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Moyen-Orient - Liberté de la presse

« Hécatombe », « massacre » : deux rapports annuels sur les journalistes tués dans le monde accablent Israël

Le décompte de Reporters sans frontières fait état de deux journalistes tués au Liban jusqu'au 1er décembre 2024. 

Des secouristes de la Croix-Rouge libanaise sortant d'une ambulance le corps d'un journaliste tué au Liban-Sud, devant l'hôpital al-Zahra, le 25 octobre 2024. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour

« Une hécatombe » selon Reporters sans frontières (RSF), « un massacre » selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ) : les deux rapports annuels de ces ONG attribuent à l'armée israélienne une large partie du nombre de journalistes tués en 2024.

Le bilan de RSF, publié jeudi, affirme que « les forces armées israéliennes sont responsables de la mort » de 18 journalistes entre le 1ᵉʳ janvier et le 1ᵉʳ décembre 2024, date où s'est arrêté le décompte : 16 à Gaza et deux au Liban. Soit le tiers du total des journalistes tués dans l'exercice de leurs fonctions ou en raison de leur métier à travers le monde en 2024, soit 54 selon ce décompte arrêté au 1ᵉʳ décembre. Dans son rapport paru mardi, la FIJ estime pour sa part que plus de la moitié des journalistes tués cette année dans le monde l'ont été à Gaza (55 sur 104).

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Si le nombre de journalistes tués au Liban dans le rapport de RSF semble beaucoup plus bas que le décompte effectué ces derniers mois par L'Orient-Le Jour, c'est parce que l'organisation ne rassemble pour son rapport que les informations sur la mort, détention et enlèvement de journalistes « qui sont un résultat direct de leur travail journalistique », et les professionnels qui « entrent dans le cadre de son mandat ». RSF ne prend pas ainsi en compte les journalistes qui appartiennent à des chaînes ou médias affiliés à des partis politiques. Sur les neuf journalistes au moins identifiés dans notre décompte comme ayant été tués dans des frappes israéliennes sur l'année 2024 au Liban, seuls deux entrent donc dans les critères de RSF : Ghassan Najjar et Mohammad Reda, de la chaîne al-Mayadeen, tués dans la nuit du 25 octobre à Hasbaya au Liban-Sud. Le troisième journaliste tué cette nuit-là, Wissam Kassem, était caméraman pour al-Manar, officiellement liée au Hezbollah, et n'a donc pas été comptabilisé. Les autres journalistes identifiés, n'ont a priori pas été tués, selon nos informations, en raison de leur travail journalistique.

Plaintes à la CPI

Les chiffres diffèrent en outre entre RSF et la FIJ en raison d'un désaccord sur le mode de calcul. RSF ne recense que les journalistes dont elle a établi « de façon avérée qu'ils ont été tués en raison de leur activité », et pas « ceux visés pour des motifs indépendants de leur profession ou pour lesquels le lien avec leur travail n'a pas pu être confirmé ».

Au-delà des chiffres, les deux ONG s'accordent sur le constat. « La Palestine est le pays le plus dangereux pour les journalistes, enregistrant un bilan de morts plus élevé que tout autre pays depuis 5 ans », assure RSF, dont le siège est à Paris.

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Au total, « plus de 145 » journalistes ont été tués par l'armée israélienne depuis octobre 2023 à Gaza, dont « au moins 35 dans l'exercice de leurs fonctions », selon l'ONG. Ces chiffres passent respectivement à 155 et 40 si on inclut le Liban, ajoute RSF, qui déplore « une hécatombe sans précédent ». L'organisation a déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre commis contre les journalistes par l'armée israélienne ».

« Le journalisme est menacé de disparition dans l'enclave de Gaza », a déclaré à l'AFP Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF. Elle pointe un « black-out » qui revêt « de multiples dimensions » : outre « les exactions commises directement contre les journalistes », Gaza reste « interdit d'accès depuis plus d'un an », avec « des zones entières qui ne sont plus du tout accessibles et dont on ne sait pas ce qui s'y passe ».

Détention administrative

Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ, basée à Bruxelles, dénonce de son côté « le massacre qui est en train de se dérouler sous les yeux du monde entier en Palestine ». « Beaucoup de journalistes y sont visés » délibérément, a-t-il affirmé.

Commentant les chiffres publiés par les deux organisations, le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer a déclaré : « Nous rejetons ces chiffres, nous ne pensons pas qu'ils soient corrects ». « Nous savons que la plupart des journalistes à Gaza opèrent probablement sous les auspices du Hamas et que tant que le Hamas ne sera pas détruit, ils ne seront pas autorisés à rapporter l'information librement », a-t-il ajouté. Israël « ne cible évidemment pas les journalistes », a insisté M. Mencer.

Selon RSF, les endroits où le plus de journalistes ont été tués en 2024 après Gaza sont le Pakistan (7), le Bangladesh (5) et le Mexique (5). Outre les journalistes tués, RSF recense aussi ceux qui sont emprisonnés. Ils étaient 550 dans le monde au 1ᵉʳ décembre (contre 513 l'an dernier). Les trois premiers pays qui en emprisonnent le plus sont la Chine (124 dont 11 à Hong Kong), la Birmanie (61) et Israël (41), qui « a systématisé la détention administrative », selon RSF.

En outre, 55 journalistes sont actuellement retenus en otage, dont deux ont été enlevés en 2024. Près de la moitié (25) sont aux mains du groupe État islamique. Enfin, 95 journalistes sont portés disparus, dont quatre nouveaux en 2024.

En 2023, le nombre de journalistes tués dans le monde s'élevait à 45 au 1ᵉʳ décembre selon RSF (et 55 selon le bilan définitif sur l'ensemble de l'année).

« Une hécatombe » selon Reporters sans frontières (RSF), « un massacre » selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ) : les deux rapports annuels de ces ONG attribuent à l'armée israélienne une large partie du nombre de journalistes tués en 2024.Le bilan de RSF, publié jeudi, affirme que « les forces armées israéliennes sont responsables de la mort...
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