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Culture - Disparition

Vladimir Shklyarov, l’étoile fauchée du Mariinsky

Le danseur principal russe du prestigieux théâtre de Saint-Pétersbourg s’est éteint tragiquement à 39 ans.

Vladimir Shklyarov, l’étoile fauchée du Mariinsky

Vladimir Shklyarov, figure emblématique de la scène internationale de la danse disparue tragiquement le 16 novembre 2024. Photo Instagram

Le monde du ballet est en deuil après la disparition soudaine de Vladimir Shklyarov,  figure emblématique de la scène internationale. Le danseur principal du théâtre Mariinsky est décédé le 16 novembre, à Saint-Pétersbourg, à la suite d’une chute de son balcon au cinquième étage. Cet accident survenu alors qu’il se préparait à une opération chirurgicale soulève des interrogations, mais surtout une immense tristesse parmi ses collègues et admirateurs.

Né en 1985 à Saint-Pétersbourg, Vladimir Shklyarov étudie le ballet à la prestigieuse académie du ballet russe Agrippina Vaganova, école-matrice qui enfante, depuis le XIXe siècle, une interminable liste de grands noms du ballet, allant de Roudolf Noureev et Mikhaïl Baryshnikov à Nikolaï Tsiskaridze, et de Galina Ulanova à Svetlana Zakharova et Ulyana Lopatkina. Il en sort diplômé en 2003 pour rejoindre le théâtre Mariinsky l’année-même. L’institution de Saint-Pétersbourg qui vient de lancer sa 242e saison, partage, avec le Bolchoï de Moscou, l’Opéra de Paris, le Royal ballet de Londres et l’American Ballet Theatre, le prestige, l’excellence et le long héritage de ce qu’est une maison d’opéra.

Shklyarov en est nommé danseur principal en 2011 – partageant ce titre avec quatre autres danseurs uniquement. Invité sur des scènes prestigieuses comme le Royal ballet de Londres et l’American Ballet Theatre, il s’impose comme une figure de renommée mondiale.

Doté d’une technique irréprochable, Shklyarov transcendait les attentes. Photos Instagram

Distinctions et tournées internationales

Shklyarov a reçu plusieurs prix prestigieux, notamment le titre d’Artiste honoraire de Russie en 2020.

Applaudi sur les scènes internationales, de Londres à Tokyo en passant par New York, Shklyarov se démarquait par son approche humble et collégiale. « Sur scène, nous sommes tous égaux », affirmait-il, s’attirant le respect autant des danseurs que des spectateurs. Ce père dévoué de deux enfants partageait sa vie avec Maria Shirinkina, elle-même première soliste au Mariinsky.

Doté d’une technique irréprochable, Shklyarov transcendait les attentes. Pour les critiques, il n’était pas seulement un danseur accompli, mais un interprète capable de faire vibrer le public par sa passion et son intelligence artistique.

Ce qui distingue les grands danseurs dont Shklyarov faisait partie c’est le pouvoir de jouer le rôle : en Russie, les danseurs diplômés des grandes institutions de danse telle l’Académie Vaganova de Saint-Pétersbourg ou l’Académie de chorégraphie de Moscou ont « facilement » la technique. En d’autres termes, le public balletomane s’attend à une technique surdéveloppée, à un corps athlétique mais gracieux, et à une pureté des lignes géométriques exécutées par les bras, les jambes, le dos et le cou. Que fait distinguer alors le premier danseur d’un danseur de coryphée, ou d’un premier et second soliste ? La fugacité du talent, la flamme dans les nerfs et dans le regard, le jeu théâtral, et le fait de convaincre et de faire ressentir l’émotion esthétique au spectateur. Shklyarov réunissait tous ces éléments, faisant de lui un danseur accompli. En effet, il était, selon The Financial Times, « un homme ardent, ambitieux, académiquement pur, élégant. C'est un homme au sang bleu, et il nous montre une jeunesse passionnée et vivante ».

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Mais il était aussi un danseur total : il réussissait à interpréter tout personnage (en l’occurrence, le héros) et tout ballet, aux dépens de la diversité du genre, du style, ou des difficultés psychologiques que peuvent imposer certains rôles. Non seulement il jouissait donc de la technique, mais aussi de la profondeur et de l’intelligence qui lui permettaient d’interpréter la danse/le rôle, au lieu de simplement l’exécuter/le représenter.

« Vladimir Shklyarov semble être un enfant gâté par le destin. La silhouette harmonieuse, la belle image sur scène, le charme de l’interprète et la subtilité de la signature dansante… Chez Shklyarov, la danse ne porte pas le poids du travail : même lorsque la fatigue physique de l’interprète devient évidente, sa danse garde son souffle aérien. » C’est ainsi que Ballet Magazine décrit le danseur principal du Mariinsky dont le talent et la technique lui ont permis d’interpréter les grands ballets du XIXe siècle (La Belle au bois dormant, Le Lac des cygnes, Casse-noisette, Giselle, La Bayadère, Le Corsaire, etc.), du XXe siècle (Roméo et Juliette, Don Quichotte, Le Cavalier de bronze, Le Jeune homme et la mort), et encore des ballets contemporains tel Le Parc.

Un départ entouré de mystère

Si certains évoquent un accident malheureux lié à la prise de médicaments, d’autres spéculent sur une possible détresse personnelle. Des rumeurs sur un divorce récent ou des tensions politiques liées à son opposition affichée à la guerre en Ukraine alimentent les débats. Toutefois, ses proches appellent à se souvenir de l’homme derrière l’artiste, saluant son génie, sa gentillesse et sa contribution inégalée au ballet.

Le décès de Shklyarov laisse un vide immense au Mariinsky et dans le cœur des balletomanes du monde entier. Son nom restera gravé parmi les grands de la danse et le public, en deuil, lui adresse un dernier salut, murmurant selon la tradition russe : Svetla pamyat – que sa mémoire soit lumineuse.

Le monde du ballet est en deuil après la disparition soudaine de Vladimir Shklyarov,  figure emblématique de la scène internationale. Le danseur principal du théâtre Mariinsky est décédé le 16 novembre, à Saint-Pétersbourg, à la suite d’une chute de son balcon au cinquième étage. Cet accident survenu alors qu’il se préparait à une opération chirurgicale soulève des interrogations, mais surtout une immense tristesse parmi ses collègues et admirateurs.Né en 1985 à Saint-Pétersbourg, Vladimir Shklyarov étudie le ballet à la prestigieuse académie du ballet russe Agrippina Vaganova, école-matrice qui enfante, depuis le XIXe siècle, une interminable liste de grands noms du ballet, allant de Roudolf Noureev et Mikhaïl Baryshnikov à Nikolaï Tsiskaridze, et de Galina Ulanova à Svetlana Zakharova et Ulyana...
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