Des drapeaux de la révolution syrienne dans un souk de Damas, le 11 décembre 2024 en Syrie. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Des chefs de la diplomatie européens et du Moyen-Orient sont arrivés dimanche à Riyad pour discuter de la Syrie, où les nouvelles autorités réclament une levée des sanctions internationales pendant que les capitales étrangères attendent de les juger sur des actes.
Un mois après la chute de l'ancien président Bachar el-Assad, le 8 décembre, l'Arabie saoudite, première économie du Moyen-Orient, cherche à accroître son influence en Syrie, à présent dirigée par un gouvernement de transition dominé par des islamistes radicaux.
Deux réunions sont prévues dimanche à Riyad, l'une entre responsables de pays arabes et l'autre associant également des représentants de la France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, de Turquie ainsi que des Nations unies et de l'Union européenne. Le nouveau pouvoir syrien est représenté par son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, au moment où les autorités de transition conduites par Ahmad el-Chareh réclament une levée des sanctions frappant leur pays.
Les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis et l'Union européenne, avaient imposé des sanctions au gouvernement de Bachar el-Assad en raison de la répression des manifestations de 2011, qui a déclenché la guerre civile ayant fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de Syriens. De nombreuses capitales, dont Washington, ont déclaré attendre de voir comment les nouvelles autorités dominées par le groupe islamiste radical Hay'at Tahrir el-Sham (HTC), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, exerceraient leur pouvoir avant de se prononcer sur une levée des sanctions.
« Approche intelligente »
« Les sanctions contre les proches de Bachar el-Assad, responsables de crimes graves pendant la guerre civile, doivent rester en place », a affirmé dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à des journalistes à Riyad. « Mais l'Allemagne propose une approche intelligente des sanctions pour apporter un soulagement rapide à la population syrienne », qui a « besoin de bénéficier rapidement des retombées positives de la transition », a-t-elle ajouté. Elle a précisé que son pays fournirait 50 millions d'euros supplémentaires « pour l'alimentation, les abris d'urgence et les soins médicaux ».
La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, présente elle aussi à Riyad, avait déclaré vendredi que les 27 pourraient « progressivement » assouplir leurs sanctions « à condition que des progrès tangibles soient réalisés », notamment sur la protection des minorités. Plusieurs chefs de la diplomatie arabes sont arrivés à la réunion de même que leur homologue turc, Hakan Fidan, selon des journalistes de l'AFP.
Le sous-secrétaire d'Etat américain sortant, John Bass, était également attendu, après une visite en Turquie où il a souligné « l'importance de la stabilité régionale, d'empêcher la Syrie d'être utilisée comme une base pour le terrorisme et d'assurer la défaite durable » du groupe jihadiste Etat islamique, selon le département d'Etat. Réunie en décembre en Jordanie, la communauté internationale avait défini des conditions pour dialoguer avec les nouveaux dirigeants syriens, notamment le respect des minorités et des droits des femmes, ainsi que la lutte contre l'EI.
Influence saoudienne
L'Arabie saoudite, qui avait rompu ses liens avec le gouvernement d'Assad en 2012, a rétabli en 2023 ses relations avec la Syrie et œuvré pour son retour au sein de la Ligue arabe, mettant fin à son isolement diplomatique. « Ce sommet envoie le message que l'Arabie saoudite veut s'imposer à la tête des efforts régionaux visant à soutenir la reconstruction de la Syrie », souligne la chercheuse Anna Jacobs, du Arab Gulf States Institute de Washington.
Riyad observe une position plus prudente vis-à-vis des nouvelles autorités syriennes que d'autres pays comme la Turquie et le Qatar, qui ont été les premiers à rouvrir leurs ambassades à Damas, souligne Umer Karim, chercheur sur la Syrie à l'université de Birmingham.
Néanmoins, Riyad « observe de manière positive » les nouveaux dirigeants syriens et cherche à savoir s'ils peuvent apporter de la stabilité et « contrôler les éléments les plus extrêmes dans leurs rangs », a-t-il ajouté.
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