Le 9 janvier 2025 sera-t-il réellement le jour J du Liban ? Devant les secousses graves qui bouleversent notre région, devant les événements qui se déroulent et leurs répercussions sur la scène libanaise, entre autres, la discordance entre les différentes factions politiques, les Libanais lancent un fervent appel aux députés de la nation. Voulez-vous sauver notre pays ?
Ne ratez donc pas cette opportunité. Nous ne vous demandons pas une « opération Overlord », mais simplement une concordance qui mène à élire un président qui puisse rapprocher les positions afin de garder l’unité du pays. C’en est fini de l’« œil pour œil ». Cette unité, n’est-elle pas la conjugaison d’actions communes entre les groupes politiques distincts ? N’est-elle pas la plus simple expression de l’ordre ? La tâche d’un président au Liban ne se limite-t-elle pas, essentiellement, à réaliser la cohérence interne de son pays ?
Les Libanais aspirent à élire un président qui sauvegarde la souveraineté. Puisque la souveraineté est inaliénable, le Liban doit continuer à bénéficier de la protection et la garantie de la personne, de la liberté et des droits qui doivent être assurés par le président. Par son tact, son intuition, son doigté, il conservera, défendra, préservera et protégera l’État.
Depuis la création de l’État du Grand Liban en 1920, en passant par l’indépendance en 1943, et jusqu’à nos jours, les Libanais se sentent autonomes, libres de toute dépendance. Leur président symbolise cet état d’esprit. Quant à la démocratie, cette doctrine politique dont le Liban est le pionnier au Moyen-Orient, elle a toujours œuvré pour préserver le respect de la liberté, de la représentativité et de l’égalité des citoyens.
Un président du Liban veillera au respect inconditionnel de ce patrimoine libanais. Les Libanais aspirent à ce que l’ordre, la sécurité, la stabilité financière soient rétablis. Ils n’arrivent pas, jusqu’à présent, à concevoir l’escroquerie du siècle qui leur a été imposée ! Des femmes et des hommes qui ont travaillé dur pour assurer une digne et paisible retraite ont été dévalisés ! Notre futur président saura ajuster cette injustice.
Notre président qui sera élu le 9 janvier est appelé à répondre aux appels de tous les Libanais qui réclament un État fort, qui soit à la hauteur de leurs attentes et leurs aspirations. C’en est fini de l’hégémonie des groupes et des partis. Tous les Libanais, sans exception, à travers 50 ans, ont offert du sang à l’autel de la patrie.
N’incombe-t-il pas à nous tous de guider la jeunesse vers les retrouvailles, les rencontres, l’entente ? Vers la culture de la vie ? Vers le savoir ? « L’encre du savant vaut mieux que le sang du martyr », dit le prophète de l’islam. Et aussi, « les savants sont les héritiers des prophètes » !
Nous voulons un président qui répondra à l’appel de toutes les familles libanaises et œuvrera pour la performance d’une certaine conception de la démocratie libanaise, en mettant en place les structures de concertation, de dialogue et de communication qui permettent ce vivre-ensemble dont nous rêvons tous et espérons qu’il se concrétise. Pourquoi le président, en cas de discorde au Conseil des ministres et de paralysie à la Chambre, ne s’adresserait-il pas à un éventuel conseil de sénateurs ? Pourquoi l’accord de l’entente national (Taëf) n’a pas été respecté à la lettre ? L’instauration ou l’application, quoique tardive, de ce conseil ne serait-elle pas une démocratie innovatrice ?
Monsieur le futur Président, au Liban, nous aurons à choisir entre deux visions de l’avenir. La première est celle, comme disait Amin Maalouf, d’une société partagée en religions et confessions, qui se combattent, qui se haïssent, mais qui, sous l’effet de la puissance étatique, si elles persistent – ici nous saluons la bravoure, le sacrifice, la fidélité de notre armée libanaise –, se nourrissent, chaque jour davantage, du même plat culturel différencié. La seconde est celle d’une société consciente de son destin commun et réunie de ce fait autour des mêmes valeurs essentielles, mais continuant à développer un symbole de coexistence, de convivialité, de pluralisme, de
vivre-ensemble. Un modèle d’une civilisation qui développe les expressions culturelles les plus diverses, qui préserve ses langues, ses traditions, sa sensibilité, sa mémoire, son savoir.
Messieurs les Députés, répondrez-vous à l’appel des familles libanaises ?
Élirez-vous un président qui assurera l’équilibre de notre pays ? Ferez-vous de ce 9 janvier 2025 un jour J dans l’histoire du Liban ?
Et vous, Monsieur le Président de la République libanaise, sachez que les jeunes du Liban, leurs parents, croient encore que ce Liban est un « don », une « grâce ». Nous vous prions de ne pas les gaspiller. Il est aussi un « avenir ». Mais l’avenir n’est pas écrit d’avance. C’est à nous tous de l’écrire, à nous tous de le concevoir, à nous tous de le bâtir.
Ne faut-il pas, sous l’égide du nouveau président, rassembler, rassurer, écouter, inclure, partager, et avant tout avec sagesse ?
N’est-il pas arrivé, le temps de passer de l’État carrefour à l’État intégrateur ?
Enfin, « verba volant, scripta manent », dit la formule latine. Les paroles volent, les écrits restent.
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