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Politique - Décryptage

La séance du 9 janvier en ballottage

Dans moins de 30 jours aura lieu la séance électorale présidentielle, mais il n’est pas possible, à ce stade, de prévoir ce qui va s’y passer. Les positions étaient déjà bien compliquées, mais les développements rapides en Syrie et la chute du régime sont venus compliquer encore plus la situation. Il est clair depuis les récentes positions des Forces libanaises et des Kataëb qu’une partie des composantes politiques libanaises se considèrent victorieuses, et elles pourraient par conséquent songer à exploiter ce nouveau statut dans l’élection présidentielle. De son côté, le Hezbollah, qui n’a pas officiellement commenté la chute du régime syrien, ne veut pas que les deux dossiers soient liés. Il rappelle à cet égard que le secrétaire général de la formation, Naïm Kassem, avait clairement mandaté le président de la Chambre pour traiter de la question de la présidentielle tout en acceptant le résultat auquel il aboutirait. La lourde responsabilité de l’organisation de la séance électorale repose donc sur les épaules de Nabih Berry.

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Selon des sources proches du tandem chiite, le président de la Chambre (qui a négocié au nom du Liban l’accord de cessez-le-feu au sud du Litani) estime qu’il faudrait procéder rapidement à l’élection présidentielle, dans la foulée de la conclusion de l’accord, pour relancer aussi rapidement que possible les institutions de l’État et accélérer le processus de la reconstruction en même temps que celui de l’assainissement financier. Selon ces mêmes sources, M. Berry se serait ainsi entendu avec l’émissaire américain Amos Hochstein, au moment de conclure l’accord sur le cessez-le-feu, pour organiser l’élection présidentielle au début de la nouvelle année. Celle-ci devrait être suivie de la formation rapide d’un gouvernement, pour profiter au maximum de la dynamique provoquée par la fin des affrontements Les mêmes sources affirment que des noms ont même été évoqués, et ils seraient consensuels, autrement dit, il s’agirait de personnalités qui ne constituent un défi pour aucune partie, afin d’assurer un bon début au mandat présidentiel.Ces informations ne sont toutefois pas restées secrètes, et le candidat officiel du tandem chiite, le chef des Marada Sleiman Frangié, en aurait eu vent et il aurait clairement exprimé son mécontentement. Nabih Berry a bien essayé de le rassurer en précisant dans plusieurs déclarations à la presse que M. Frangié reste le candidat du tandem chiite et qu’il est en tête de liste parmi les favoris. Mais apparemment ces déclarations n’ont pas convaincu le chef des Marada. Il en aurait parlé avec Massad Boulos, le nouveau conseiller pour le Moyen-Orient du président américain élu, Donald Trump. D’ailleurs, d’autres personnalités libanaises auraient aussi parlé avec M. Boulos du dossier présidentiel. L’idée principale reposait sur le fait que le 31 octobre 2015, Michel Aoun a été élu quelques jours avant l’élection présidentielle américaine et avant que le nouveau président, à l’époque le même Donald Trump, n’entre en fonction à la Maison-Blanche. Avec le recul, on peut même dire que tout le mandat de Michel Aoun a été marqué par le fait qu’il est arrivé à Baabda sans avoir tenu compte de la présidence américaine qui était passée des démocrates aux républicains, comme c’est le cas de nouveau aujourd’hui. Selon cette thèse, il faudrait donc éviter de réitérer cette expérience, et il serait préférable d’attendre que le président américain élu prenne ses fonctions et que son administration se mette en place pour procéder ensuite à l’élection présidentielle libanaise. C’est dans ce contexte que Massad Boulos a, dans une interview accordée à l’hebdomadaire français Le Point, déclaré concernant l’élection présidentielle libanaise que « ceux qui ont attendu deux ans peuvent attendre deux ou trois mois de plus ». Certains ont aussitôt interprété cette déclaration comme une volonté de la part du nouveau conseiller de Donald Trump de pousser les Libanais à attendre que le nouveau président américain soit en fonction, pour élire le leur. D’autres ont préféré y voir une volonté de la part de Massad Boulos de se donner un rôle dans cette élection.

