Le Hamas a fait savoir aux médiateurs qu'il accepterait que des troupes israéliennes restent temporairement à Gaza après la mise en œuvre d'un accord de cessez-le-feu, a révélé jeudi le Wall Street Journal (WSL).
Il s'agit de la première fois que le mouvement palestinien cède à deux des principales exigences d’Israël pour un accord de cessez-le-feu à Gaza, selon des médiateurs arabes, suscitant l’espoir d’une entente qui pourrait mener à la libération prochaine d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens, malgré l’échec répété de négociations précédentes.
Concessions sur les corridors
D'après les sources citées par le média américain, le Hamas a récemment fait preuve de plus de souplesse sur plusieurs points clés. Les médiateurs affirment notamment que le groupe est désormais disposé à accepter la présence temporaire de soldats israéliens dans le corridor de Philadelphie, une petite bande de terre à la frontière entre Gaza et l’Égypte, et dans le corridor de Netzarim, qui divise l’enclave en son centre. Celui-ci aurait également concédé la gestion du point de passage de Rafah côté palestinien, au sud de l'enclave, à la frontière avec l'Égypte.
Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a refusé de commenter cette information. Ce dernier a toutefois déclaré lundi qu’il y avait certains développements dans les pourparlers de cessez-le-feu, mais qu’il était trop tôt pour dire si un accord était envisageable.
Les progrès vers un accord surviennent après qu’une délégation égyptienne s’est rendue en Israël fin novembre et à la suite d'une déclaration du président élu Donald Trump plus tôt ce mois-ci sur le réseau Truth Social qu’il y aurait des « conséquences terribles » au Moyen-Orient si les otages n’étaient pas libérés avant son entrée en fonction en janvier. Les médiateurs égyptiens et américains cherchent également à capitaliser sur l’élan généré par le cessez-le-feu au Liban entre le Hezbollah et Israël, entré en vigueur le 27 novembre.
Nouveau cessez-le-feu de 60 jours ?
Dans le cadre de la dernière proposition, Israël et le Hamas envisagent une période de cessez-le-feu de 60 jours, au cours de laquelle jusqu’à 30 otages détenus à Gaza, y compris des citoyens américains, seraient libérés, selon les médiateurs. En échange, Israël libérerait des prisonniers palestiniens et autoriserait un accès accru à l’aide humanitaire pour Gaza.
Les négociations se sont accélérées cette semaine, avec une délégation israélienne visitant Le Caire mardi, quelques jours après la présence de responsables du Hamas dans la capitale égyptienne. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, devrait se rendre cette semaine en Israël, en Égypte et au Qatar pour soutenir les efforts visant à conclure un accord, ont indiqué les médiateurs au WSJ.
Le Hamas, qui avait longtemps résisté à ces conditions israéliennes, s’est montré plus ouvert à un compromis depuis que son allié Hezbollah a accepté un cessez-le-feu au Liban et le meurtre de Yahya Sinouar, son ancien chef, qui conditionnait notamment un accord au retrait total des forces israéliennes de Gaza. Le mouvement palestinien est actuellement dirigé par une direction collective, incluant des responsables de la diaspora palestinienne, selon des sources proches, en attendant qu’un successeur à Sinouar soit désigné.
Liste d'otages
Le groupe militant a également remis une liste d’otages comprenant des citoyens américains, qu’il libérerait dans le cadre d’un pacte de cessez-le-feu, une démarche qu’il n’avait pas entreprise depuis la première et seule trêve du conflit, fin novembre 2023. Parmi eux, figurent des femmes, des personnes âgées et des captifs souffrant de problèmes de santé, ainsi que les corps de cinq otages décédés, selon des médiateurs arabes.
Le groupe a également dressé une liste de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, dont il exige la libération dans le cadre de l’accord. Les otages pourraient être libérés peu après la signature de l’accord, tandis que le Hamas disposerait de plus de temps pour établir les noms des otages restants, leur localisation et leur état de santé, ont indiqué les médiateurs.
« Un accord d'échange de prisonniers nécessite la participation des deux parties, et l'ennemi doit donc prendre une décision politique pour parvenir à un accord fondamental », a déclaré le Hamas dans un communiqué au WSJ.
Les négociateurs israéliens cherchent actuellement à augmenter le nombre d’otages libérés dans la phase initiale du cessez-le-feu, tout en acceptant de se retirer progressivement du corridor de Philadelphie. Israël a par ailleurs informé les négociateurs qu’il était disposé à repositionner ses forces dans d’autres parties de Gaza, mais a rejeté la demande de limiter sa présence ailleurs, notamment dans le nord de l'enclave.
Au moins 30 tués à Gaza ces dernières 24h
Le dernier cycle de négociations de cessez-le-feu avait échoué en raison des demandes de Benjamin Netanyahu concernant le maintien des forces israéliennes dans les corridors stratégiques précités. Les autres points de désaccord incluaient la durée du cessez-le-feu (temporaire ou permanent), la sécurisation des frontières entre Gaza, l’Égypte et Israël, la capacité d’Israël à filtrer les Palestiniens revenant dans le nord de l'enclave, ainsi que la quantité d'otages israéliens vivants devant être libérés ou encore les noms des prisonniers palestiniens devant être relâchés en échange.
Selon l'État hébreu, il reste actuellement 96 otages à Gaza, pour la plupart Israéliens et des binationaux. Au moins 30 d'entre eux seraient considérés comme décédés, selon les renseignements israéliens. La guerre a été déclenchée par les attaques menées par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, qui ont fait 1.200 morts et environ 250 otages.
Depuis, l'offensive israélienne contre la bande de Gaza a tué au moins 44.786 Palestiniens, en majorité des civils, selon les dernières estimations du ministère de la Santé de l'enclave. Au moins 30 personnes ont été tuées après des frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Nousseirat et sur un convoi humanitaire à Rafah lors des dernières 24h, selon la Défense civile de Gaza.
Tout ça pour ça, ils peuvent remercier le Hzb !
15 h 02, le 12 décembre 2024