L'Union européenne veut entrer en contact "bientôt" avec les nouvelles autorités en Syrie, à un niveau "opérationnel" et non "politique", a affirmé vendredi un haut responsable européen.
"Nous envisageons d'établir des contacts (...) Ces contacts se feront au niveau opérationnel et nous espérons que cela se fasse bientôt", a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
Ces contacts n'auront pas lieu "au niveau politique, pas au niveau des hauts responsables", a-t-il insisté, ajoutant que l'UE disposait d'un chargé d'Affaires pour la Syrie, en résidence à Beyrouth.
A l'issue d'une offensive de 11 jours, la coalition rebelle, dominée par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de Abou Mouhammad al-Jolani, s'est emparée dimanche de Damas, mettant fin à un demi-siècle de pouvoir de la famille Assad.
L'UE, dont les ministres des Affaires étrangères se retrouvent lundi à Bruxelles, veut "envoyer des messages" aux nouvelles autorités syriennes, notamment sur le respect des minorités, des droits humains et de l'intégrité territoriale du pays, a encore expliqué ce responsable.
Les Européens s'inquiètent tout particulièrement du sort qui sera réservé aux minorités, dans un pays où sunnites, alaouites, chrétiens ou encore kurdes cohabitent difficilement.
La Syrie ne devra pas répéter les "scénarios terrifiants" de l'Irak, de la Libye et de l'Afghanistan, avait mis en garde mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. L'UE avait alors précisé n'avoir "aucun contact" avec les dirigeants du HTS.
Ce groupe islamique radical est considéré jusqu'à présent comme une organisation terroriste par les pays occidentaux. L'UE a pris des sanctions contre le groupe et ses dirigeants, conformément à une décision des Nations-Unies datant de 2014.
Mais cette décision n'empêche pas les "contacts", selon une source diplomatique européenne.
Le groupe HTS est l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, qui dit avoir rompu avec le jihadisme.
Les Européens s'inquiètent également du maintien ou non des deux bases russes dans ce pays, dont ils estiment qu'elles représentent une menace pour la stabilité de la région.
"Nous serions très heureux si les nouvelles autorités décidaient de les expulser", de fermer ces bases, "mais c'est à elles de décider", a également déclaré le haut responsable européen vendredi.
La Russie détient deux bases militaires en Syrie, une aérienne et l'autre navale, qui ont notamment été utilisées pour soutenir le président déchu Bachar al-Assad avant sa fuite. Elles sont aussi cruciales pour assurer l'influence du Kremlin dans la région.
Moscou a affirmé cette semaine être "en contact" avec les nouvelles autorités syriennes à propos du sort de ces deux bases militaires.
Mme Kallas doit participer samedi à un sommet de crise rassemblant les chefs de la diplomatie de plusieurs pays arabes, de la Turquie et l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie.
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