Wafic Safa s’est rendu à Yarzé récemment pour un entretien avec le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun. La nouvelle ne peut passer inaperçue, s’agissant de la première activité officielle du haut responsable du Hezbollah depuis la tentative israélienne d’assassinat qui l’avait ciblé le 10 octobre à Beyrouth. Il s’agit donc d’une façon pour la formation de Naïm Kassem de balayer les rumeurs selon lesquelles cette frappe israélienne aurait gravement blessé M. Safa au point de l’empêcher de poursuivre sa mission de chef de « l’unité de liaison ».
L’entretien Aoun-Safa, tenu en présence du conseiller du président de la Chambre pour les affaires sécuritaires, Ahmad Baalbaki, s’inscrit également dans le cadre de la coordination entre l’institution militaire et le tandem chiite en vue du déploiement de l’armée au Liban-Sud et l’application de la résolution 1701 (2006, qui appelle notamment au retrait du Hezbollah des zones au sud du Litani) conformément aux dispositions de l’accord de cessez-le-feu scellé fin novembre après deux mois d’une guerre violente.
« Le seul sujet abordé était la mise en application de la 1701 et le déploiement de l’armée au Liban-Sud », confie une personnalité au courant des débats. Elle dément par la même occasion les informations de presse selon lesquelles MM. Safa et Baalbaki auraient exprimé au chef de l’armée leur opposition à ce que le général Edgar Lawandos représente le Liban au sein du comité de supervision de l’application du cessez-le-feu qui regroupe les États-Unis, la France, le Liban, Israël et la Force intérimaire de l’ONU au Liban. « Bien au contraire, la réunion s’est tenue dans une atmosphère positive », assure la source. Mais si tel est le cas, pourquoi la réunion est-elle passée sous silence ? « Ce n’est pas la première fois que Wafic Safa s’entretient avec le chef de l’armée. D’autant plus que c’est lui qui est chargé de coordonner les relations (du Hezbollah) avec les appareils de sécurité », se contente de répondre la source.
Mais la politique n’est jamais bien loin. La réunion de Yarzé serait-elle donc un premier pas vers un éventuel « oui » du tandem chiite à l’élection de Joseph Aoun, perçu comme une sérieuse option consensuelle à la présidence de la République ?
Berry : non à l’amendement de la Constitution
Pour le moment, le tandem chiite adopte une vision pragmatique selon laquelle il est contraint de collaborer avec Joseph Aoun, en sa qualité de chef de l’armée, pour la mise en application de l’accord de cessez-le-feu. « Nous n’avons rien dit au sujet de la candidature de Joseph Aoun à la présidentielle », lance à L’OLJ un cadre du mouvement Amal sous couvert d’anonymat. Nabih Berry semble avoir déjà tranché : « Nous n’amenderons pas la Constitution pour faire élire qui que soit », aurait-il dit à ses visiteurs dans des propos rapportés par le site web Assas Media citant « les milieux de Aïn el-Tiné ». Selon ceux-ci, M. Berry a ajouté que « ce qui prévalait en 2008 ne peut s’appliquer aujourd’hui ». Le président de la Chambre faisait référence à la présidentielle lors de laquelle Michel Sleiman, alors commandant en chef de l’armée, avait été élu sans amendement de l’article 49 de la Constitution (qui interdit aux fonctionnaires de première catégorie de se lancer dans la course présidentielle pendant deux années après leur démission de leur poste). Nabih Berry avait alors fait valoir que le consensus élargi est supérieur à la loi fondamentale.
Pour certains, les propos de Nabih Berry seraient peut-être une nouvelle tentative de calmer les appréhensions du chef des Marada, Sleiman Frangié, toujours dans la course à l’heure où les anti-Hezbollah sont accusés de vouloir profiter de l’affaiblissement du parti chiite pour lui imposer leur volonté en matière de présidentielle.
Mais pour d’autres, les déclarations de M. Berry semblent surtout être une nouvelle tentative de mettre des bâtons dans les roues à un candidat soutenu par la communauté internationale, à commencer par les États-Unis. « Ils (le Hezbollah et Amal) ne veulent pas de Joseph Aoun parce qu’ils sont dans le déni total et pensent avoir le même poids politique qu’avant la guerre », déplore un député de l’opposition. « Il est très normal de voir le chef du législatif se montrer soucieux du respect de la Constitution », rétorque le cadre Amal cité plus haut. Il laisse toutefois entendre que le président de la Chambre n’entraverait pas l’élection (de Joseph Aoun) si elle faisait l’objet d’une entente élargie.
« Il est très tôt pour trancher ce point. Le plat mijote encore. Il vaut mieux attendre le 9 janvier. Car d’ici là, beaucoup de choses peuvent encore changer », dit le cadre Amal. Une chose est toutefois sûre : le scénario d’un feu vert chiite à l’option Joseph Aoun aura de quoi accentuer davantage l’isolement politique du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, prêt à tout pour en finir avec le chef de l’armée. Au point de songer à avaliser la candidature de… Samir Geagea, le chef des Forces libanaises et plus grand adversaire chrétien du CPL, comme il l’a laissé entendre à la chaîne locale LBCI jeudi.
-QUAND DU PERCHE LA RATE, -SPONGIEUSE SE DILATE, -C,EST QU,INQUIETUDE ET PEUR, -LUI MALMENENT LE COEUR. -POUR LE TANDEM, EN BREF, -IL PARJURE TAEF. -AU POSTULANT JOSEPH, -IL OPPOSE TAEF. =ECLATANT EST LE VICE. -IL COUVRE LES MILICES. =DE LA CONSTITUTION, -IL EN FAIT MOULT VERSIONS, =AUX AUTRES LE DEVOIR, -DE CURER LE PERCHOIR.
17 h 49, le 07 décembre 2024