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Moyen-Orient - Conflit

Le régime syrien perd Alep, Assad cherche le soutien de ses alliés 

Des groupes rebelles proturcs ont pris dimanche aux forces kurdes la ville clé de Tal Rifaat (nord) près de la frontière turque.

Le régime syrien perd Alep, Assad cherche le soutien de ses alliés 

Des personnes vérifient les dégâts sur les lieux d'une frappe aérienne du régime syrien qui a ciblé un quartier dans la ville d'Idlib, au nord de la Syrie, tenue par les rebelles, le 1er décembre 2024. Photo AFP ou licenciés/MUHAMMAD HAJ KADOUR

Le président syrien Bachar el-Assad a cherché dimanche à obtenir le soutien de ses alliés après avoir perdu le contrôle d'Alep, la deuxième ville de Syrie, lors d'une offensive rebelle qui a fait plus de 410 morts selon une ONG.

C'est la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 que le pouvoir, un allié de l'Iran et de la Russie, perd totalement le contrôle de cette ville septentrionale, un revers cinglant infligé par une coalition de groupes rebelles dominée par des islamistes.

Recevant à Damas le chef de la diplomatie d'Iran, Abbas Araghchi, M. Assad a souligné « l'importance du soutien des alliés et des amis pour faire face aux attaques des terroristes appuyées par l’étranger et mettre leurs plans en échec ». Il a plus tôt menacé de recourir à la « force pour briser les terroristes ».

La Russie a dit que ses forces aériennes aidaient l'armée syrienne à « repousser » les rebelles dans les provinces d'Idleb (nord-ouest), de Hama (centre) et d'Alep (nord), alors que l'Iran a réitéré son soutien « ferme » au régime Assad.

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En 2015 et avec l'appui militaire crucial de la Russie et de l'Iran, le régime Assad avait lancé une contre-offensive qui lui avait permis de reprendre progressivement le contrôle d'une grande partie du pays, et en 2016 de la totalité de la ville d'Alep, poumon économique de la Syrie d'avant-guerre. Les violences, les premières de cette ampleur depuis 2020, font craindre une reprise des hostilités à grande échelle dans un pays morcelé en plusieurs zones d'influence, où les belligérants sont soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

Mercredi, le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC) et des factions rebelles alliées, certaines appuyées par la Turquie, ont lancé une offensive contre les forces gouvernementales, prenant des dizaines de localités dans les provinces d'Alep, d'Idleb et de Hama, plus au sud, et s'emparant de la majeure partie de la ville d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Frappes russes

Le HTC, ex-branche syrienne d'el-Qaëda, et les rebelles "contrôlent la ville d'Alep, à l'exception des quartiers aux mains des forces kurdes. Pour la première fois depuis 2011, Alep est hors du contrôle du régime", a dit Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH.

Selon cette ONG qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie, au moins 412 personnes ont été tuées depuis mercredi : 214 rebelles, 137 membres des forces progouvernementales et 61 civils, dont 17 tués dimanche.

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Selon l'OSDH, les rebelles ont également progressé samedi dans les provinces d'Idleb et de Hama, un peu plus au sud, prenant le contrôle de « dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance ». L'armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama, a annoncé dimanche l'OSDH. L'armée a confirmé la présence de combattants rebelles dans de « larges parties » d'Alep et déploré des « dizaines » de morts et de blessés dans l'offensive.

L'Iran « soutient fermement l'armée et le gouvernement » de ce pays, a affirmé dimanche son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, avant de partir pour Damas. Téhéran a en outre appelé samedi à une « coordination » avec Moscou face à cette offensive.

La Maison Blanche a jugé que le régime syrien subissait les conséquences de « son refus » de s'engager dans un dialogue politique et de sa « dépendance à la Russie et à l'Iran ».
Le roi de Jordanie, Abdallah II, a affirmé dimanche son soutien à l'"intégrité territoriale" de la Syrie.

Le nord-ouest de la Syrie bénéficiait ces dernières années d'un calme précaire en vertu d'un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, instauré après une offensive du régime en mars 2020.

