Dans la foulée de la publication mercredi du rapport de 300 pages d’Amnesty International, accusant Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, l'Etat hébreu a rejeté ses conclusions jeudi, par les voix de son gouvernement ainsi que de l'ONG Amnesty Israël.
« L'organisation déplorable et fanatique Amnesty International a une fois de plus produit un rapport fabriqué de toutes pièces, entièrement faux et basé sur des mensonges », a indiqué un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, dans un communiqué jeudi.
Plus nuancée, Amnesty Israël, ONG distincte de l’organisation internationale, a affirmé que, malgré l'ampleur des attaques contre les civils à Gaza, il est douteux que « l'élément d'intention dans la perpétration de l'extermination totale ou partielle de la population palestinienne dans le cadre de la guerre » ait été prouvé, rapporte le quotidien israélien de gauche Haaretz.
« Analyse superficielle »
La branche israélienne d’Amnesty accuse ainsi le rapport d’une « analyse superficielle » : les auteurs du rapport auraient « atteint une conclusion prédéterminée » et n’auraient « pas tiré de conclusion basée sur un examen objectif des faits et du droit. ». Ils critiquent notamment l’équivalence qui serait faite par le rapport entre la « destruction massive » à Gaza et « l’intention génocidaire ».
Malgré l'ampleur des « atrocités commises dans la bande de Gaza contre les civils, qui, à première vue, peuvent ressembler à un génocide, la convention internationale traitant de ce crime, ainsi que le droit international créé en conséquence, exige également la preuve que ces crimes ont été commis avec une 'intention spéciale' et spécifiquement pour détruire, en tout ou en partie, la population palestinienne de Gaza. Beaucoup d'entre nous doutent de la possibilité de prouver cette intention de manière non ambiguë. » explique un communiqué des employés, dont certains occupent des postes de direction, obtenu par le Haaretz.
Pourtant, l’organisation Amnesty International explique non seulement s’être appuyée sur les images- notamment satellites- qui documentent la dévastation du territoire palestinien mais aussi sur des « déclarations génocidaires et déshumanisantes du gouvernement israélien ». Elle affirme en outre se fonder sur des critères définis par la Convention des Nations unies sur le génocide.
Faisant part des communiqués des employés d'Amnesty Israël, le Haaretz affirme toutefois « qu’un petit nombre de membres israéliens » de l’organisation ont soutenu que « selon les informations disponibles, il est possible de déterminer qu'Israël commet ou a commis un génocide à Gaza. »
Le rapport d’Amnesty International qui a provoqué ces réactions de rejet en Israël, couvre la période entre le 7 octobre 2023 et le début de juillet 2024 et est notamment fondé sur des entretiens avec environ 200 habitants de Gaza et des représentants des différentes autorités de la bande de Gaza. L'ONG a également annoncé qu'elle publierait un rapport sur les crimes commis par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre 2023.