Sommes-nous assez maladroits parfois quand il nous faut présenter des condoléances ? Embarrassés, mal à l’aise devant la mort par exemple d’une voisine... En société, nous exprimons parfois notre compassion d’une manière banale et froide... Quand, au contraire, l’attitude d’un voisin tirait toute sa valeur du geste qui était destiné à Clara, la sœur de la défunte, pendant les funérailles. Son geste revenait à dire : « Nous avons pensé à vous, mon amie, avec une intention toute particulière, car vous avez beaucoup de valeur et nous gardons un très bon souvenir d’elle. »
Nous autres aussi, si nous voulons nous en donner la peine, nous pouvons bien trouver le geste délicat qui va droit au cœur.
Certes, il n’est jamais facile d’exprimer par des mots des sentiments profonds, mais ce n’est cependant pas aussi difficile que certains le prétendent. Nous avons rarement lu un SMS de condoléances plus touchant que celui qui contenait ces quelques mots : « Très chère amie, elle est au royaume des cieux, j’en suis certain, nous aimerions lui consacrer la prière la plus sacrée que nous connaissons, la célébration d’une messe de requiem. Nos cœurs sont auprès de vous. »
Il suffit d’exprimer avec simplicité son affection sans se soucier de la différence des croyances et des rites, sachant fort bien que la charité vaut pour toutes les religions.
Il y a quelques années, un professeur de musique a expédié une lettre à une personne qui avait perdu son frère, mort à vingt-quatre ans après une longue maladie. L’auteur de ce message était inconnu de cette personne, mais il a eu son frère comme élève avant qu’il ne soit tombé malade. « Je souhaite, écrivait-il, que vous puissiez surmonter le plus vite cette terrible épreuve. Je suis sûr que le défunt ne cessera d’être pour nous tous un rayon de soleil, le symbole d’un été doux et bleu sans fin. »
Ce n’est d’ailleurs pas la seule lettre émouvante que le frère ait reçue en cette circonstance. Il y eut aussi celle des jeunes compagnons du défunt qui annonçaient que, en souvenir de lui, ils enverraient chaque été un enfant nécessiteux en vacances.
Ce défunt a été ainsi commémoré chaque été, où, grâce à lui, un petit enfant était un peu plus heureux. Cela suffisait peut-être à donner un sens à une vie si brève et si généreuse.
Il y a des gens qui hésitent à envoyer des condoléances quand la personne décédée a été perdue de vue depuis longtemps ; ils se disent que la famille n’attacherait pas beaucoup d’importance au témoignage de sympathie d’un inconnu qui surgit tout à coup du fond des années. Rien n’est plus faux. Pour être inattendus, ces mots n’en ont que plus de prix.
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