau, de terre fertile, de variétés endémiques et de chants d’oiseaux, refuge des libertés et de gens en prière qui encensent et méditent ?

Et pourtant il suffirait de se lever et de dire non.

Non dans les urnes. Pour élire des gens qui n’ont comme seule ambition que de servir leur pays, conscients que c’est lui qui prime.

Non aux agissements qui vont à l’encontre d’un développement collectif par des sanctions lourdes et un retrait de la nationalité libanaise à tous ceux qui ont insulté la portée de notre pays.

Et qui toisent l’histoire en pensant qu’elle va leur être miséricordieuse et compréhensive...

Alors oui, en parler est plus simple que le faire.

Mais quand il y a une vraie envie de le faire, le reste devient possible.

Il y a encore des personnes au Liban qui sont authentiques et qui veulent un pays qui les a accompagnés dans leurs rêves depuis qu’ils sont enfants.

Mais ça ne doit plus être un rêve que d’écouter les oiseaux par milliers ; de boire directement des rivières nettoyées ; d’imposer un plan d’urbanisme qui protège la nature et lui donne sa suprématie et qui maintient les architectures traditionnelles  ; de regarder l’autre avec bienveillance ; de considérer les différences comme source de richesse ; de prier dans les églises et les mosquées avec des guides purs et saints sans dichotomie entre leurs paroles et leurs actes ; d’avoir des plages propres et gratuites ; d’avoir un niveau de services professionnel ; de compter sur soi pour nous en sortir, associant qualité, audace, créativité et intégrité ; de drainer sur la base de la confiance prouvée les capitaux et les Libanais de l’étranger pour investir dans le pays ; de développer nos forêts et nettoyer l’air que nous respirons ; protéger nos nappes phréatiques ; de gérer de manière intelligente et écoresponsable nos déchets

Et de parler à l’humain, quelle que soit sa religion ou sa foi, car nous sommes tous solidairement responsables de nos abîmes comme de nos cimes.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Beyrouth, la ville des puits, n’étanche pas la soif de ses habitants. Jadis, la perle de l’Orient, elle ne se reconnaît plus aujourd’hui avec un centre-ville où son âme a été élaguée et des banlieues n’obéissant à un aucun plan d’urbanisme digne de ce nom avec un acharnement des familles qui ont hérité les sublimes maisons d’antan à les vendre.Le Liban est un pays aux 40...
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Espérons

Eleni Caridopoulou

16 h 54, le 17 janvier 2025

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  • Espérons

    Eleni Caridopoulou

    16 h 54, le 17 janvier 2025

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