Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Mode

Tendance : et Dieu créa (aussi) la ballerine

Conçue pour le ballet, évidemment, la délicate chaussure plate, toute féminine, toute pleine de la promesse d’une danse impromptue, en pleine rue si l’envie vous en prend, la ballerine donc revient en force cette saison. C’est l’alternative gracieuse de la basket, la « flat » qui se sent bien partout, pour conduire ou faire les courses, avec un tutu ou une robe de soirée.

Tendance : et Dieu créa (aussi) la ballerine

Ballerines Punk de Dior inspiration écossaise, collection croisière 2025. Photo Brigitte Niedermair/Dior

Longtemps confinées dans les coulisses des opéras, les ballerines étaient ces outils précieux que les danseurs et danseuses passaient leur temps à réparer, comme les pêcheurs leurs filets. Quand le Metropolitan Opera House de New York vit le jour à la fin du XIXe siècle, financé par les grandes familles industrielles de la ville, s’installa à proximité un cordonnier italien dont le nom deviendra célèbre : Salvatore Capezio. Capezio se spécialise dans la réparation des fameuses ballerines et puis, las de s’échiner sur ces chaussons dont il déplore la qualité, se met à les confectionner lui-même, les perfectionnant sous le contrôle de la danseuse étoile des Ballets russes Anna Pavlova. Il faut attendre ensuite l’arrivée de la créatrice de mode américaine Claire McCardell, une visionnaire, qui fut la première à adapter la conception du vêtement à la production de masse et à laquelle est attribuée l’invention du prêt-à-porter américain. L’identité vestimentaire qu’elle affine est inspirée de l’art de vivre new-yorkais, décontracté et sportif. Une mode de « l’être » plutôt que du « paraître » et qui, sous l’influence d’un certain puritanisme qui diabolise les hauts talons, va chercher dans les vestiaires du ballet « la » chaussure la plus convenable pour l’accompagner dans le monde.

Nous sommes au milieu de la décennie 1940, et Claire McCardell va demander à Capezio de créer une ligne de ballerines qui sauraient aussi marcher et galber le pied, semelles adaptées, féminines sans provocation.

Ballerine de ville Repetto 2025. Photo tirée du compte instagram @repettoparis

Une poignée d’années plus tard sort sur les écrans le grand succès de Vadim : Et Dieu créa la femme. Brigitte Bardot y campe une Juliette torride sur les plages de Saint-Tropez. Habillée par Pierre Balmain en shorts, marinières, carreaux vichy, robes courtes, chemisettes nouées et corsaires, elle affiche une version parisienne de la mode McCardell qui fait rage dans les Hamptons. Naturellement, la ballerine est omniprésente dans la panoplie de cette sensuelle ingénue. Mais pas n’importe quelle ballerine ! En 1947, une autre Italienne, cette fois à Paris, s’est elle aussi mise à créer des ballerines pour une autre étoile de la danse classique : son propre fils, Roland Petit. Elle s’appelle Rose Repetto et son modèle Cendrillon n’a rien à envier aux chaussons de ville de Capezio. C’est ainsi que depuis près de 80 ans, la ballerine, évadée des cours de danse, libérée des exercices à la barre, plus souvent hissée sur des talons que sur les pointes, fait ses entrechats selon ses caprices.


A lire aussi

Tendance : et si le marron était – littéralement – le nouveau noir ?

Elle n’échappe pas non plus aux critiques. En apparence trop basique, on lui reproche son manque d’imagination. Trop plate, elle tasserait la silhouette. Trop fonctionnelle, elle serait dépourvue de séduction. Mais qui n’en possède pas au moins une paire ? Satinée comme le modèle matriciel, et même avec ce bout carré pour les pointes dont rêvent les petits-rats, à brides en babies ou en Salomé, punk à grosses boucles d’acier chez Dior ou à clous chez Miu-Miu, à rubans croisés sur la jambe chez Alexa Chung, elle est là, elle y reste, elle est incontournable.

Longtemps confinées dans les coulisses des opéras, les ballerines étaient ces outils précieux que les danseurs et danseuses passaient leur temps à réparer, comme les pêcheurs leurs filets. Quand le Metropolitan Opera House de New York vit le jour à la fin du XIXe siècle, financé par les grandes familles industrielles de la ville, s’installa à proximité un cordonnier italien dont le...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut