
Une voiture de déplacés devant un bâtiment détruit de la banlieue sud de Beyrouth, le 27 novembre 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Dès 4h du matin mercredi et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, des centaines de familles déplacées se sont apprêtées à prendre la route pour rentrer chez elles, dans leurs villes ou villages qui étaient, jusqu'à la dernière minute de la guerre, bombardés par l'armée israélienne. Pour tenter d'assurer des retours aussi sûrs que possible, l'armée libanaise et la Défense civile ont chacune publié un communiqué appelant à la prudence, voire à différer les retours vers certaines régions et plus particulièrement la bande frontalière, où l'armée israélienne reste déployée.
Mardi soir, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee avait indiqué sur X que « l'armée israélienne reste déployée dans ses positions dans le sud du Liban », interdisant aux habitants de « se rendre dans les villages évacués ou de s'approcher des forces israéliennes dans la région ».
L'armée libanaise a ainsi appelé les citoyens libanais à « différer leur retour vers les villages frontaliers où se sont infiltrés les forces ennemies, en attendant leur retrait conformément à l’accord de cessez-le-feu » et appelé à «respecter les directives» de différentes unités de la troupe déployées dans la région.
Vigilance face aux munitions non-explosées
Concernant les autres zones, la troupe appelle à faire preuve de « vigilance face aux munitions non-explosées et tout objet suspect laissé derrière elle par l'armée israélienne », et demande à signaler toute suspicion au 117. Des militaires ont également été observés en train de distribuer des feuillets appelant à la prudence et donnant quelques consignes de sécurité, dans plusieurs régions du pays.
En 2006, à la fin de la Guerre de juillet, un rapport des Nations unies avait révélé que « 90 % des frappes israéliennes avec des bombes à sous-munitions avaient eu lieu au cours des dernières 72 heures du conflit, alors qu’un cessez-le-feu était en vue. » L'ONU avait alors examiné 400 lieux « contaminés par plusieurs centaines de milliers de petites bombes contenues dans ce type de munitions », tandis qu'Amnesty International au Liban avait trouvé « d’innombrables bombes à sous-munitions non encore explosées dans les villages et même dans des maisons. »
"N'approche pas, ne touche pas, signale" : un prospectus distribué par l'armée libanaise dans la banlieue sud de Beyrouth, mettant en garde contre les munitions non-explosées. Photo Stéphanie Khouri
La Défense civile a également prôné la vigilance « extrême » et demandé à ne toucher à aucune munition non explosée ou équipement militaire », ainsi qu'à « s’éloigner des objets suspects, ne pas les toucher ni les déplacer, et en informer les autorités concernées ». Dans son communiqué, elle appelle également à « signaler immédiatement toute observation inhabituelle, odeur suspecte ou présence de dépouille ».
Risques d'effondrement et câbles
L'organisation de secours exhorte encore les habitants à ne pas se rendre dans leurs villages d'origine « avant un communiqué officiel des autorités compétentes confirmant un cessez-le-feu complet ». Si le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a salué le cessez-le-feu mardi soir, aucune communication officielle n'a encore été faite pour le confirmer du côté libanais.
La Défense civile appelle en outre à la prudence en ce qui concerne les bâtiments endommagés, à mettre des masques pour « réduire l’inhalation de fumées et de poussières dégagées », s'éloigner des réseaux et câbles électriques endommagés et « ne pas entrer dans les forêts, vergers ou les zones autour des villages sans en informer les autorités ». Elle invite enfin les déplacés à s'assurer d'emporter avec eux suffisamment de nourriture, de boissons, de médicaments et de lait infantile.
De son côté, l'Association libanaise des propriétés (ALP) a publié un communiqué mettant en garde contre « les explosifs, armes, bombes à sous-munitions, jouets piégés et objets suspects laissés dans les quartiers et maisons encore debout, qui représentent un grave danger pour les citoyens, notamment les enfants. »
L'ALP regrette qu'un déblaiement des zones bombardées n'ait pas eu lieu en amont des retours des déplacés « pour éviter des tragédies » et appelle à faire preuve de « vigilance ».