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Le président de la Chambre a aussitôt réagi en adressant une invitation personnelle à Amos Hochstein pour qu’il assiste à la séance électorale au Parlement libanais, et ce dernier a répondu qu’il ferait son possible pour y être. Selon les sources de Aïn el-Tiné, c’était une façon pour Nabih Berry de montrer que sa démarche a l’appui de l’administration américaine, ancienne et nouvelle (puisque c’est au nom des deux que Hochstein a mené les négociations pour le cessez-le-feu au Liban), et par conséquent, toute la théorie sur une volonté de ne pas tenir compte de la nouvelle administration américaine n’est pas pertinente.

En principe donc, la séance prévue le 9 janvier est maintenue et dans l’optique de Berry, elle devrait aboutir à l’élection d’un président. Mais depuis la chute du régime syrien, de nouveaux éléments sont apparus et pourraient remettre en cause la tenue de la séance et le bon déroulement de l’opération électorale. En effet, les dernières déclarations du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, laissent entendre qu’il pourrait présenter sa candidature à la présidence de la République, bouleversant ainsi les démarches actuelles qui parlent essentiellement d’un candidat acceptable pour toutes les parties. Pour le tandem chiite, si une partie veut amener un président en profitant du climat créé par la chute du régime syrien, c’est qu’elle voudrait en réalité consacrer ce qu’elle considère être sa victoire contre un camp qu’elle veut montrer comme vaincu. Ce n’est pas l’esprit des démarches actuelles, et si cette tendance se précise, elle ne peut que retarder l’élection présidentielle... jusqu’après le 20 janvier, date de l’entrée à la Maison-Blanche de Trump. 

Dans moins de 30 jours aura lieu la séance électorale présidentielle, mais il n’est pas possible, à ce stade, de prévoir ce qui va s’y passer. Les positions étaient déjà bien compliquées, mais les développements rapides en Syrie et la chute du régime sont venus compliquer encore plus la situation. Il est clair depuis les récentes positions des Forces libanaises et des Kataëb...
commentaires (8)

Mazette! C'est du lourd cet article! Nous voila moins ignorants ce soir, Lol.

Christine KHALIL

21 h 41, le 10 décembre 2024

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Commentaires (8)

  • Mazette! C'est du lourd cet article! Nous voila moins ignorants ce soir, Lol.

    Christine KHALIL

    21 h 41, le 10 décembre 2024

  • Bla bla bla juste pour attaquer Samir Geagea qui se fout totalement de telles inepties. En terme d’éclairage, c’est plus du scénario de séries B

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 08, le 10 décembre 2024

  • Merci Scarlett Haddad pour cet éclairage et cette analyse rationnelle sur les prochaines séances électorales.

    Hitti arlette

    18 h 35, le 10 décembre 2024

  • Primo, à ne rien comprendre. Secundo si le sans diplôme se croit “ proche” de trump, ça explique pourquoi il a à peine un petit certificat. Terzo boulons savait que le moindre faux pas ( i.e. appuyer son copain le zaiim) il est out. Quarto la candidature de Geagea est plus que jamais de mise, imchallah

    Zampano

    11 h 55, le 10 décembre 2024

  • Indépendamment des susceptibilités des uns et des autres, le moment est finalement venu pour que les responsables des crimes contre les libanais soient poursuivis. L’explosion du port, les assassinats successifs etc. Les auteurs de ces actes doivent être exclus de toute responsabilité dans le pays. C’est la seule façon de reconstruire une nation.

    Bachir Karim

    09 h 05, le 10 décembre 2024

  • Entre la dhimitude et la condition de colonisés, il est frappant de constater à quel point notre histoire continue de marquer notre comportement en tant que sujets face à l'étranger, entravant ainsi l'acquisition d'une véritable indépendance.

    Jules Lola

    08 h 05, le 10 décembre 2024

  • Madame Haddad est-elle payée pour ne rien dire? Aucune info dans cet article ?

    khattar josiane

    07 h 30, le 10 décembre 2024

  • Si Mr Geagea souhaiterait se présenter, semble t il, que ce soit son droit le plus absolu, berry quant à lui évoque une consensualité en maintenant son candidat de pacotille , le chef zghortiote qui a perdu son grand allié historique Il serait grand temps que les élections se déroulent régulièrement pour qu'enfin, nous ayons un président. Et n'oublions pas que berry à convié les ambassadeurs à la séance électorale, donc plus de report pour défaut de quorum.

    C…

    07 h 15, le 10 décembre 2024

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