Un homme exceptionnel

Il y a quarante jours nous quittait le professeur Antoine Stephan. Il était chef du service de néphrologie à l’hôpital Rizk. J’ai eu la chance de travailler avec lui durant plusieurs années. C’était un homme exceptionnel sur tous les plans. Un humaniste hors pair, un homme de science ayant formé des générations de médecins, un modèle à suivre.

Il a créé l’un des meilleurs services de néphrologie dans la région et a été le grand initiateur de la transplantation rénale au Moyen-Orient. Le nombre de patients qu’il a pu sauver des affres de la dialyse est énorme. Les nombreux hommages reçus après l’annonce de son départ en témoignent.

Convaincu que la transplantation d’organes était une avancée majeure en médecine et un traitement exceptionnel pour les patients, il a créé la première association pour le don et la transplantation dans la région : NOD-LB. Ce n’était pas une mission facile, je peux en témoigner !

Il a fait face à une réticence, pour ne pas dire plus, de la société et des hommes de religion. Malgré ces difficultés, il a tenu bon, convaincu du bien-fondé de sa mission. Il a continué ses réunions, donnant des conférences pour que son association soit reconnue. Chose faite. NOD est maintenant une association d’utilité publique et joue un rôle essentiel dans les greffes d’organes au Liban et dans la région. Cette mission n’aurait pu être accomplie, sans l’aide exceptionnelle de Mlle Farida Younane, son bras droit et son soutien de toujours sur tous les plans. L’expertise acquise auprès du Dr Stephan est maintenant reconnue dans les pays de la région, le dernier étant le Koweït.

Les travaux scientifiques du Dr Stephan ont été publiés dans les revues médicales les plus prestigieuses et il a été élu plusieurs fois président de diverses sociétés de néphrologie et de transplantation d’organes au Liban et dans le monde.

Malgré sa notoriété, il était resté discret, qualité des grands hommes, toujours souriant et optimiste malgré un état de santé fragile.

Il nous a quittés discrètement, comme il l’avait souhaité, mais son souvenir restera à jamais gravé dans nos mémoires.

Professeur Élie CHAMMAS