L'Autorité anti-corruption en Irak a dévoilé lundi une enquête visant un haut conseiller du Premier ministre, pour un "enregistrement audio imputé" à ce responsable durant une conversation où il évoque un pot-de-vin présumé jugé insuffisant.
Le conseiller incriminé, Abdel Karim al-Fayçal, a démenti les accusations et fustigé vendredi sur Facebook un "clip audio fabriqué".
Dans l'enregistrement relayé par des médias irakiens, un homme présenté comme étant M. Fayçal blâme au cours d'une conversation téléphonique son interlocuteur pour un pot-de-vin de "seulement un million de dollars".
Sur "instruction" du Premier ministre Mohammad Chia al-Soudani, l'Autorité anti-corruption, "en coordination avec un juge pénal chargé des dossiers anti-corruption, a ouvert une enquête sur un enregistrement audio attribué au chef de la Commission des conseillers au Bureau du Premier ministre", selon un communiqué publié lundi.
Dans l'enregistrement que l'AFP n'a pas pu authentifier, le responsable réclame ce pot-de-vin pour présenter un projet spécifique au chef du gouvernement et le défendre auprès de lui comme une opportunité d'investissement.
La corruption est endémique en Irak, pays riche en pétrole. Mais les condamnations concernent souvent des fonctionnaires des échelons intermédiaires ou de simples exécutants, rarement les sommets du pouvoir ou les barons de la politique.
Le Premier ministre travaille entouré par une armée de conseillers, chargés de dossiers allant des investissements économiques aux questions tribales, en passant par la politique étrangère et les affaires sécuritaires.
Dans un pays où l'appareil étatique est ralenti par la bureaucratie, ces conseillers sont aussi chargés parfois de garantir que les méga-projets défendus par le gouvernement aboutissent sans anicroches.
Ces dernières semaines, plusieurs fuites et enregistrements présumés sont venus secouer la scène politique locale.
Fin octobre, le chef de l'Autorité des impôts, Ali Alaoui, a été suspendu de ses fonctions pendant 60 jours après une enquête ouverte sur la base d'une "fuite" et d'un enregistrement "audio attribué" à ce responsable, accusé d'avoir accordé des réductions mirobolantes de taxes.
Sous anonymat, une source à l'Autorité anti-corruption a indiqué à l'AFP qu'il avait été placé en détention.
De même, l'ancien chef de l'Autorité anti-corruption a été limogé --même s'il a obtenu un poste de "conseiller" au ministère de la Justice. En septembre, la justice a ouvert une enquête pour des "pots-de-vin" présumés, après des "enregistrements audios".
L'Irak suit toujours les répercussions du "vol du siècle", une affaire médiatisée à l'automne 2022 concernant 2,5 milliards de dollars subtilisés au fisc. Fin août, la justice a émis deux mandats d'arrêt à l'encontre d'un homme d'affaires considéré comme l'accusé principal dans ce procès et un ancien responsable gouvernemental.
ak-tgg/hme
© Agence France-Presse
Le conseiller incriminé, Abdel Karim al-Fayçal, a démenti les accusations et fustigé vendredi sur...
Les plus commentés
Le domino régional ne s’arrêtera pas en Syrie
Poursuites engagées au Liban contre le cheikh Mohammad Ali el-Husseini
Timing, causes, enjeux : comment l’offensive rebelle a bouleversé la donne en Syrie