
Le député du Hezbollah Mohammad Raad prononçant un discours à Adchit (Liban-Sud). Photo ANI
Dans une tribune publiée ce mardi matin dans le journal al-Akhbar, Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire « Loyauté et Résistance » affilié au Hezbollah, a réaffirmé l'ouverture de son parti au dialogue sur les questions de souveraineté et d'indépendance nationale du Liban alors qu'un accord de cessez-le-feu imminent est évoqué avec insistance dans les cercles diplomatiques depuis lundi, en attendant l'approbation du gouvernement israélien.
Le député de Nabatiyé a ainsi souligné que « la Résistance islamique n'est pas, et n'a jamais été, enfermée dans ses convictions ou réticente à discuter de l'autre opinion, en particulier en ce qui concerne la souveraineté, l'indépendance et le destin national ».
Il a donc appelé de ses vœux la tenue de discussions devant être « guidées par une vision stratégique à long terme, au-delà des intérêts immédiats » avec les autres forces politiques libanaises. Un dialogue que Mohammad Raad assure vouloir mener « en toute humilité, confiance et fierté, et en ayant une expérience amère dans la confrontation avec l'ennemi sioniste et sa doctrine de combat et les principes sur lesquels ses positions et ses projets sont basés ».
« Menace permanente »
Face à un voisin israélien qu'il décrit comme un « ennemi existentiel » et dépositaire d'un « projet expansionniste » et « d'ambitions idéologiques » au Liban faisant peser une « menace permanente sur notre sécurité, notre stabilité et notre souveraineté nationale ». « Ce qui est compatible aujourd'hui avec notre intérêt national actuel peut entrer en conflit avec cet intérêt après un certain temps, qu'il soit petit ou grand, si certaines situations stratégiques changent ou si certains rapports de force évoluent en faveur de notre ennemi », a-t-il poursuivi.
Et d'ajouter : « Conformément à ces deux règles [...], la Résistance islamique est ouverte à toute formule ou proposition qui assure ou réalise un niveau minimum de respect de ces conditions. Sinon, la stabilité et la souveraineté du Liban seront soumises aux fluctuations des intérêts ou des humeurs de l'ennemi sioniste, en fonction de la croissance de ses capacités ou de l'efficacité de ses alliances ».
Le chef de file du groupe parlementaire du parti chiite a par la suite appelé de ses vœux une application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qu'il qualifie de « modèle de respect des principes juridiques minimaux et de l'intérêt stratégique national du Liban », en insistant sur les violations répétées de cette même résolution par l'État hébreu entre 2006 et 2023, estimées à plus de 30 000 d'après les observations de la Finul et de l'armée libanaise.
« Les violations hostiles, continues, persistantes et silencieuses, sans que les auteurs de la résolution ne prennent aucune mesure contre l'entité sioniste pour faire pression sur elle afin qu'elle y mette fin sans escalader vers une guerre », a-t-il poursuivi avant de justifier les interventions unilatérales du Hezbollah en Syrie à partir de 2012 puis l'ouverture du « front de soutien » avec son allié du Hamas au lendemain du déclenchement de l'opération « déluge d'al-Aqsa ».
« Peuple, Armée, Résistance » ouverte au dialogue ?
« C'est ce qui s'est passé au Liban depuis 2006 jusqu'au 7 octobre 2023, lorsque les circonstances de l'ennemi et celles des pays voisins ont changé, imposant une action de soutien et d’appui à Gaza. Cela repose sur la compréhension qu’a la Résistance islamique du projet de l'ennemi sioniste et des dangers qu’il représente pour Gaza et au-delà », a-t-il poursuivi.
Évoquant ses doutes quant à la fiabilité d'Israël dans le respect des dispositions découlant de la résolution 1701, il a réaffirmé que la meilleure garantie face à cette incertitude « réside dans l'équation même qui a contraint l'ennemi à nouveau à cesser son agression, à renoncer à soumettre la volonté des Libanais et à violer la souveraineté de leur pays : Peuple, Armée et Résistance ».
Et de conclure : « Si certains continuent de débattre de l'origine de cette équation, de son activation, ou proposent une alternative, alors seul un dialogue national souverain représente une solution réaliste et efficace pour trancher cette question et garantir le renforcement du consensus national libanais. »
«La Résistance n'est pas fermée à la discussion sur la souveraineté nationale». Raad accepte de mettre sur la table la question de la "souveraineté nationale". Il admet ainsi implicitement que sa formation l’avait accaparée. On reconnaît là une attitude classique: "Ce qui est à nous est à nous. Ce qui est à voue peut faire l’objet de négociations". Mais, quoi qu’il en dise, il s’agit tout de même d’une première et l’occasion est à saisir. Ceci dit, il faut remarquer qu’il s’emmêle un peu les pinceaux quand il tente de justifier la décision de guerre.
08 h 13, le 27 novembre 2024