Des systèmes de lance-roquettes réduits à l'état d'épave, des restes calcinés de tours radars et de mitraillettes : le port de Lattaquié, dans le nord de la Syrie, porte depuis mardi les stigmates des multiples frappes de l'armée israélienne contre des installations militaires syriens.
Dans la darse, des flammes consument encore des équipements de la marine syrienne endommagés, notamment des systèmes de lance-roquettes, proches d'être engloutis par les eaux, selon des images de l'AFP.
Une dizaine de navires ont été endommagés dans cette rade, située au coeur d'une région syrienne bastion de la minorité alaouite à laquelle appartenait le président déchu Bachar al-Assad.
Les frappes ont été menées depuis des bâtiments de la marinée israélienne qui a évoqué "une opération de grande envergure".
A Lattaquié, quelques heures après la fuite de Bachar al-Assad, chassé par une offensive éclair menée par des rebelles islamistes, la statue d'Assad père a été déboulonnée comme tant d'autres à travers la Syrie.
Mais alors qu'à quelque 220 kilomètres plus au sud à Damas, les nouveaux maîtres du pays s'apprêtaient à lancer le processus de transfert du pouvoir, Samir Alloush, employé du port, a commencé dans la nuit "à entendre des bruits étranges et inhabituels qui n'ont pas cessé".
"Nous avons demandé autour de nous ce qui se passait, mais personne ne savait. Il n'y avait pas d'électricité, mais nous avons appris sur Facebook qu'il s'agissait de frappes aériennes israéliennes visant le port", ajoute-t-il.
"Nous avons entendu le bruit de frappes aériennes", complète Ahmed Khabbazi, un autre employé du port. Il passe alors des coups de fil, pour s'entendre répondre que le port est "visé" et à son arrivée mardi matin, "nous avons vu que l'armée israélienne avait frappé les navires militaires de l'ancien gouvernement", dit-il.
- Un centre de recherche détruit -
L'armée israélienne prendra ensuite plusieurs heures avant de confirmer des opérations en Syrie ces derniers jours, indiquant avoir frappé et détruit "les capacités stratégiques qui menacent l'Etat d'Israël".
"Ces dernières 48 heures, l'armée a frappé la plupart des stocks d'armes stratégiques en Syrie, les empêchant de tomber entre les mains d'éléments terroristes", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Les cibles comprenaient 15 navires de guerre, des batteries antiaériennes, des aérodromes et des dizaines de sites de production d'armes à Damas, Homs, Tartous, Lattaquié et Palmyre, selon elle.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Israël a "détruit les principaux sites militaires" en menant plus de 300 raids aériens depuis la chute du président Assad dimanche.
La marine israélienne a opéré (dans la nuit de lundi à mardi) "pour détruire la flotte syrienne avec un grand succès", a ensuite affirmé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, enjoignant les nouveaux dirigeants syriens de ne pas suivre "la voie d'Assad".
Mardi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est montré menaçant : "si le nouveau régime en Syrie permet à l'Iran de se réimplanter, ou autorise le transfert d'armes au Hezbollah" libanais pro-iranien, "nous réagirons avec force et infligerons un lourd tribut", a-t-il averti.
La veille, le chef de la diplomatie israélienne avait déjà confirmé que son pays avait mené des frappes les jours précédents pour détruire des "armes chimiques" en Syrie, afin d'éviter que celles-ci ne tombent aux mains des nouveaux dirigeants.
Les destructions ont aussi emporté un centre de recherches à Damas, relevant du ministère syrien de la Défense, après des frappes imputées par une ONG à l'aviation israélienne, ont constaté mardi des journalistes de l'AFP.
Le centre de recherches, accusé par les Etats-Unis d'être lié au programme d'armement chimique syrien, avait déjà été visé en avril 2018 par des frappes concertées américaines, françaises et britanniques.
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© Agence France-Presse
Dans la darse, des flammes consument encore des équipements...
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