Depuis que le président de la Chambre, Nabih Berry, a fixé un rendez-vous au Parlement le 9 janvier pour élire le prochain chef de l’État, de nombreux protagonistes politiques s’efforcent de distiller une atmosphère optimiste quant à la possibilité que cette séance aboutisse. Sauf que ce n’est pas n’importe quel candidat qui devrait accéder à la magistrature suprême, surtout pas après les changements majeurs dans la région, notamment la chute du régime Assad en Syrie. Aux yeux de la communauté internationale, il faut que le chef de l’État puisse rassembler les Libanais, enclencher le processus de réformes et surtout, garantir la mise en application de l’accord de cessez-le-feu scellé entre Israël et le Hezbollah il y a une quinzaine de jours. C’est principalement sur ces points que porte le nouveau round de contacts lancé mercredi par le Quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie Saoudite, Égypte, Qatar).
Pour leur toute première activité collective après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les ambassadeurs Lisa Johnson, Hervé Magro, Walid Boukhari, Ala’ Moussa et Saoud ben Abderrahman ben Fayçal al-Thani se sont rendus à Aïn el-Tiné pour un entretien avec Nabih Berry. Selon les informations de L’Orient-Le Jour, ce dernier a profité de la réunion pour convier les cinq diplomates à la séance électorale du 9 janvier. Une façon pour lui de donner un caractère solennel à la séance. Une source diplomatique confie que M. Berry s’est engagé à assurer l’élection du chef de l’État lors de cette réunion parlementaire.
Dans un entretien accordé au quotidien an-Nahar, le principal intéressé a affirmé avoir reçu des « signaux positifs et encourageants de la part des ambassadeurs » suite à son appel. « La séance électorale est fixée et ne sera pas reportée au-delà du 9 janvier 2025, a-t-il ajouté. J’avais initialement l’intention de la convoquer le 19 décembre courant mais j’ai préféré laisser davantage de temps aux contacts et consultations entre les blocs parlementaires ». Et de conclure : « Il est temps d’en finir avec cette vacance présidentielle prolongée. »
Mais pour élire qui ? « Avec Nabih Berry, les ambassadeurs n’ont pas évoqué de noms de candidats. Mais ils ont insisté sur l’urgence d’élire un président le 9 janvier », indique une source diplomatique à notre journal, faisant savoir que les Cinq ont plaidé pour un chef d’État capable, surtout, de mettre en application l’accord de cessez-le-feu. Cette idée a d’ailleurs transparu dans les propos de Ala’ Moussa, ambassadeur d’Égypte à Beyrouth érigé en porte-parole de facto du Quintette. « Le groupe des Cinq est convaincu de la nécessité d’élire un président dans les plus brefs délais et de consolider le cessez-le-feu à travers l’application de la résolution 1701 (qui appelle notamment au retrait du Hezbollah des zones au sud du Litani) », a-t-il dit, soulignant que le futur président devrait se montrer attaché à l’accord de Taëf et capable d’opérer les réformes.
Le diplomate égyptien a indiqué que les contacts politiques en cours devraient déboucher sur un ou plusieurs noms afin de les proposer lors de la séance électorale. « Mais M. Berry était clair en affirmant que le président sera élu lors de cette séance qui sera ouverte avec des tours de vote successifs jusqu’à l’élection du chef de l’État », a dit M. Moussa dans ce qui sonne comme une assurance à ceux qui éprouvaient des craintes quant à une éventuelle manœuvre du tandem chiite pour provoquer un défaut de quorum et empêcher, encore une fois, l’élection.
« Les nouveaux critères » des FL
À la veille de la réunion de Aïn el-Tiné, Ala’ Moussa s’était rendu à Meerab pour un entretien avec le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, doté du plus grand bloc parlementaire à la Chambre. « Les débats ont principalement porté sur les développements dans la région, notamment la chute du régime Assad », indique à L’OLJ Richard Kouyoumjian, responsable des relations extérieures des FL. « Nous avons clairement affirmé que de nouveaux critères devraient être adoptés pour conclure une entente autour du futur président. Car après la défaite du Hezbollah et la chute du régime syrien, nous ne pouvons plus accepter de voir un candidat soutenu ou contrôlé par le camp de la moumana’a accéder à la magistrature suprême », dit l’ex-ministre des Affaires sociales, faisant valoir que les noms de certains candidats déjà évoqués dans les médias ont été passés en revue entre Ala’ Moussa et Samir Geagea.
Parmi ces candidatures, figurent notamment celles de Nassif Hitti, ancien chef de la diplomatie, et Ziyad Baroud, ancien ministre de l’Intérieur, mais aussi celle du commandant de l’armée, le général Joseph Aoun. Longtemps perçu comme une figure pouvant faire l’objet d’une entente élargie, le chef de l’institution militaire risquerait toutefois de perdre ce statut. Car, à en croire des informations rapportées par la presse locale, certaines chancelleries occidentales estimeraient aujourd’hui que la priorité devrait être accordée à la stabilité de l’armée qui devrait appliquer l’accord de cessez-le-feu. « Il est bien là où il est », se contente de commenter une figure politique occidentale. Cela veut-il dire que le numéro un de l’armée n’aurait pas de chance d’être mené à Baabda ? « La communauté internationale est en quête d’une personnalité à même de rassembler les Libanais », souligne la figure occidentale, rappelant que Joseph Aoun se heurte encore au veto du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Ce dernier s’est entretenu mercredi avec M. Berry et a lui aussi fait preuve d’optimisme quant à la possibilité de voir la fumée blanche se dégager le 9 janvier au Parlement. De son côté, le tandem chiite ne semble pas non plus très enthousiaste à la candidature de Joseph Aoun, sans pour autant y opposer un veto.
« Il est temps d’en finir avec cette vacance présidentielle prolongée. »... déclare celui qui a tout fait pour prolonger le vide... héhéhé... le merlin libanais in action
14 h 53, le 12 décembre 2024