Un peu plus d’une semaine déjà depuis le cessez-le-feu. Un peu plus d’une semaine depuis que notre Liban a été, encore une fois, entraîné dans une guerre qui ne ressemble en rien à ce peuple vibrant, généreux et passionné. Une guerre entre Israël et le Hezbollah, menée au nom d’intérêts qui dépassent nos vies et nos rêves, et que beaucoup d’entre nous n’ont ni choisie ni acceptée.
Et maintenant, quoi ? On reprend la vie comme si de rien n’était? Les expatriés rentreront peut-être pour Noël, heureux de célébrer avec leurs familles parce que cette année, ils le peuvent. Mais combien de temps avant qu’une nouvelle crise ne les empêche de revenir ?
Oui, nous sommes résilients. Oui, nous sommes forts. Mais cette résilience a un prix. Nous sommes fatigués. Fatigués d’être sur nos nerfs à chaque porte qui claque, chaque tonnerre qui gronde, chaque sirène qui hurle. Fatigués de reconstruire encore et encore, chaque fois que les bombes tombent, que les immeubles s’effondrent, que nos cœurs se brisent. Fatigués de vivre au jour le jour, incapables de planifier demain, parce que demain est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.
Depuis le début du conflit, des centaines de civils innocents ont payé de leur vie. Des quartiers entiers ont été anéantis, les pertes économiques se comptent en centaines de millions de dollars et les blessures psychologiques, celles qui ne se voient pas, sont innombrables. Des familles ont été déplacées, des enfants traumatisés, des rêves brisés. Et pourtant, nous sommes censés reprendre la vie « comme avant ». Faire la fête, sourire, serrer nos proches dans nos bras, mais toujours avec cette inquiétude tapie derrière nos regards : combien de temps avant que cela ne recommence ?
Est-ce un métier ou un sort d’être libanais ? Une vocation ou une malédiction ? Nous sommes un peuple fier, oui, mais nous sommes aussi un peuple épuisé. Épuisé de reconstruire des maisons, des écoles, des hôpitaux, encore et encore. Épuisé de voir notre pays servir de champ de bataille pour des luttes qui ne sont pas les nôtres.
Non, cette guerre ne représente pas tous les Libanais. Non, elle n’est pas le choix de la majorité. Beaucoup d’entre nous ne veulent rien d’autre que vivre en paix. Nous voulons un Liban où nos enfants n’auront pas à reconnaître le bruit d’une bombe avant celui d’un avion. Un Liban où l’on pourra dire « à demain » sans craindre de ne jamais revoir ceux qu’on aime.
Alors oui, après la pluie, il y a le beau temps. Mais combien de temps avant la prochaine tempête ? Combien de fois encore faudra-t-il reconstruire sur des ruines, tout en sachant que ce cycle infernal risque de se répéter ? Nous sommes un peuple debout, mais un peuple usé. Et si la pluie finit toujours par passer, il est temps que le beau temps dure enfin.
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C’est vrai cette guerre ne pas des Libanais mais du Hezbollah et de l’Iran
18 h 36, le 13 décembre 2024