Le BLOM Bond Index (BBI), à travers lequel BlomInvest suit l’évolution des cours des eurobonds libanais, les obligations d’État émises en dollars du pays du Cèdre, a légèrement reculé cette semaine (-0,4 %), dans le sillage de l’élection mardi dernier de Donald Trump à la présidence des États-Unis. La valeur de l’indice est de 6,97 points. BlomInvest explique la baisse constatée cette semaine par le fait que « certains analystes craignent que l'accession de Donald Trump à la présidence des États-Unis n'intensifie encore la guerre au Liban ».
Selon Marwan Barakat, directeur du département économique de Bank Audi, le cours moyen des eurobonds sur le marché secondaire a clôturé la journée de vendredi à 8,25 cents pour un dollar, un niveau inférieur aux 8,75 cents qu’il affichait courant octobre mais bien supérieur à la fourchette allant de 6 à 7 cents dans laquelle il a longtemps évolué depuis que l’État a fait défaut sur leur remboursement en mars 2020, quelques mois après le début de la crise fin 2019. La valeur nominale des eurobonds totalise plus de 30 milliards de dollars de titres, qui ont subi une décote de plus de 90 % et qui s’échangent donc uniquement entre détenteurs, sur le marché secondaire.
Le Liban, qui subit actuellement les effets dévastateurs de la guerre que se livrent Israël et le Hezbollah, n’a toujours pas entamé le processus de restructuration de sa dette avec ses créanciers. Ces derniers se partagent entre des banques libanaises virtuellement en faillite et des investisseurs étrangers, dont des grandes banques internationales. La prescription des intérêts dus sur les titres qui arrivaient à échéance au moment du défaut est de cinq ans.
Hochstein attendu à Beyrouth
La remontée des prix des eurobonds en octobre avait été poussée par les prises de positions positives de certains investisseurs qui ont parié sur un changement positif après les premiers coups sévères infligés par Israël au Hezbollah dès fin septembre, dont l’assassinat de son secrétaire général Hassan Nasrallah dans une frappe sur la banlieue-sud de Beyrouth.
Dans son analyse de l’évolution de l’indice, la filiale de BLOM Bank constate que s’il n’a pas déclenché de nouvelle guerre lors de son précédent mandat qui a échu début 2021, le candidat républicain « a intensifié les conflits existants dans des pays comme l'Afghanistan et le Yémen ». Soulignant que dans son discours de victoire, M. Trump a promis de « mettre fin aux guerres », la banque souligne cependant que celle du Liban a commencé sous le mandat de Joe Biden, lequel ne viendra à échéance que début janvier, ce qui laisse planer le doute sur la possibilité d’une fin rapide des hostilités.
Selon les informations de notre journal, Amos Hochstein, l’émissaire du président Biden, est attendu à Beyrouth la semaine prochaine pour tenter de relancer le processus de négociations pour parvenir à un cessez-le-feu, à un moment où Israël semble préparé à élargir son offensive au Liban-Sud et dans la Békaa.
L'administration US sortante a intensifié vendredi ses efforts diplomatiques pour parvenir à des accords mettant fin aux conflits d'Israël à Gaza et au Liban, le secrétaire d'État Antony Blinken s'entretenant avec ses homologues des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite.