Édito Édito

Casse-tête


En deux mois, le Proche-Orient a été chamboulé par des événements majeurs : la guerre entre Israël et le Hezbollah suivie de l’occupation par Tsahal d’une partie du Liban-Sud ; et le départ précipité de Bachar el-Assad qui a détalé sans coup férir après avoir assassiné ou embastillé des milliers de Syriens et de Libanais. Pour importants qu’ils soient, ces deux événements doivent être appréhendés avec prudence et sans euphorie : quoique meurtri par la disparition de son leader et par toutes les pertes subies, le Hezbollah, habité par l’idéologie du martyre, ne s’avoue pas vaincu et continue à défier le gouvernement, la justice et les forces de l’ordre comme si de rien n’était, tout en jouant avec le feu puisqu’il propose une lecture tronquée de l’accord de cessez-le-feu et s’offusque de subir les contrôles de l’armée ou ceux des responsables de la sécurité à l’Aéroport international de Beyrouth, s’exposant ainsi aux représailles d’un ennemi qui l’attend au tournant et qui, déjà, ne se gêne pas pour prendre comme prétexte la moindre infraction afin de violer l’accord en question.

Le futur président de la République aura du pain sur la planche : prévenir l’escalade, éviter l’hégémonie des trublions, restaurer les relations avec les pays du Golfe et dialoguer avec le nouveau régime syrien dont on ignore encore les desseins réels. Sera-t-il islamiste ou laïque, et quel sort réservera-t-il aux chrétiens du pays qui ne cachent pas leur inquiétude ? Comment arrivera-t-il à fédérer les différents groupuscules armés, y compris les plus infréquentables d’entre eux ? Optera-t-il pour la décentralisation, pour une fédération ou pour une division plus ou moins comparable à celle qui existait à l’époque du Mandat français ? Est-il possible de composer avec la Turquie d’Erdogan sans y laisser des plumes et comment gérer la sempiternelle question kurde ? Pour l’instant, l’homme qui a troqué son turban contre un costume-cravate montre patte blanche. Mais il se peut que cette patte n’ait pas encore sorti toutes ses griffes !

Quoi qu’il en soit, au Liban comme en Syrie, les puissances étrangères veulent avoir voix au chapitre, et décider de l’identité du futur président chez l’un et du découpage du territoire chez l’autre, comme si ces deux peuples, affaiblis hélas par leurs luttes intestines, n’avaient ni souveraineté ni dignité. Dans Le Rocher de Tanios d’Amin Maalouf, l’émir de Beiteddine admet avec amertume : « Lorsque les grands se battent contre les grands, notre décision ne nous appartient plus… À certains moments, mon autorité n’allait guère au-delà de ce tapis sur lequel mes pieds sont posés. »

Rien n’a changé depuis deux siècles.

En deux mois, le Proche-Orient a été chamboulé par des événements majeurs : la guerre entre Israël et le Hezbollah suivie de l’occupation par Tsahal d’une partie du Liban-Sud ; et le départ précipité de Bachar el-Assad qui a détalé sans coup férir après avoir assassiné ou embastillé des milliers de Syriens et de Libanais. Pour importants qu’ils soient, ces deux...
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