
La prison de Roumié, la plus grande du Liban, située dans le Metn. Photo Marwan Assaf
Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a ordonné la nomination rapide d'une équipe qui serait chargée d'inspecter les prisons libanaises, en attendant que le Parlement prenne une décision concernant une éventuelle loi d'amnistie. Une prise de position exprimée lors d'une réunion au Sérail, alors que la question de la surpopulation carcérale revient régulièrement sur le devant de la scène et que les islamistes au Liban réclament de façon pressante une loi d’amnistie générale à la suite de la chute du régime Assad en Syrie, et la prise de pouvoir d'une coalition rebelle menée par des islamistes.
Le comité réclamé par M. Mikati devra être formé d'un juge de la Cour de cassation, d'un officier des Forces de sécurité intérieure (FSI) et d'un représentant de la Croix-Rouge, afin d'inspecter les prisons et surveiller leurs conditions, selon un communiqué du Sérail publié à l'issue d'une réunion avec les ministres sortants de l'Intérieur Bassam Maoulaoui et de la Justice Henri Khoury.
Détenus non-jugés
Après la réunion, M. Khoury a indiqué que les discussions s'étaient concentrées sur « la situation des détenus et des prisons au Liban, ainsi que la question des détenus en Syrie », ajoutant que « des mesures seront prises à cet égard ». Concernant le sort des détenus incarcérés sans avoir été jugés, il a précisé : « Cette question est en cours de traitement et il y a un suivi attentif de ce dossier, et nous espérons que cette question sera résolue. »
Un rapport récent de la Commission des prisons au sein de l’ordre des avocats de Beyrouth recensait 8 402 prisonniers détenus dans les geôles libanaises, dont 83 % n’ont pas encore été jugés.
Depuis des années, les proches des détenus islamistes emprisonnés pour « terrorisme » se mobilisent régulièrement au Liban, notamment à Tripoli (au nord) et à Saïda (au sud). Ils exigent une amnistie générale et la libération de plusieurs prisonniers libanais et syriens, dont certaines figures religieuses accusées d’activités terroristes. Parmi elles, le cheikh Ahmad el-Assir, arrêté en 2015 et condamné à mort pour avoir dirigé des affrontements meurtriers contre l'armée libanaise à Abra, une banlieue de Saïda, en 2013. Dans une vidéo diffusée jeudi dernier, le cheikh el-Assir a appelé les autorités libanaises à clore le dossier des islamistes et invité les autorités libanaises « aux meilleures relations de bon voisinage » avec la Syrie.
Après que Hayʼat Tahrir el-Cham (HTC) a renversé l'ex-président syrien Bachar el-Assad, les proches des détenus islamistes ont repris leurs manifestations. La chute du régime syrien et l’ascension au pouvoir d’un groupe islamiste en Syrie ont ravivé leur espoir de voir les prisonniers libérés.
La question de l'amnistie générale est généralement repoussée de l'ordre du jour des autorités pour des raisons politiques et communautaires, chaque communauté au Liban réclamant l'amnistie pour des membres en lien avec différents dossiers polémiques.
83%! ai-je bien lu? Comment peut-on emprisonner indéfiniment sans jugement? quelle justice de pacotille!
07 h 15, le 17 décembre 2024