L'agression du journaliste Daoud Rammal, correspondant de Sky News Arabia, samedi dans le sud du Liban, a provoqué une cascade de condamnations dimanche. Daoud Rammal a été attaqué à Doueir, dans le caza de Nabatiyé, alors qu'il se rendait sur la tombe de sa mère, selon la chaîne où il travaille, qui a attribué l'acte au Hezbollah et désigné un membre du parti chiite, Hussein Sabbagh, comme étant un des agresseurs.
Cependant, dans une déclaration publiée dimanche, le Hezbollah a nié toute responsabilité dans cette attaque, la qualifiant d'incident isolé qui n'a rien à voir avec le parti. « La liberté d'expression est sacrée tant qu'elle ne viole pas les valeurs sociales et les lois en vigueur », a déclaré son bureau des médias.
Le journaliste a confirmé la version de l'incident donnée par Sky News lors d'une intervention télévisée. Il a précisé qu'alors qu'il se rendait sur la tombe de sa mère, des membres du Hezbollah l'ont frappé sur la tête, provoquant son évanouissement pendant quelques instants. Il a ajouté qu'après avoir repris connaissance, il s'est rendu à la maison de sa famille où les assaillants l'ont suivi et l'ont attaqué à nouveau devant son fils de 15 ans.
M. Rammal a décrit ce qui s'est passé comme une « tentative de meurtre », et rapporté que les agresseurs l'avaient accusé d'espionner pour le compte d'Israël et d'ambassades étrangères. Il a enfin annoncé qu'il porterait l'affaire devant les tribunaux lundi.
Des journalistes et des politiques
Les réactions à l'agression, qui se sont succédé depuis samedi, soit avant que le Hezbollah ne publie son communiqué, n'ont pas tardé à se multiplier. Le ministre sortant de l'Information, Ziad Makari, a contacté le journaliste pour lui exprimer sa solidarité et s'enquérir des détails de l'agression dont il a été victime. Il a assuré que son ministère suivra de près les suites de la plainte qui sera déposée.
Le syndicat de la presse a également condamné l'attaque, la décrivant comme un « comportement inacceptable » et l'a confiée au pouvoir judiciaire pour « poursuivre les agresseurs ».
Une ONG, appelée « Journalistes pour la liberté », a également réagi. « Nous exprimons notre ferme condamnation de l'attaque contre Rammal alors qu'il priait dans le sud pour l'âme de sa mère, une attaque qui constitue une violation flagrante des droits de l'homme et de la liberté d'expression garantis par la constitution et les lois », a souligné l'ONG, qui a appelé les autorités compétentes à « ouvrir une enquête urgente et transparente pour dévoiler les circonstances de cette attaque ».
L'Association des journalistes indépendants a condamné l'agression et appelé « les autorités chargées de la sécurité à poursuivre les agresseurs et à les traduire en justice ». Elle a souligné que « la liberté d'opinion, ainsi que la liberté des médias et des journalistes, sont une ligne rouge qui ne peut être franchie pour quelque raison que ce soit ou ignorée par quelque instance judiciaire ou officielle que ce soit ».
En outre, 17 personnalités, dont des députés et des activistes, ont publié une déclaration dans laquelle elles considèrent l'attaque contre Rammal comme « un développement majeur qui n'est pas moins dangereux que les attaques israéliennes contre les villages du Liban-Sud ».
« L'attaque politique contre ceux qui sont en désaccord avec le Hezbollah à l'intérieur du pays est un prélude aux attaques contre les personnalités et les partis qui se sont opposés à l'entrée dans une guerre futile de notre peuple dans le Sud, la Békaa, la banlieue sud de Beyrouth et tout le Liban », peut-on lire dans la déclaration.
Parmi les signataires de cette déclaration figurent les députés indépendants Waddah Sadek, Paula Yaacoubian, Ibrahim Mneimné et Elias Hankash (Kataëb).
Dimanche, le Parti socialiste progressiste (PSP, de Taymour Joumblatt) a déclaré dans un communiqué : « Récemment, il y a eu de nombreuses attaques contre des professionnels des médias et des journalistes en raison de leurs positions, que ce soit par une agression physique ou par des campagnes sur les médias sociaux. Nous dénonçons et condamnons ces incidents ». Le PSP a également appelé les autorités sécuritaires et judiciaires à poursuivre les auteurs de ces actes, avertissant que l'absence d'action rendrait chaque personne exprimant son opinion vulnérable à une attaque.
Enfin, le député Ashraf Rifi a écrit sur X : « L'attaque contre le journaliste Daoud Rammal est un acte criminel d'intimidation, qui exige la punition des agresseurs et des instigateurs, qui ont recours à des actes de trahison en attaquant des personnes ayant des opinions libres ».
« La liberté d'expression est sacrée tant qu'elle ne viole pas les valeurs sociales et les lois en vigueur ». La déclaration est amusante, provenant du Hezbollah. Il aurait été plus exact de dire: « La liberté d'expression est sacrée tant qu'elle ne s’exerce pas contre le Parti». Feu Lokman Slim aurait pu en témoigner.
07 h 04, le 02 décembre 2024