Un homme se tenant sur les décombres d'un bâtiment détruit par une frappe israélienne dans la banlieue-sud de Beyrouth. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Des propos de la députée Ghada Ayoub, membre des Forces libanaises, au cours d'une émission diffusée jeudi soir sur la chaîne al-Jadeed, ont suscité une véritable polémique en ligne en fin de semaine. Dans un entretien avec la journaliste Samar Abou Khalil, la parlementaire a qualifié de « justice divine » les frappes israéliennes et coups portés depuis plus de deux mois contre le Hezbollah, provoquant autant d'éloges que de critiques auprès des internautes.
Au cours de l’entretien, la journaliste a interrogé Mme Ayoub sur la question de savoir si les FL avaient bien remis toutes leurs armes à l’État libanais, conformément à l’accord de Taëf, qui impose le désarmement de tous les partis et milices au Liban, accusant la formation dirigée par Samir Geagea d'avoir « utilisé les armes lors des affrontements de Tayouné », le 14 octobre 2021. Ces affrontements avaient opposé des sympathisants présumés des FL, positionnés dans le quartier voisin de Aïn el-Remmané, à des miliciens du Hezbollah et d’Amal qui étaient entrés dans le quartier, alors qu'ils se dirigeaient vers le Palais de Justice de Beyrouth pour y manifester contre le juge Tarek Bitar. Ce dernier est en charge de l'affaire de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Les affrontements avaient fait sept morts — six partisans du tandem chiite et une habitante — ainsi que des dizaines de blessés et des dégâts matériels importants. Quinze habitants de Aïn el-Remmané avaient ensuite été arrêtés sur ordre du tribunal militaire. Ce dernier avait également convoqué Samir Geagea, chef des FL, pour interrogatoire, mais il avait refusé de comparaître, accusant le juge de servir les intérêts du Hezbollah. Les détenus avaient ensuite été progressivement libérés.
Alors que Samar Abou Khalil affirmait que les armes des FL avaient été « remises à Israël, à l'armée libanaise et vendues » à d'autres pays, Mme Ayoub a acquiescé, avant de s'emporter sur la question de Tayouné.
Le Hezbollah a « bloqué la justice »
Élevant la voix, elle a affirmé qu’après avoir « bloqué la justice pour les victimes de l’explosion du 4 août, [le Hezbollah] a reçu sa justice divine », en allusion à la guerre en cours entre le le parti chiite et Israël, qui a fait jusque-là plus de 3 500 morts et déplacé des centaines de milliers de personnes.
Cette déclaration a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, certains saluant le « courage » de la députés et ses critiques à l'encontre du Hezbollah, tandis que ses détracteurs l'ont accusée de « politiser » la souffrance des civils pris à partie dans le conflit et flétrissant de telles prises de position en pleine guerre.
Des commentaires « automatisés »
Le nom de Ghada Ayoub s'est donc retrouvé en tête des « tendances » sur le réseau X, mais il convient de relever que la majorité des plus de 2 000 tweets commentant ses propos, provenant autant de ses soutiens que de ses critiques, semblaient provenir de « bots », des applications logicielles effectuant des tâches automatisées sur Internet imitant des activités humaines.
Parmi les commentaires identifiés par notre publication comme provenant d'utilisateurs réels du réseau social, Lara Kay a notamment écrit : « Tout mon soutien à Ghada Ayoub, la vérité fait mal aux lâches. »
Nancy Lakkis a écrit : « Vous êtes vraiment contrariés parce que Ghada Ayoub a parlé de justice divine ? N'êtes-vous pas les mêmes qui vous êtes réjouis du sort de May Chidiac ? Ceux qui se sont moqués — et continuent de se moquer — de Bachir Gemayel ? N'êtes-vous pas les mêmes qui ont justifié les crimes de Bachar el-Assad contre les Syriens et ont fermé les yeux sur l'assassinat de Lokman Slim ? », en référence à plusieurs figures de l'opposition à l'axe pro-iranien au Liban. May Chidiac est une journaliste et femme politique qui a survécu à un attentat à la voiture piégée en 2005. Bachir Gemayel venait, lui, d'être élu président lorsqu'il a été tué dans un attentat en septembre 1982. Lokman Slim était pour sa part un intellectuel, fervent opposant du Hezbollah, qui a été assassiné au Liban-Sud en 2021.Full support to Ghada Ayoub ,
— Lara kay 🇬 (@larakay111) November 21, 2024
الحقيقة بتوجع الجبناء #غاده_ايوب
Parmi les détracteurs de Ghada Ayoub, une certaine « Roletta » a écrit sur X que « l'existence de la résistance est une justice divine pour préserver les frontières du Liban dans toutes les directions. »هل أنتم فعلاً مستاؤون لأن غادة أيوب قالت "عدالة السماء"؟ أليس أنتم من شمت بمى شدياق؟ ومن شمت وما زال يشمت ببشير الجميل؟ أليس أنتم من برّر جرائم بشار الأسد بحق السوريين؟ وأغمض العين عن اغتيال لقمان سليم؟
— Nancy NESSRINE Lakiss🇱🇧 نانسي اللقيس 🇱🇧 (@lakiss_nancy) November 21, 2024
أنتم جماعة "الرحمة" و"الإنسانية"، والشفقة على الحيوان قبل الإنسان، أليس… pic.twitter.com/oCun4sTjyp
Un autre, identifié comme étant Mazen Saadé, a écrit : « La députée des Forces libanaises, Ghada Ayoub, est une parfaite illustration de la mentalité malade de l'extrême droite chrétienne au Liban, et bien sûr je ne généralise pas à tous les chrétiens, mais uniquement à l'extrême droite. ».
نائبة القوات اللبنانية #غادة_ايوب شيء يمثل خير تمثيل العقلية المريضة لليمين المسيحي المتطرف في #لبنان، وطبعاً هون ما عم عمم على جميع المسيحيين، بل باليمين المتطرف حصراً.
— Mazen Saadeh | مازن سعادة (@MazenSaade) November 21, 2024
عقلية مثيرة للشفقة اقتلعت من جثة المارونية السياسية العفنة، وما ادراك كيف اصبحت جثة. pic.twitter.com/ekk9uBUKbY
Inchallah Le karma et la justice régneront maintenant au Liban, tous ce qui de près ou de loin on eu une les mains tachés du sang des innocents paieront le prix. Une question à qui le tour ?
20 h 17, le 23 novembre 2024