Le Liban est sans président depuis le 31 octobre 2022, date de la fin du mandat de Michel Aoun, mais pour le Libano-Américain Massad Boulos, nommé haut conseiller pour les affaires arabes et du Moyen-Orient du président américain élu Donald Trump, « les Libanais peuvent attendre encore deux ou trois mois de plus pour faire les choses correctement, dans le cadre d’un accord global complet ». C’est ce qu’il a déclaré au magazine français Le Point, dans un entretien exclusif, en estimant qu’il « ne faut pas se dépêcher, pour élire n’importe qui, n’importe comment ».
« Les Libanais peuvent attendre encore deux ou trois mois »
Des propos qui interviennent alors que le président du Parlement, Nabih Berry, a fixé au 9 janvier 2025 une nouvelle séance parlementaire pour l’élection d’un chef de l’État. « On pense qu’ils ont le temps. Le 9 janvier, cela fera deux ans et deux mois qu’il n’y a plus de président au Liban. À mon avis, les Libanais peuvent attendre encore deux ou trois mois de plus pour faire les choses correctement, dans le cadre d’un accord global complet. Il ne faut pas se dépêcher, pour élire n’importe qui, n’importe comment. Il faut au contraire essayer de s’assurer la participation de la majorité absolue des représentants du peuple libanais et pas obtenir l’élection d’un président avec seulement 65 votes », a-t-il répondu au journaliste Armin Arefi.
Interrogé sur la notion d’« accord global », l’homme d’affaires libano-américain répond qu’il s’agit d’un « accord dans lequel il y aura toutes les réformes nécessaires pour reconstruire le Liban, ses institutions – judiciaires et de sécurité –, le respect de la démocratie et de la Constitution libanaise, ainsi que l’application de l’accord sur le cessez-le-feu ». Il a ajouté que « tous ces aspects sont très importants. Il sera aussi nécessaire d’avoir une certaine vision sur le Conseil des ministres et savoir qui le présidera, quels seront les partis représentés, quel sera leur programme de restructuration, y compris sur le plan économique et fiscal. Enfin, il faut s’assurer que l’opposition, qui compose aujourd’hui près de la moitié du Parlement, soit bien représentée ».
Cessez-le-feu au Liban
M. Boulos, père de l’un des gendres du président Trump, est revenu sur l’accord « historique » du cessez-le-feu entre le Liban et Israël, entré en vigueur le 27 novembre, après plus de 13 mois de guerre et deux mois d’intenses combats opposant le Hezbollah à l’État hébreu. Il a réitéré les propos qu’il a tenus lors d’une interview télévisée à la chaîne al-Jadeed, le 28 novembre, affirmant que ce document ne prévoit pas seulement l’application de la résolution 1701 (2006), qui demande le retrait du Hezbollah au-delà du fleuve Litani, mais va, selon lui, jusqu’à explicitement englober la résolution 1559 (2004) de l’ONU. « Il y a eu un malentendu au départ, surtout au Liban, où l’on a cru que ce document ne couvrait que la région située au sud du fleuve Litani, or ce n’est pas vrai du tout. Il traite de l’ensemble du pays, avec le désarmement de tous les groupes armés, les milices comme les groupes paramilitaires », a-t-il souligné.
Les otages à Gaza
Outre le volet libanais, le futur conseiller a évoqué plusieurs points quant à la politique étrangère qui serait menée par l’administration Trump. « La vision est d’atteindre une paix durable au Moyen-Orient. Nous avons quatre ans pour travailler et on espère aboutir à quelque chose qui sera durable pour le futur et les générations à venir », a-t-il ainsi déclaré, alors que la guerre à Gaza se poursuit.
Concernant la libération des otages israéliens détenus par le Hamas, il a déclaré que celle-ci aura lieu dans le cadre d’un « cessez-le-feu temporaire ». « La guerre est pratiquement finie. Il n’y a pratiquement plus d’activités militaires importantes », a-t-il estimé, sans donner plus de détails sur la vision pour l’enclave palestinienne après la guerre menée par Israël qui a fait plus de 40 000 victimes à Gaza.
Les accords d’Abraham
Massad Boulos a en outre réaffirmé que les accords d’Abraham, dont le président Trump a été l’artisan durant son premier mandat en 2017, sont une « priorité » pour la future administration, qui souhaite normaliser les liens entre l’Arabie saoudite et Israël. Le royaume avait pour sa part déclaré qu’il n’y aura « pas de relations diplomatiques avec Israël avant la création d’un État palestinien ». « Il faut rappeler que l’Arabie saoudite n’exige pas la création d’un État palestinien aujourd’hui, mais demande la mise en place d’une vision et d’une feuille de route à ce sujet, c’est tout. Si vous regardez le plan qui a été proposé en 2020 par le président Trump (“l’accord du siècle”, NDLR), celui-ci parlait très clairement d’un État palestinien éventuel », tempère le futur conseiller.
Réhabiliter Assad ?
Par ailleurs, et alors qu’une offensive de grande ampleur en Syrie est menée depuis le 27 novembre par le groupe jihadiste Hay’at Tahrir el-Cham (HTC) et des factions rebelles opposées au régime Assad qui ont repris la ville d’Alep, le journaliste demande au futur conseiller si la prochaine administration américaine souhaitera « faciliter une transition du pouvoir à Damas ou au contraire réhabiliter Bachar el-Assad ». M. Boulos se contente de répondre : « Je ne peux pas vous dire. »
Concernant le programme nucléaire de Téhéran, il a ainsi réitéré que « le président Trump est très clair sur le fait qu’il ne veut absolument pas que l’Iran ait un programme nucléaire », mais qu’il était « prêt à entreprendre des négociations sérieuses avec le régime actuel ».
La nomination de Mossad Boulos au poste de haut conseiller de Trump pour les affaires de cette maudite région nous a réjouis à chaud. Le haut conseiller, pourtant Libanais avant de devenir américain, a vite fait de nous envoyer paître. Au fond, le chargé de régler les bisbilles pense probablement à raison, qu’un président de la république bananière n’a plus le poids qu’il avait avant l’accord de Taef. Au final, les Libanais ont perdu tout espoir après la dernière et catastrophique raclée.
20 h 30, le 05 décembre 2024