Couvre-feu

« Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise », a estimé Dareen Khalifa, une experte de l'International Crisis Group.

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures à Alep, jusqu'à 17h00 dimanche (14H00 GMT).

Le HTC et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié. Pour leur part, les Kurdes de Syrie ont instauré une administration autonome dotée d'une force militaire dans de vastes régions du nord-est du pays.

Plusieurs districts du nord d'Alep sont peuplés en majorité de Kurdes syriens placés sous l'autorité des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), la branche armée de l'administration autonome soutenue par les Etats-Unis. L'armée turque, qui contrôle plusieurs zones du nord de la Syrie après en avoir expulsé les forces kurdes, avait appelé vendredi à mettre « fin » aux « attaques » sur Idleb après des raids russes et syriens.« A moins que le gouvernement ne lance une contre-offensive bientôt ou que la Russie et l'Iran n'envoient beaucoup plus de soutien, je ne pense pas qu'il pourra reprendre la ville », a dit à l'AFP Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

L'armée a confirmé samedi la présence de combattants antigouvernementaux dans de « larges parties » de la ville.

Et dimanche, des avions russes et syriens ont mené des frappes à Alep, faisant 12 morts, et des avions russes ont également bombardé la ville d'Idleb tuant huit personnes, d'après l'OSDH.

Selon l'agence officielle syrienne Sana, des avions russes et syriens ont ciblé « un rassemblement de commandants d'organisations terroristes » dans la province d'Alep, tuant « des dizaines de personnes », ainsi qu'un convoi de véhicules transportant des armes dans l'est de la province d'Idleb.

Rome a indiqué que « le Collège franciscain Terra Sancta d'Alep a été touché par une attaque russe qui a causé de graves dégâts ».

« C'était la panique »

« La première nuit, c'était la panique et beaucoup de gens ont tenté de fuir », a déclaré un habitant d’Alep, joint au téléphone par l’AFP, qui a préféré ne pas donner son nom. Mais, a-t-il ajouté, « les rebelles tentent de montrer un visage bienveillant. Ils ont distribué du pain gratuitement aux carrefours aujourd'hui ».

Au surlendemain du lancement de leur offensive depuis la province d'Idleb, leur bastion, le HTC et les rebelles ont pris samedi la majeure partie de la ville d'Alep « sans rencontrer de résistance significative », a dit l'OSDH.

Ils ont atteint la citadelle historique et ont pris des bâtiments gouvernementaux, des prisons et l'aéroport international, selon l'ONG. Mais plusieurs quartiers du nord d'Alep sont habités en majorité par des Kurdes syriens placés sous l'autorité des forces kurdes qui ont instauré une administration autonome dans des régions du Nord-Est syrien. 

Front rebelles/Kurdes ? 

Avant leur assaut, le HTC et les rebelles contrôlaient une bonne partie de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié. Et le Nord-Ouest syrien bénéficiait d'un calme précaire en vertu d'un cessez-le-feu instauré en 2020, sous le parrainage d'Ankara et de Moscou.

Sur un autre front, des groupes rebelles proturcs ont pris dimanche aux forces kurdes la ville clé de Tal Rifaat (nord) près de la frontière turque, a indiqué l'OSDH sans fournir d'explications.

La Turquie, qui contrôle plusieurs zones du nord de la Syrie, a dit soutenir les efforts pour « mettre fin à la tension ».

Le début de l'offensive rebelle a coïncidé avec l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, un allié de M. Assad et de l'Iran sorti affaibli de la guerre.

Déclenchée en 2011 après la répression brutale de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait environ un demi-million de morts. 

Le président syrien Bachar el-Assad a cherché dimanche à obtenir le soutien de ses alliés après avoir perdu le contrôle d'Alep, la deuxième ville de Syrie, lors d'une offensive rebelle qui a fait plus de 410 morts selon une ONG.C'est la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 que le pouvoir, un allié de l'Iran et de la Russie, perd totalement le...
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